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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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s’arrêtaient devant sa
porte. Elle ouvrit et vit Adeline… Sapho… qui entra.
    – M. le baron ? demanda La
Veuve d’un ton rude et soupçonneux.
    – Il vous attend dans la rue, dit Adeline
d’une voix rauque. Hâtons-nous !… Et la fille ?
    – Bon. Je vais vous conduire. La mignonne
n’a pas bougé. On dirait qu’elle vous attend. Venez.
    Il n’y eut pas d’autre explication entre
elles.
    La Veuve prit sa lampe. Elle comprenait très
bien : Gérard s’occupait du père, Adeline de la fille.
Lorsqu’elles furent arrivées devant la porte du galetas, La Veuve
se tourna brusquement vers Adeline.
    – Ah ! çà, gronda-t-elle, vous savez
ce qui est convenu entre nous ? Vous raconterez à la petite
fille ce que vous voudrez, ça ne me regarde pas. Mais je veux
qu’elle reste ici. Je l’aime, moi, cette enfant !
    – Et si je l’emmenais ?
    – Alors, je reprends ma liberté, madame
la baronne. Nous sommes alliées. Jouons franc jeu. Je vous préviens
que, si vous m’enlevez la petite, demain matin Gérard saura qu’elle
est vivante.
    – Je vous l’achète, dit Sapho d’un ton de
voix intraduisible.
    – Elle n’est pas à vendre. Vous
m’offririez un million que je refuserais. Je n’ai pas besoin
d’argent, madame, j’ai besoin de vengeance…
    – Vengez-vous sur Hubert, haleta Sapho –
et laissez-moi Lise…
    La Veuve ramassa sa lampe qu’elle avait
déposée sur le parquet du palier.
    – Nous ne nous entendons pas, dit-elle
froidement. Adieu, madame…
    Elle fit un mouvement de retraite. Adeline eut
un rauque soupir. Son visage livide se plaqua de taches de cire.
Ses mains fines, cachées dans son manchon, tourmentèrent la crosse
du petit revolver sur lequel elles se crispaient.
    Sans doute La Veuve comprit le geste
d’Adeline ! Sans doute elle lut dans ses yeux la volonté de
meurtre qui y flamboyait. Tranquillement, elle sortit de sa poche
un large couteau tout ouvert, et sans émotion apparente, elle
gronda :
    – Mon amant Louis de Damart a été tué par
Hubert d’Anguerrand. Il serait beau, sans doute, que je sois tuée,
moi, par la fille de Louis de Damart ! Mais cela n’entre pas
dans mes idées ; il n’est pas temps que je meure !
Croyez-moi, madame, laissez tranquille le joujou, quel qu’il soit.
À ce jeu-là, voyez-vous, je suis la plus forte… Soyez raisonnable.
Vous me dites de me venger sur Hubert. Vous ne comprenez donc pas
que sa mort
me suffit
, puisque je suis venue trouver
Gérard d’Anguerrand ? Quant à Lise, c’est autre chose, madame.
Je la garde. Je veux qu’elle meure selon mon idée, et non selon la
vôtre.
    – Ouvrez-moi cette porte, dit Sapho en
grinçant des dents. Je ferai comme vous le désirez : Lise
restera ici…
    – À la bonne heure ! grogna La
Veuve.
    Et, parfaitement sûre qu’Adeline lui obéirait
jusqu’au bout, elle ouvrit la porte en disant :
    – Dans une heure, vous me rejoignez au
Champ-Marie, n’est-ce pas ?… Si je ne vous voyais pas arriver,
je commencerais par dire à Gérard que Lise est vivante… ensuite, on
verrait !
    – Dans une heure je serai là-bas, dit
Adeline d’une voix ferme.
    Et elle entra !…
    La Veuve descendit. Dans la rue, sur le
trottoir d’en face, une ombre immobile guettait. La Veuve alla
droit à l’homme qu’elle entrevoyait, et, malgré son déguisement,
reconnut aussitôt Gérard d’Anguerrand. Il portait une cotte
d’ouvrier ; ses moustaches étaient rabattues sur le coin des
lèvres ; un foulard était noué à son cou ; une casquette
couvrait sa tête : pour un policier, Charlot-Lilliers-Gérard
était méconnaissable ; mais pour La Veuve, il n’y avait pas
d’erreur possible.
    – Marchez devant, fit Gérard dont le cœur
battait à grands coups, je vous suis…
    La Veuve se mit à marcher rapidement. À vingt
pas derrière elle, Gérard rasait les murs.
    Lorsqu’ils furent près de la maison du
Champ-Marie, La Veuve s’arrêta.
    – C’est là ? demanda Gérard, la voix
rauque, haletante, presque incompréhensible.
    – C’est là, répondit La Veuve,
glaciale.
    Gérard secoua la tête. Son œil flamboya. Ses
mâchoires se serrèrent l’une contre l’autre avec la force d’une
crise d’épilepsie. En quelques instants, il fit ce qu’on pouvait
appeler le branle-bas de combat ; il se dépouilla de sa cotte
et apparut vêtu d’un veston qui le serrait à la taille ; il
jeta son foulard, sa casquette, redressa sa moustache, et

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