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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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celle-là !
    Au nom de Jean Nib, un silence inquiet se fit
parmi la bande. C’était là le nom d’un chef redoutable ; il
n’était pas un de ces bandits qui ne tremblât à l’idée de l’avoir
pour ennemi. D’ailleurs, leur admiration pour Biribi, qui ne
craignait pas de jeter tout haut un défi à un tel adversaire, s’en
accrut encore… »
    Ah ! ça ! fit l’un des escarpes,
c’est donc lui qui t’a suriné ?
    – Oui, dit Biribi d’une voix sombre. Ça
s’est passé à la Pointe-aux-Lilas. Juste au moment où j’allais
régler son compte à Rose-de-Corail, il est tombé sur moi. Je n’y ai
vu que du feu. Le temps de dire ouf, j’avais son lingue dans les
côtes. Mais ça, c’est une affaire entre lui et moi, que je
dis ! Jean Nib était dans son droit, comme je serai dans le
mien quand je le sonnerai… Seulement, il y a une chose que je
voudrais bien savoir : quel est celui d’entre vous qui a mis
Jean Nib à mes trousses et mangé le morceau ?… Personne ne dit
rien ?… Une, deux, trois, adjugé à Zidore !
    L’homme ainsi interpellé tourna vers Biribi
des yeux agrandis par la peur et montra un visage couleur de
cendre, aux traits tirés comme par une longue maladie, au nez
pincé, un rire de folie aux lèvres convulsées. Pourtant, le patron
du cabaret essaya une vague défense, tenta une diversion, et, d’une
voix chevrotante, bégaya :
    – Allons, les enfants, faut renouveler
les consommes… Coco, sers donc, remue-toi, fainéant !
    – Arrive ici ! dit Biribi avec son
effroyable tranquillité.
    Zidore jeta un suprême regard sur la porte de
la route ; puis, ce regard atone de condamné, il le ramena à
la porte du terrain vague, comme s’il eût espéré quelque
miraculeuse intervention.
    – Faudra-t-il que je vienne te
chercher ? hurla Biribi.
    Un silence terrible pesa sur l’assemblée des
escarpes. Zidore s’avança en titubant et se laissa tomber sur un
banc en face du monstrueux bandit.
    Biribi saisit le manche de son couteau planté
devant lui, dans le bois de la table. Le poing appuyé ainsi
au-dessus de la lame d’acier, il se dressa, et, d’une voix rapide,
rauque, haletante de fureur, prononça :
    – Escarpes, grinches, amis de la grande
pègre, nous allons juger cet homme…
    Les lèvres de Zidore tremblotaient. Peut-être
voulait-il parler et n’y arrivait-il pas. Les lèvres de Biribi se
retroussaient dans un ricanement féroce.
    – Comme ça, dit l’accusateur, tu te
figures que nous avons choisi ta sale baraque à seule fin que tu te
déguises en mouche ? Réponds un peu, sacré pestard ? Et
tu sais, faut pas nous la faire à la chiâlerie. Si t’as quelque
chose à dégoiser, à toi le crachoir !…
    – J’ai pas mouchardé, balbutia Zidore.
Voyons, mon vieux, tu voudrais pas que j’aie fait de la peine à un
copain. T’as toujours été un aminche, un frangin. Quand la rousse
te refile, n’est-ce pas chez Zidore que tu trouves un perchoir pour
la dépister ? Voyons, parle !
    – Ça, y a pas à dire le contraire. Tu
m’as fait l’œil, et tu m’as plus d’une fois tiré des griffes de la
rousse. Mais c’est pas de ça qu’il s’agit. Je mettrais ma tête à
couper que si tu m’as jamais vendu, c’est pas l’envie qui t’en
manquait. T’avais l’taf, voilà tout. Mais basta la-dessus. On te
demande, oui ou non, si tu n’as pas
indiqué
à Jean Nib
qu’on avait empaumé sa gonzesse pour y régler son compte à la
Pointe-aux-Lilas. Dégoise !
    – J’y ai rien dit ! cria Zidore en
levant la main. Quand je devrais le gueuler sous le couteau, j’y ai
rien dit !
    Et le malheureux se prit à pleurer à chaudes
larmes.
    – Dégoise, Coco ! dit Biribi avec sa
tranquillité sinistre.
    Blême, effaré, tremblant, le garçon,
recroquevillé sur lui-même, la tête basse, les jambes sous le banc,
murmura :
    – Vous y avez dit, patron. J’ai tout
entendu…
    – Tu mens ! hurla Zidore dont les
cheveux se hérissaient. Tu mens comme un sale roussin. J’y ai rien
dit ! La tête sous le couteau, vrai de vrai, j’y ai rien
dit ! j’y ai rien dit !…
    Biribi se tourna vers deux escarpes placés à
gauche de Zidore.
    – Dévidez ! fit-il. À toi, la
Tête-de-Veau.
    Zidore se mit à trembler et essuya son front
couvert de sueur froide : ces deux bandits étaient dans le
cabaret le soir où Jean Nib y était venu, à la recherche de
Rose-de-Corail.
    – Tu y as si bien dit, affirma
Tête-de-Veau, tu

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