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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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folle ! songea-t-elle. Il
est là. C’est sûr… Il m’attend !
    Elle entra dans la chambre en disant d’une
voix étranglée :
    – Jean ! tu es là, n’est-ce
pas ?…
    Elle toucha le lit, s’imaginant qu’il avait dû
s’endormir, après les fatigues de l’expédition. Le lit était vide…
Rose-de-Corail eut un soupir terrible ; elle sentit le
désespoir l’envahir, et ses yeux se remplirent de larmes brûlantes.
Mais elle se raidit contre cette faiblesse…
    – Je le trouverai !… Il faut que je
le trouve, gronda-t-elle tandis qu’un tremblement convulsif
l’agitait.
    L’instant d’après, elle était dehors. Quant à
son prisonnier, quant à Hubert d’Anguerrand, elle l’avait
complètement oublié. Dehors, dans la nuit, dans ce désert sinistre
des fortifs, Rose-de-Corail se mit à marcher en
murmurant :
    – Où aller ? Où le chercher ?…
Oh ! aux Croque-Morts !…
    Elle se prit à bondir la barrière, qu’elle
franchit, et s’élança vers le sinistre cabaret, sans s’apercevoir
que deux ou trois ombres la suivaient pas à pas.
    Au moment où elle allait pousser la porte des
Croque-Morts, Rose-de-Corail se sentit tout à coup violemment
empoignée par derrière, un bâillon lui noua les lèvres avant
qu’elle eût pu proférer un cri ; en même temps ses mains se
trouvèrent attachées.
    – C’est bon, dit une voix, conduisez-la
où vous savez, les aminches. Dans deux heures, je serai là et le
reste me regarde.
    – Biribi !… rugit Rose-de-Corail au
fond d’elle-même.
    Rose-de-Corail se sentit entraînée vers la
nuit ; les gens qui la poussaient et la traînaient, au nombre
de quatre, marchèrent longtemps dans la direction de Saint-Denis.
Lorsqu’ils s’arrêtèrent enfin, Rose-de-Corail, épuisée, regarda
autour d’elle.
    – On est arrivé ; tu peux te
reposer, lui dit l’un des escarpes.
    Arrivée ! Où cela ? Autour d’elle,
il n’y avait qu’une vaste plaine ; au loin, elle entrevoyait
confusément des lumières.
    – Assieds-toi, qu’on te dit ! reprit
rudement la même voix.
    En même temps, l’homme appuya violemment sur
les épaules de Rose-de-Corail qui tomba à la renverse ; les
escarpes s’assirent autour d’elle, simple manœuvre pour ne pas être
vus de loin, et ils gardèrent le silence. Rose-de-Corail s’aperçut
alors qu’elle était assise sur une sorte de talus ; à dix pas
d’elle, se déroulait un large ruban d’eau paisible et sinistre.
Alors, elle sentit un long frisson d’épouvante la
secouer :
    – Le canal ! murmura-t-elle.
    Alors, elle comprit, ou crut comprendre la
vérité : Jean Nib avait réussi le coup de Neuilly ; La
Veuve et Biribi l’avaient assassiné pour ne pas partager ; et
comme on redoutait sa dénonciation, à son tour on allait la
tuer !…
    Rose-de-Corail songea.
    – Dans deux heures, je serai là ! a
dit Biribi. Il me reste donc deux heures pour trouver un moyen de
venger Jean Nib avant de mourir !…
    *
* * * *
    Biribi s’était élancé vers Paris où il était
rentré, et avait rapidement gagné le taudis de La Veuve.
    – Ça y est, dit-il en entrant,
Rose-de-Corail ne jaspinera pas.
    – Elle est morte ? demanda
froidement La Veuve.
    – Pas encore, ricana le monstrueux
bandit. Je me charge de la petite opération. Mais avant de lui
faire boire le dernier bouillon, j’ai deux mots à lui dire… un
vieux compte à régler.
    – Des bêtises ! fit La Veuve en
tressaillant. Il fallait la noyer tout de suite. Avec une fille
comme Rose-de-Corail, on ne sait jamais ce qui peut arriver.
    – Bah ! les aminches sont des
costauds.
    – Pour le moment, il s’agit d’en finir
avec Rose-de-Corail : va donc, et, lorsque tu me rejoindras,
tâche que ce soit réglé…
    – On y va, La Veuve ! dit le
sacripant.
    – Tâche d’arriver à l’heure au
Champ-Marie ! reprit LaVeuve d’un ton menaçant.
    Biribi s’élança au dehors. Alors, La Veuve eut
un sourire effrayant de satisfaction et murmura :
    – Je n’ai plus qu’à attendre la visite de
M. le baron Gérard d’Anguerrand, et à le conduire auprès de
son noble père… L’entrevue sera touchante… Dire que je vais voir
cela, moi !… Hubert d’Anguerrand aux prises avec
Charlot !…
    Elle s’assit près de sa table et demeura
immobile, en proie à une sombre rêverie.
    Des heures passèrent.
    Un bruit de pas étouffés, dans l’escalier, la
fit enfin tressaillir. Elle écouta. Les pas

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