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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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un grand malheur, mais je n’y puis rien… À ta
santé, Marie Charmant, adorable bouquetière qui a fleuri mon cœur
de la suave fleur embaumée… Hélas !…
    Il essayait de se plaisanter. Mais il était
affreusement triste et, lorsqu’il se retrouva dehors, Il se demanda
avec angoisse ce qu’il allait faire de sa soirée. L’instinct de
rôder dans le quartier où il avait le plus de chances de rencontrer
la disparue le ramena à Montmartre. Ganté de frais, le monocle à
l’œil, élégant d’une irréprochable et charmante élégance, le
reporter de l’
Informateur
entra dans un cabaret, au
hasard. Mais on n’y disait que des chansons politiques, et il
trouva cela nauséabond.
    Il entra dans un autre. Mais on n’y disait que
des chansons sentimentales, et il trouva cela abominable. Il entra
dans un troisième. Mais on y disait que des chansons perverses, et
il trouva cela indigeste. Au fond, il s’ennuyait terriblement.
Lorsqu’il voulut pénétrer dans un quatrième cabaret, il trouva
qu’on fermait les portes. Alors il s’aperçut qu’il était très
tard.
    Sur le boulevard de Clichy, où il se trouvait
à ce moment, personne ne passait. Il se mit à marcher droit devant
lui, furieux et désespéré de se sentir le cerveau si vide et l’âme
si malade.
    Tout à coup, devant lui, il vit quelque chose
d’étrange…
    Sur le trottoir, marchait un couple : un
homme et une femme qui se tenaient étroitement par le bras. L’homme
paraissait être un bourgeois cossu ; la femme, très élégante,
malgré le costume modeste qu’elle avait adopté. Sur le milieu de la
chaussée, un peu en arrière de ce couple, marchait un homme.
Parfois, le couple du trottoir s’arrêtait pour échanger un baiser.
Alors, l’homme de la chaussée s’arrêtait aussi. Avec son habitude
de voir une scène, et de donner tout de suite un nom aux masques en
représentation sur l’éternel théâtre, avec son habitude de sonder
les ténèbres, de saisir les attitudes, d’analyser les gestes et
d’en tirer la synthèse, Ségalens avait rapidement englobé dans un
même regard le bourgeois, la femme élégante et l’homme de la
chaussée… Tout de suite il tomba en arrêt sur l’aventure
possible : il avait l’âme et les nerfs d’un reporter de la
grande race. Il murmura :
    – C’est bel et bien un magnifique
adultère orné du tous les ingrédients dramatiques nécessaires pour
faire palpiter les cinq cent mille lecteurs de
l’
Informateur
. Le plat est servi. C’est à moi de faire la
sauce… Vous, ma gentille dame, puissé-je être pendu par les pieds
si vous n’allez pas tromper M. votre mari que vous croyez en
voyage ! Et vous, monsieur, sous vos airs d’honnête bourgeois,
vous faites ici le Don Juan, sans vous douter que le commandeur…
Oh ! voici le commandeur !… le mari ! là… sur la
chaussée ! Cet homme qui les suit, qui les guette, et qui,
pour ne pas être reconnu s’est déguisé en rôdeur de
barrière !… Brave rôdeur de barrière, sous tes loques, je
devine l’homme de distinction… Ma foi, toute ma sympathie va au
mari… Ah ! ah ! voici les deux criminels qui s’arrêtent…
Ils vont entrer…non ?… ils n’entrent pas ?… Alors ?…
Parbleu ! l’adultère est consommé déjà, et Don Juan reconduit
la dame !…
    En effet, le couple s’était arrêté devant une
maison. La femme avait sonné. La porte s’était ouverte. L’homme et
la femme, quelques minutes, continuèrent à causer à voix basse,
puis ils échangèrent une dernière étreinte.
    – Le mari va tomber sur eux, songea
Ségalens. Où sont mon calepin et mon crayon ?… Tiens ?…
Non ?… Il se cache derrière ce banc ?… Voici la dame qui
rentre et le bourgeois adultère qui poursuit seul son chemin…
Oh ! j’y suis : le mari va le provoquer maintenant.
    Habile à se dissimuler, Ségalens avait pu
assister à toute cette scène sans être aperçu. La dame était entrée
dans la maison, le bourgeois avait continué à marcher dans la
direction du boulevard de Rochechouart, et, sur la chaussée, le
rôdeur de barrière s’était mis en marche de son côté…
    Peu à peu, toute l’attention de Ségalens se
concentra sur le rôdeur. Et si, au lieu de Ségalens, Biribi se fût
trouvé là, Biribi aurait aussitôt reconnu la silhouette de Jean
Nib. Ségalens le voyait se glisser, éviter les rayons de lumière,
se fondre dans les pans d’ombre avec l’habileté consommée

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