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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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invétéré ; d’un geste
canaille, du revers de la main il essuya ses lèvres et
dit :
    – Le pante avait deux cent mille
balles.
    – Nom de Dieu ! murmurèrent les deux
hommes congestionnés par l’émotion.
    – Il y avait pour cinq cent mille francs
de bijoux chez le joaillier de la rue Royale, ajouta Charlot. À
l’échange, les bijoux rendront deux cent mille francs. Si je
pouvais aller les échanger à Londres, j’aurais peut-être deux cent
cinquante mille. Mais je n’ai pas le temps, et puis, pour cinquante
mille, ce n’est pas la peine de risquer de me faire pincer à Calais
ou à Boulogne. Je ferai donc l’échange à Paris. Ça nous fait quatre
cent mille francs. Deux cents en réserve ; cinquante pour
Firmin, le valet du cercle ; cinquante pour moi ; cent
pour vous deux : cinquante mille chacun, ça va-t-il ?…
Voici votre part. Décampez et terrez-vous jusqu’à ce que je vous
fasse signe pour une nouvelle affaire.
    Charlot tendit à chacun de ses deux complices
une liasse toute préparée d’avance. Ils la prirent en tremblant.
Chacun d’eux, d’un même geste farouches se déboutonna et cacha le
paquet entre chair et chemise.
    – Allez. Souvenez-vous que j’habite
avenue de Villiers, où, à toute heure, à l’endroit que vous savez,
vous pourrez demander le comte de Pierfort… c’est moi !…
    Quelques instants plus tard, les deux escarpes
avaient disparu. À son tour Charlot s’en alla.
    Sur la place des Ternes, déserte et obscure,
Charlot s’arrêta, s’assura d’un rapide coup d’œil que nul ne le
guettait ; alors, d’un tour de main, il se débarrassa de son
épaisse chevelure et de sa barbe noire… Ce fut la tête de Firmin
qui apparut à la lueur du prochain bec de gaz…
    Charlot se remit en marche… Au bout de dix
minutes, à une encoignure de rue, il s’arrêta de nouveau et modula
un coup de sifflet très doux. Presque aussitôt, un homme
s’approcha, salua respectueusement et attendit, cherchant à
distinguer les traits de celui qui venait de l’appeler. Mais
Charlot avait relevé le col de son pardessus et rabattu son feutre
sur ses yeux.
    – Eh bien, est-ce fait ? demanda
Charlot.
    – Oui, monsieur le comte, dit l’homme
avec cette même attitude de respect. Nous avons le petit hôtel,
tout meublé, pour vingt mille francs par an. Le notaire m’attend
demain matin à neuf heures pour signer le bail. À dix heures,
monsieur le comte pourra s’installer chez lui.
    – C’est bien, dit Charlot. Voici trente
mille francs, y compris la première année de loyer, que vous
verserez demain matin. Vous aurez à vous occuper d’installer
convenablement la salle à manger, cuisines et offices.
    Vous aurez à installer tout le deuxième étage
pour la personne qui doit l’occuper. Vous vous procurerez une femme
de chambre fidèle et sûre pour Madame. Pour le reste de la
domesticité, il suffira que vous ayez un cocher, un valet de
chambre, une cuisinière et une fille de service. Ayez des gens sûrs
et discrets comme vous-même. Je veux que vous donniez de bons
gages. Je vous donne deux jours pour tout préparer. Samedi matin je
viendrai m’installer à l’hôtel et je compte y trouver un service
fonctionnant proprement…
    – Monsieur le comte peut s’en rapporter à
moi…
    – C’est bien. Vous pouvez vous
retirer.
    Celui qu’on venait d’appeler M. le comte,
autrement dit Charlot, attendit quelques minutes, puis se dirigea
vers la gare Saint-Lazare, et, dans un hôtel, il demanda un souper
et un lit, après s’être inscrit sous le nom de comte de Pierfort,
venant de Rouen. Charlot mangea d’un robuste appétit le souper
froid qu’on lui servit dans sa chambre ; puis, la porte fermée
à clef, les rideaux tirés, se prépara à se coucher. Et lorsqu’il
eut débarrassé son visage des pâtes qui le maquillaient, lorsqu’il
eut lavé et brossé ses cheveux, donné un nouveau pli à sa
moustache, ce ne fut plus la figure de Charlot, ni du comte de
Pierfort, ni du valet Firmin, ce fut la figure de Gérard
d’Anguerrand avec sa physionomie de beauté fatale et de volontaire
audace.

Chapitre 55 LA VILLA DE NEUILLY
    Jean Nib, en acceptant de surveiller la villa
de Max Pontaives et de la défendre contre toute agression, avait
fait violence à son caractère. Il était l’homme du dehors, de la
rue, du grand air.
    En réalité, il n’avait accepté que pour un
motif unique : mettre en lieu sûr la petite bouquetière

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