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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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j’ai mérité le bagne ? Que je dois
y aller ?…
    – Je vous assure, fit le baron, tout cela
est bien pénible. Pourquoi ces questions ?… Voyons, je vous ai
surpris cette nuit dans mon hôtel, où vous êtes entré par
effraction. En ne vous livrant pas aux policiers, j’ai obéi à un
sentiment plus fort que moi et qui m’étonne maintenant. Mais enfin,
je vous ai donné, il me semble, une preuve de bienveillance assez
rare. Maintenant, vous vouliez me parler, et vous me dites vos
fautes passées. Que puis-je vous dire, sinon que, pour mon compte,
je vous pardonne ?… Puisse la société vous pardonner
aussi !… Écoutez, vous m’avez, peut-être malgré vous, rendu au
Champ-Marie un service que je ne puis oublier… Si vous vous
repentez, si vous avez entrepris de devenir un honnête homme, je
puis vous aider… Je vous fournirai les moyens de passer en Amérique
et assez d’argent pour vous y établir… Allons, vous êtes jeune,
vous. Vous pouvez recommencer votre vie, et si plus tard les
remords vous torturent, vous songerez qu’il y a là-haut quelqu’un
qui juge avec plus de justice que les hommes, c’est-à-dire avec
plus de miséricorde… Acceptez-vous ce que je vous propose ?…
Je ne suis pas, moi, le millionnaire que vous croyez. Je ne fais
que gérer la fortune de deux êtres qui… mais ne parlons pas de
cela !… Je puis prendre une vingtaine de mille francs sur la
part de…
    Le baron s’arrêta, en proie à une violente
émotion.
    – La part de qui ? demanda Jean Nib
avec une avidité dont le baron ne pouvait comprendre le sens.
    – De mon fils Edmond murmura Hubert.
Peut-être cela lui portera-t-il bonheur. Voyons, reprit-il en se
levant, acceptez-vous ?
    Jean Nib, de nouveau, avait baissé la
tête.
    Longtemps il garda le silence.
    – Pauvre diable songeait Hubert. Il
réfléchit… il hésite… Pourtant, vingt mille francs, ce doit être
une somme, pour lui… et puis, la certitude d’échapper au châtiment…
Mais pourquoi, de quel droit moi-même tenterais-je de le soustraire
à la vengeance des lois ?… Le service qu’il m’a rendu est-il
une raison suffisante ?…
    – Monsieur, dit à ce moment Jean Nib en
se levant, pouvez-vous me dire pourquoi Barrot nous a emmenés, ma
sœur Valentine et moi, pourquoi vous étiez contre la petite porte
du parc, sans rien dire, sans répondre aux larmes de Valentine et à
mes cris ?…
    Au début de cette phrase, Hubert d’Anguerrand,
livide, les cheveux hérissés, se sentit chanceler. Lorsque Jean Nib
eut achevé de parler, il s’avança sur lui, posa ses deux mains sur
les épaules du bandit, et le fixa de ses yeux hagards.
    Jean Nib prononça :
    – Eh bien ! mon père, me
reconnaissez-vous ?
    – Qu’avez-vous dit ? bégaya le baron
d’une voix étranglée.
    – Je vous demandais si vous reconnaissiez
votre fils Edmond.
    – Voyons, râla le baron, c’est un rêve
absurde, monstrueux… Edmond ! Mon fils ! Un
escarpe ! Un criminel qu’attend le bagne !… Comme
l’autre !… Comme Gérard !…
    Hubert cacha son visage dans ses deux mains et
éclata en sanglots.
    Jean Nib le considérait d’un sombre regard où
il y avait de la pitié, une farouche défiance, et d’autres
sentiments dont il ne se rendait pas compte.
    Et lorsque le baron se reprit à examiner
l’escarpe avec une ardente curiosité, ils demeurèrent l’un devant
l’autre comme des étrangers ! Jean Nib n’osait pas dire :
« Mon père ! » Et le baron n’osait pas dire :
« Mon fils ! »
    – Je vois, reprit enfin Jean Nib, qu’il y
a doute dans votre esprit, et c’est tout naturel. Que suis-je,
après tout ? Un bandit. Et voilà que je viens vous dire :
« Je ne m’appelle pas Jean Nib ; je m’appelle Edmond
d’Anguerrand ! Je suis votre fils… » Ça doit vous porter
un rude coup, je comprends ça…
    – Mon fils ! râlait le baron. Mon
fils !…
    –Oui. Et votre fils, c’est Jean Nib. Qu’est-ce
qu’il y a d’étonnant à ce que votre fils soit devenu Jean
Nib ? C’est le contraire qui eût été étonnant. Car
figurez-vous bien, monsieur, que j’aurais mieux aimé vivre en
honnête bourgeois, plutôt que de vivre en brigand. Vous pouvez me
dire, peut-être, que j’aurais dû travailler pour vivre, mais ça ne
s’est pas présenté ainsi, et je n’y peux rien. D’ailleurs, je n’y
ai jamais rien pu. Je vais vous dire… vous dire sans reproche, vous
pouvez me croire…
    Le

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