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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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que,
si étrangement, il avait rencontrée à la Morgue.
    Dans ses préoccupations, Marie Charmant
passait avant Rose-de-Corail.
    Marie Charmant, jetée tout à coup dans la vie
de Jean Nib, était pour lui un sujet d’étonnement farouche, de
stupeur et presque de crainte. C’est qu’il ne comprenait pas… Il ne
savait pas pourquoi il s’était attaché à cette jeune fille. De ce
qu’il éprouvait pour Rose-de-Corail à ce qu’il éprouvait pour Marie
Charmant, il y avait une infranchissable distance. Et pourtant, Il
eût pleuré de savoir Marie Charmant malheureuse.
    Il ne savait pas quand cela avait commencé.
Dans la nuit de la rencontre à la Morgue ? Ou plus tard, dans
la masure du Champ-Marie ? Il ne savait pas. Il l’aimait
fraternellement
. Il faisait pour elle des rêves
fraternels
. Il concevait de l’emmener avec lui quelque
part, bien loin, et de la voir heureuse avec un mari qui l’aimerait
autant qu’il aimait Rose-de-Corail.
    Jean Nib, c’était Edmond d’Anguerrand.
    Marie Charmant, c’était Valentine
d’Anguerrand.
    La première idée de Jean Nib, dès qu’il eut
accepté ce que lui demandait Ségalens, fut d’installer
Rose-de-Corail et Marie Charmant dans la villa de Neuilly. Mais il
résolut de le faire secrètement, – et cela n’était qu’un jeu pour
lui.
    Conduit par Ségalens le lendemain matin du
fameux dîner au champagne, présenté à Max Pontaives, Jean Nib
étudia la position, affirma qu’il se faisait fort de la défendre,
et demanda que toute la partie des combles comprenant six chambres
lui fût exclusivement réservée.
    Jean Nib fut laissé libre de s’installer comme
il l’entendait. Il fut convenu que ni Lise ni Magali ne seraient
mises au courant de sa présence dans la villa. Seule la cuisinière
chargée de le ravitailler connut ce secret.
    Toutes ces dispositions prises, Pontaives fut
tranquillisé. Il continua donc à coucher rue Roquépine. Cependant,
il venait tous les jours à la villa, et Ségalens l’accompagnait,
curieux de voir ce qu’il adviendrait de cet amour d’un sceptique
millionnaire pour une pauvre fille du trottoir. Lorsqu’il voyait
Max Pontaives si réservé, il se demandait en vain pourquoi, et il
en était réduit à supposer que son ami ne voulait pas succéder au
marquis de Perles dans les faveurs de la jolie femme…
    Le soir de son arrivée dans la villa, Jean Nib
attendit que tout le monde fût endormi ; puis il descendit et
sortit. À vingt pas de la grille, deux ombres immobiles lui
apparurent.
    – C’est elles ! dit Jean Nib dont le
cœur battit.
    En effet, c’étaient Rose-de-Corail et Marie
Charmant, venues au rendez-vous qu’il leur avait assigné.
    – Attention ! dit Jean Nib. S’agit
de pas faire de potin.
    – La maison est donc habitée ?
demanda Rose-de-Corail en se serrant contre lui.
    – Oui et non. Je t’expliquerai tout â
l’heure…
    Tous trois pénétrèrent dans le jardin, dont
Jean Nib referma la porte, puis dans la maison. Quelques minutes
plus tard, ils étaient dans les combles, c’est-à-dire dans le
domaine de Jean Nib. Il fit entrer les deux femmes dans une pièce
qui donnait sur l’entrée de la villa.
    – Ça sera là notre salle à manger,
dit-il. Toi, la gosse, tu coucheras dans la chambre à côté.
Regarde, et tu verras que c’est tout ce qu’y a de plus rupin.
    Marie Charmant jeta en effet un regard sur la
chambre voisine, et vit qu’elle était gentiment meublée.
    Fidèle à la consigne qui lui avait été donnée,
la cuisinière de la villa avait préparé, dans l’unique pièce où
elle eût permission d’entrer, un dîner froid « comme pour
quatre ».
    – C’est pas pour dire, fit
Rose-de-Corail, mais on est mieux ici qu’au Champ-Marie. Mais t’as
donc fait un héritage, mon Jean ?
    – Pas encore, mais ça viendra ; en
attendant, boulottez sans crainte, les gosses ; ici, personne
viendra nous relancer.
    Lorsque le repas fut terminé, Rose-de-Corail
demanda où ils se trouvaient.
    – Dans une maison amie, répondit Jean
Nib. Pour le quart d’heure, écoutez bien, les gosses : défense
de faire du potin, de causer trop fort ; enfin, faut pas être
entendu par les gens qui demeurent en bas…
    – Il y a donc des gens en bas ?
s’écria Marie Charmant effrayée.
    – Sûr ! mais c’est des aminches,
qu’on te dit ! Ainsi, vous pouvez roupiller sur les deux
oreilles ; le jour, faut pas vous montrer aux fenêtres ;
maintenant, allez

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