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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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compte de gentilshommes brillants…
et qu’aucune séduction n’a eu prise sur toi…, oui, je le
sais !…
    – Gérard, tu m’enivres, tu
m’exaltes ! Serait-il possible qu’enfin je t’aie
vaincu !… dis ! oh ! dis, mon bien-aimé, est-ce que
la joie suprême de ton baiser m’est enfin réservée !…
    Souple, ardente, vraiment belle de sa passion
comme quelque beau marbre impudique de Canova qui s’animerait sous
le souffle embrasé de l’amour, elle l’enlaçait, ses lèvres
cherchaient ses lèvres… Gérard s’abandonnait… Tout à coup ses yeux
tombèrent sur, la lettre fermée, sur l’enveloppe trouée par le
couteau de Jean Nib, sur le papier blessé, taché de gouttes
brunies… et il murmura ces paroles étranges :
    – Il n’y a que les morts qui ne parlent
pas !…
    – Que voulez-vous dire, haleta Adeline,
saisie d’une vague épouvante, comme si elle eût redouté que le
cerveau de Gérard ne se fût détraqué.
    – C’est vous qui disiez cela tout à
l’heure, Adeline !… Et, sans doute, vous songiez à
Anguerrand…
    – Oui, oui, c’est cela… Je songeais à ton
père… Mais toi, à qui… à quoi songes-tu en répétant ces
paroles ?
    Gérard, sans répondre, ramassa le journal qui
relatait la mort du marquis de Perles, et, simplement. il
dit :
    – Robert de Perles est mort…
    Adeline eut un effroyable sursaut du cœur.
Elle devint livide. Plus rudement, elle reprit Gérard dans ses
bras.
    – Cela est insensé, gronda-t-elle. Je
t’aime Gérard… Je me donne à toi tout entière… Je t’offre mon âme,
ma chair… Gérard ! Gérard !… ne m’aimeras-tu
jamais ?…
    – Je t’aime ! murmura Gérard éperdu,
fasciné, tandis qu’Adeline poussait un cri de joie triomphale qui
ressemblait à un gémissement de damné… Je t’aime et je suis à
toi !… mais écoute… C’est une folie…
    – Quoi ?… Parle !… Tu me fais
mourir !…
    – Cette lettre… cette enveloppe qui m’a
sauvé la vie…
    – Eh bien !… cette lettre…, une
invitation quelconque… tu l’as dit cent fois…
    – Non ! Je me souviens, à
présent ! Je me souviens
parce que de Perles est
mort
 !… Je me souviens parce que je viens de lire que de
Perles a été assassiné… Cette lettre… elle m’a été remise par son
valet de chambre sur le terrain du duel deux minutes après qu’il
fut tombé, blessé… mort, croyait-on… tué… par le coup d’épée de
Ségalens…
    Adeline n’eut pas la force de prononcer un
mot. Elle sentait ses genoux se dérober sous elle. Elle grelottait.
Un désespoir atroce, infini, descendait sur son âme.
    – C’est une folie, te dis-je !
reprit Gérard. Mais maintenant que de Perles est mort, il faut que
j’ouvre cette lettre !…
    Il saisit la lettre, et avec une sorte
d’avidité déchira l’enveloppe.
    Gérard avait lu. Il riait, en effet. Sa
physionomie n’était pas changée. Il se tourna vers
Adeline :
    – Les morts parlent quelquefois. Tenez.
Lisez.
    Il tendit la lettre du bout des doigts…
    Adeline lut :
    « Monsieur,
    « Il est juste que vous sachiez, vous et
pas d’autres, pourquoi je me suis battu, pourquoi j’ai été touché
et pourquoi je suis mort : j’aime la femme qui porte votre
nom, et je n’ai pu supporter que de mes bras elle passât à ceux de
mon rival et adversaire.
    « MARQUIS DE PERLES. »
    Adeline laissa tomber la lettre de ses mains
et demeura immobile, les yeux baissés, toute droite, toute raide,
la figure amincie et comme vieillie, emportée sur les ailes de
quelque songerie effroyable.
    Elle releva les yeux et vit que Gérard n’était
plus dans le petit salon. Un soupir souleva son sein. Elle était
affreusement pâle ; une sorte de tic nerveux plissait ses
lèvres et faisait battre ses paupières d’instant en instant…
    Soudain, Gérard reparut. Il était habillé, le
chapeau sur la tête, prêt à sortir. Il vint à Adeline, et, sans
colère, prononça :
    – Puisque vous vous êtes donnée à ce de
Perles et à ce Ségalens, il n’y a aucune raison de penser que vous
n’avez pas été la maîtresse de tous ceux qu’on vous donnait pour
amants. Je ne vous en veux pas, je ne peux pas vous en vouloir.
Simplement, notre association est rompue. Je m’en vais… Vous auriez
dû ménager mon orgueil, Adeline. En vous donnant le titre de
baronne d’Anguerrand, je pensais que vous m’aideriez à faire de mon
nom quelque chose de grand et de

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