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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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redoutable dans la vie parisienne.
Vous en avez fait quelque chose de ridicule. Je ne veux pas être
ridicule. Je vais être obligé de me créer une identité nouvelle, un
nom nouveau, de devenir un personnage nouveau, afin que personne ne
puisse sourire quand je passe. Vous comprenez que vous avez fait
quelque chose d’irrémédiable, n’est-ce pas ? Je vous laisse le
nom et le titre de baronne d’Anguerrand. Il vous est loisible d’en
faire ce que vous voudrez ; cela ne me regarde plus. Adeline,
Adeline. Si je vous entraînais avec moi dans ma personnalité
nouvelle, vous ne seriez sans doute pas capable de garantir cette
personnalité contre les atteintes du ridicule. Ridicule ?
Moi ? Allons donc ! J’ai cru que vous étiez une femme
exceptionnelle, capable de monter plus haut que le crime. Vous êtes
simplement une femme nerveuse. Vous en êtes encore à l’adultère, et
je ne me sens pas le courage d’entreprendre votre éducation. Nous
nous séparons donc, notre association se trouvant dissoute. Je vous
quitte sans joie et sans chagrin. Adieu, Adeline…
    Il avait parlé vraiment sans joie et sans
chagrin, sans mépris, sans colère.
    Une association dissoute, voilà tout.
    Adeline le vit qui s’en allait
paisiblement.
    Et lorsqu’elle eut entendu se refermer
lourdement la porte de la rue, elle tomba à la renverse, de tout
son long, sans une plainte, sans un soupir…

Chapitre 44 DEUX GAMINS JOUAIENT…
    Gérard, en sortant du pavillon, se dirigea
vers la rue Letort. Il y avait sur son visage, dans son allure et
ses attitudes une indomptable résolution. Coûte que coûte, il
atteindrait le baron d’Anguerrand – et aussi Jean Nib. La Veuve
seule pouvait le mettre sur la piste… Quant à Adeline, il la
retranchait de sa pensée, comme il venait de la retrancher de sa
vie. Gérard n’était pas l’homme des songeries inutiles.
    Lorsqu’il arriva, Mme Bamboche
s’apprêtait à fermer la porte. Aux questions de Gérard, elle
répondit simplement que La Veuve était à la campagne, sans qu’on
pût savoir au juste de quel côté se trouvait cette campagne.
    Gérard se retira, pâle de rage, assommé par
cette réponse.
    La disparition de La Veuve était pour lui une
émotion autrement redoutable que la lettre de Robert de Perles.
Toute sa résolution tomba. Que faire, maintenant ? Où
aller ? Par quel bout de Paris commencer sa
recherche ?…
    Avec La Veuve, il tenait le fil conducteur.
Une fatalité stupide lui arrachait ce fil…
    – Si j’allais au Champ-Marie ?
songea-t-il. Peut-être, oui… ou bien aux Croque-Morts ? Qui
sait ?… Voyons ! Il faut dès cette nuit, dès cet instant,
que je me décide… que je trouve un indice… n’importe
quoi !
    – J’te dis que si tu t’dépêches,
t’arriveras à temps chez l’épicemar…
    – C’est toujours mon tour !
Vas-y ! Tu m’envoyes toujours et tu te roules les
pouces !
    C’étaient deux voix de gavroches arrêtés à
quelques pas de Gérard. Ils discutaient aigrement.
    – De quoi ! reprit l’un d’eux, tu
fais d’la rebiffe ? La Merluche, on t’a changé !
    – J’y vais !…
    Zizi s’effaça le long du mur à quelques pas de
Gérard. Quelques minutes se passèrent. Là-bas, l’étalage était
rentré : les garçons mettaient les volets. La Merluche
revint.
    – Quoi qu’t’as ?
    – Une boîte de massepains, dit La
Merluche.
    –  C’est pas bezef, gronda
Zizi.
    –  Dame ! on fermait,
mon vieux. Y avait plus qu’ça et de la jujube à l’étalage.
    – Enfin, ça vaut mieux que peau de balle
et balai d’crin. Soupons !…
    Les deux voyous s’assirent tranquillement sur
la bordure du trottoir, la boîte de massepains entre eux deux.
Chacun à son tour plongeait la main dans la boîte. Seulement, quand
c’était le tour de La Merluche, il en sortait l’un des petits
gâteaux. Quand c’était le tour de Zizi, la boîte était soulagée de
deux massepains dont il mangeait l’un et escamotait l’autre dans
ses poches.
    – C’est épatant, observa La Merluche,
j’aurais cru qu’il y en avait davantage.
    – Tu bouffes tout, pardi ! Tu fais
le goinfre. Laisse-moi le fond, au moins ! Y en a plus qu’sept
ou huit. Écoute, Merluchon, si tu veux m’laisser le fond, j’te
dirai mon grand truc pour estamper La Veuve…
    Gérard tressaillit. Il eut un mouvement comme
pour s’avancer, mais il se retint et s’immobilisa dans son
encoignure.
    – Sûr ? demandait La Merluche,

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