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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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dans le tas, au fond de
sa poche, et tendait ce qu’il y avait pris.
    La pauvresse, devant la fortune qui s’étalait
sous ses yeux, eut un geste d’effarement et leva sur Jean Nib un
regard éperdu. Timidement, elle rentra sa main au lieu de
l’avancer.
    – Prenez donc ! fit rudement Jean
Nib. J’ai pas le temps de poser !…
    Il fourra tout ce qu’il’tenait dans la main de
la malheureuse, qui demeura muette, tremblante, extasiée, et qui,
bien loin d’imaginer la générosité d’un voleur, supposa qu’elle
avait eu affaire à un prince déguisé. Car les pauvres sont
habitués, par une éducation séculaire, à penser de cette façon.
Lorsqu’elle recouvra assez ses esprits pour essayer de balbutier un
remerciement, le prince déguisé disparaissait au loin, accompagné
du monsieur bien mis qui était peut-être son intendant… Jean Nib
s’était éloigné à grands pas. Ségalens, tout étourdi de ce qu’il
venait de voir, le suivait en songeant :
    – Monsieur !… Eh !
monsieur !…
    – De quoi ? gronda Jean Nib en se
retournant. Avez-vous bientôt fini de me suivre ? Lâchez-moi
le coude, ou gare !
    – Monsieur ! dit Ségalens en
soulevant son chapeau, je voudrais vous demander deux petits
renseignements. Après quoi, je vous lâcherai le coude, selon votre
pittoresque expression.
    La scène se passait au coin du boulevard
Ornano, près d’un bec de gaz. Jean Nib examina un instant l’homme
qui, devant lui, le chapeau à la main, lui souriait.
    – Qu’est-ce que vous voulez savoir ?
Parlez vite…
    – D’abord, combien vous avez donné à
cette pauvre femme, et vous demander d’être de moitié dans votre
acte. Je serais vraiment enchanté de vous remettre demain, où vous
voudrez, moitié de la somme… combien ?…
    – Je ne sais pas ! dit Jean Nib
étonné.
    – J’estime qu’il y avait près de deux
cents francs. Voulez-vous me permettre de vous faire parvenir, par
le moyen qui vous conviendra le mieux, un billet de cent
francs ?…
    – Pas la, peine. Merci. Est-ce
tout ?…
    – Puisque vous refusez ma collaboration,
ce dont je suis plus mortifié que je ne saurais vous dire, je passe
à ma deuxième question : Combien y avait-il dans la poche du
bourgeois que vous avez dévalisé tout à l’heure, le long des
palissades de la rue Turgot ?…
    Jean Nib ne, broncha pas. Seulement, d’un
regard envoyé en rafale autour de lui, il observa si l’homme qui
lui parlait ainsi était bien seul, si l’escouade policière ne le
suivait pas depuis la rue Turgot, et ne le cernait pas, maintenant.
Jean Nib, de ses yeux, de ses oreilles, de son âme et de ses nerfs,
deux secondes, écouta le silence et regarda la nuit… Non !
dans le silence, il n’y avait pas d’embûche ; la ténèbre ne
cachait aucun traquenard… Mais alors, qu’était-ce que cet homme
qui, le chapeau à la main, souriant, lui posait la question
formidable ?… Il plissa les yeux, étudia l’homme, une autre
seconde !… Non ! ce n’était ni un policier, ni un
fou…
    – Vous dites ? fit Jean Nib dans un
grondement…
    – J’ai dit : Quelle somme avez-vous
volée au bourgeois ? répondit Ségalens, très paisible.
    – Voilà une question à laquelle mon
lingue seul peut faire une réponse.
    – Bah ! vous ne sortirez pas votre
couteau !
    Jean Nib se ramassa, pour l’attaque. Un flot
de sang monta à son visage. Ses tempes battirent. Dans le même
instant, Ségalens le vit, le couteau au poing… Une seconde encore
et Jean Nib frappait… Et si Jean Nib avait frappé à ce moment, s’il
eût suivi l’impulsion de sa nature violente, il eût frappé
uniquement parce qu’il avait cru sentir dans la voix de cet homme
le soufflet d’une raillerie… Mais Ségalens ne raillait pas.
Ségalens, devant le couteau levé, ne fit pas un geste de défense,
et prononça :
    – Vous ne frapperez pas…
    – Pourquoi ça ? rugit Jean Nib.
    – Vous voyez bien que vous ne frappez
pas. Et vous ne savez même pas pourquoi. Je vais vous le dire, moi.
C’est parce que vous êtes trop généreux pour blesser, tuer
peut-être un homme qui ne vous fait pas de mal ; c’est que
vous avez trop de cœur pour employer votre arme de bataille contre
quelqu’un qui ne se défend pas…
    Jean Nib haussa les épaules, se mit à ricaner,
puis, brusquement, il referma son couteau en grommelant de sourds
jurons ; puis il haussa encore les épaules et fit quelques pas
pour s’en

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