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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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reviendrait pas, il sauta
hors de la caisse et commença à s’habiller en toute hâte.

Chapitre 54 CHARLOT
    Ce soir-là, dans un petit salon ouvrant sur la
salle des jeux d’un tripot situé prés de l’Opéra, le prince
d’Olsteinburg, enfoui au fond d’un vaste fauteuil capitonné, les
pieds au feu, une pipe anglaise aux lèvres (car, dans ce salon, il
était pour ainsi dire chez lui), une tasse de thé fumant près de
lui sur une table, parcourait les journaux avant de se mettre à
ponter sur la grande table verte.
    Gustave VII, prince d’Olsteinburg, avait
soixante ans. Il était grand, bien conservé, très solide, rouge de
figure et blanc de cheveux. Il était surtout connu comme le ponte
le plus intrépide. Il n’était pas rare de le voir déposer devant
lui trois ou quatre cent mille francs quand il prenait la banque.
On le tenait pour un beau joueur, impassible devant la perte,
dédaigneux devant le gain.
    Dans le petit salon, outre le prince, il y
avait deux ou trois, personnes qui lisaient ou causaient, et un
valet de pied portant la livrée du cercle.
    À un moment, le prince fouilla dans la poche
intérieure de son smoking, et, sans s’en apercevoir, laissa tomber
au pied du fauteuil un portefeuille. Aucun des habitués présents ne
s’aperçut de l’incident. Le valet de pied avait vu, lui. Il
s’approcha et ramassa le portefeuille, tandis que le prince était
occupé à développer l’immense Times. Le valet, sans un mot,
présenta l’objet au prince.
    – Quoi ? Qu’est-ce ? demanda le
prince étonné.
    – Un portefeuille que monseigneur vient
de laisser tomber, dit le valet.
    – De toute mon altesse, dit le prince en
riant. C’est ma foi vrai ! Vous êtes un honnête garçon,
vous ! Il y a bien mille louis là dedans…
    Le valet ne broncha pas et demeura ferme en
parade.
    – Comment vous appelez-vous, mon
garçon ?
    – Firmin, monseigneur.
    – Vous êtes nouveau ?
    – Engagé depuis trois jours,
monseigneur.
    – Eh bien ! Firmin, je ne veux plus
être servi que par vous, vous entendez ? Je veux que vous
disiez ça au gérant. Donnez-moi un journal français. Et puis, voici
pour vous.
    Le valet, trop bien stylé pour se permettre un
remerciement, prit, sans dire un mot, les trois billets que lui
tendait le prince, lui remit un journal de Paris, et s’en alla
reprendre son poste prés de la porte.
    Le prince d’Olsteinburg acheva sa tasse de thé
et se plongea dans la lecture du journal. Au bout d’une demi-heure
de lecture, il s’écria tout à coup en se retournant à
demi :
    – Ah voilà qui est particulier. Dites
donc, Machin, en voilà un fait divers épatant comme vous dites.
    – Quoi donc, monseigneur ? fit un
jeune homme à qui ces paroles s’adressaient et qui s’approcha avec
empressement.
    – Ça, dans votre journal, justement…
Cette machine intitulée :
La résurrection de
Charlot

    – Alors, fit le jeune homme que le prince
appelait Machin, Votre Altesse trouve que c’est épatant ? Eh
bien ! il ne me reste qu’à remercier Votre Altesse, car c’est
moi qui ai rédigé ce papier…
    – Bah ! et c’est vrai ?
    – Vrai d’un bout à l’autre, dit le
journaliste. Et même, j’ai su tout à l’heure de nouveaux
détails.
    – Qu’est-ce que c’est ? demandèrent
en s’approchant les deux ou trois habitués présents dans le
salon.
    – Une machine épatante, dit le prince,
que Machin a écrite dans la
Gaule
. Il prétend que c’est
vrai, mais je n’en crois rien. À notre époque, avec l’électricité,
en plein Paris… non.
    – C’est donc bien extraordinaire ?
fit l’un des membres du cercle.
    – Racontez, Machin, racontez… j’adore les
faits divers ; il n’y a que ça d’amusant dans les journaux…
Vous avez eu à Paris un auteur de génie… comment l’appelez-vous
donc déjà ?… Chose… Machin…
    – Victor Hugo ?…
    – Non. J’y suis. C’est
Rocambole !
    – Justement ! s’écria le
journaliste. C’est en souvenir de Rocambole que j’ai intitulé mon
papier :
La résurrection de Charlot
. Messieurs, vous
n’avez pas connu Charlot ?… Je l’ai connu, moi !
    Le valet de pied, toujours à son poste, près
de la porte, immobile et raide, écoutait. Non sur ses lèvres, mais
dans ses yeux, il y eut un étrange sourire.
    – Quel homme est-ce ? demanda le
prince d’Olsteinburg.
    – La quarantaine. Brun. Très fort. La
barbe noire. Un cou de taureau. On me l’a

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