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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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avoir
un grabuge quelconque. Elle est partie pour m’attendre quelque
part. Mais où ?… Chez Zidore, parbleu !…
    Zidore (ou Isidore), c’était le patron du
cabaret des Croque-Morts. Jean Nib se prit à courir comme avait
couru Rose-de-Corail. Lorsqu’il arriva aux Croque-Morts, il
s’arrêta un instant devant la porte pour comprimer les battements
qui soulevaient sa poitrine.
    Il ouvrit. Du premier coup d’œil, il vit que
Rose-de-Corail n’était pas là !… Il devint livide et entra
paisiblement, cherchant un coin pour s’asseoir : il se tenait
à peine debout…
    À son entrée, les chants, les rires, les cris
avaient brusquement cessé.
    On le regardait… les uns avec étonnement, les
autres avec une sourde terreur.
    – Pourquoi cet étonnement ? songea
Jean Nib.
    À ce moment, ses yeux se portèrent sur le
patron du cabaret, et il vit que Zidore pâlissait, qu’il cherchait
à détourner le regard…
    Jean Nib sentait une colère furieuse envahir
son cerveau.
    Il marcha droit sur Zidore.
    – Pourquoi trembles-tu ?
gronda-t-il. Pourquoi ont-ils peurs de moi ?
    Il planta son regard dans les yeux d’Isidore
comme il lui eût planté un couteau dans la poitrine.
    – On n’a pas peur de toi, balbutia le
patron du cabaret ; on est étonné de te voir, voilà tout.
    – Tu savais donc que j’étais
arrêté ? Par qui ?
    – C’est-à-dire… voyons, écoute-moi…
    – Par qui ? rugit Jean Nib ?
Par Biribi, hein ?
    Son bras, dans le même instant, se leva, sa
main s’abattit sur Isidore… Il l’agrippa, l’attira, le traîna hors
du cabaret, par la porte du fond, dans le terrain vague. Là, il le
lâcha et ouvrit son couteau.
    Isidore devint blême. Le frisson de la mort
lui parcourut l’échine. Il savait que, s’il ne parlait pas, il
allait être tué, que rien ne pouvait le sauver. Il eut le soupir de
la bête qu’on va égorger ; la ténèbre spéciale qu’ont
vue
ceux qui se sont trouvés un instant au bord de cet
abîme qui est le Néant, cette ténèbre où évoluent les nuées de la
peur et les vapeurs de l’horreur, flotta devant ses yeux. Il
râla :
    – Si je mange le morceau, me défendras-tu
contre Biribi ?
    Jean Nib haussa les épaules. La terreur de
Zidore lui inspirait une sorte de dégoût. Il remit son couteau dans
sa poche comme si cette arme eût été inutile, et il dit :
    – Biribi ne fera de mal ni à toi ni à
personne, si tu me dis la vérité. Sois tranquille.
    – Ensuite ?
    – Et bien, c’est Biribi qui a emballé
Rose-de-Corail… il n’y a pas une heure…
    Jean Nib se sentit froid jusqu’à la moelle des
os. Ce fut pourtant avec une sorte de tranquillité qu’il
demanda :
    – Où l’a-t-il emballée ?
    – À la Pointe-au-Lilas, dit le patron
dans un souffle.
    Une affreuse secousse d’angoisse fit vaciller
Jean Nib. Il leva le poing au ciel, et, sans passer par le cabaret,
bondissant par-dessus la palissade du terrain vague, il se rua dans
une course effrénée. Un épouvante sans nom le poussait… Pendant une
demi-heure, il dévora l’espace par bonds frénétiques… puis il
commença à haleter… Bientôt il sentit ses jambes devenir plus
lourdes, la respiration lui manquait, le souffle se fit bref et
rauque… Il comprit que s’il ne se reposait pas une minute, il
allait mourir, assommé par l’apoplexie… Il trébuchait, un nuage
flottait devant lui… et Jean Nib ne s’arrêta pas ! Dans un
effort de tout son être, il continua sa ruée farouche.
    Tout-à-coup, Jean Nib tomba, la face contre
terre, le front sanglant…

Chapitre 27 LA POINTE AUX LILAS
    On a vu que Biribi, après sa rapide entrevue
avec La Veuve, s’était élancé hors des fortifications pour
rejoindre les quatre escarpes qui, pendant ce temps, entraînaient
Rose-de-Corail. Le bandit passa devant les Croque-Morts sans s’y
arrêter. Cent pas plus loin, il entra dans un débit de vins auquel
attenait un hangar servant de remise à trois voitures et d’écurie à
six chevaux. À côté se cachait un garage pour des autos dont les
propriétaires eussent difficilement pu produire la facture
d’achat…
    Le patron du débit était un de ces loueurs
marrons qui font en petit ce que d’autres compagnies pareilles font
en grand. Seulement, les cochers qu’il employait étaient
généralement des bandits dans le genre de Biribi, et on n’a pas
oublié, sans doute, que Biribi, à l’occasion, se déguisait lui-même
en cocher, lorsque ce

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