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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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n’était pas en chauffeur. Dans le hangar,
après quelques mots dits au maître du débit, il attela rapidement
une voiture, et, sans prendre le temps cette fois d’endosser la
livrée, s’élança sur le siège et fouetta…
    À deux cents mètres du canal, il stoppa, gara
la voiture.
    Bientôt, le groupe formé par Rose-de-Corail et
les quatre escarpes qui la gardaient lui apparut. Et, parvenu près
d’eux :
    – C’est bon ! dit-il. Vous pouvez
vous faire la paire. Le reste me regarde, et me regarde seul. Voici
les faffes… Tirez-vous, maintenant ! ajouta-t-il. Et le
premier qui aurait l’idée d’zyeuter fera connaissance avec le
lingue [1] de mézigo…
    Rose-de-Corail entendait. Elle était assise
sur la terre, les mains attachées au dos, et toujours
bâillonnée.
    Biribi commença par dénouer le foulard qui
servait de bâillon. Puis, d’un coup de son couteau, il trancha les
cordelettes qui liaient les mains de la jeune femme. Alors, il se
recula de deux pas, et dit :
    – Tu peux te lever, Rose-de-Corail. Nous
avons à causer un instant, si tu veux ; et si tu ne veux pas,
ça sera le même prix… Une bonne fois, tu entendras ce que j’ai dans
le ciboulot depuis quatre ans.
    – Eh bien, voyons, Biribi, qu’as-tu à me
dire ?…
    – D’abord et d’une, que je vais
t’estourbir !
    – Ça, je le sais, dit Rose-de-Corail,
sans émotion apparente. Si c’est tout ce que tu as à
m’apprendre…
    – Je continue, gronda Biribi en se
rapprochant d’un pas. J’ai à t’apprendre, deuxièmo, que Jean Nib
est pincé… grâce à Bibi ! C’est comme ça, ma biche : et
tu peux être sûre qu’il en a pour ses quinze berges…
    – Ça, dit-elle, je le savais aussi.
    – J’ai à te dire, enfin, continua-t-il,
qu’avant de te régler ton affaire, ou après, à ton choix, tu seras
à moi. Y a pas ! faut que tu y passes… Qu’en dis-tu ? Tu
peux bien être ma gigolette une fois, une seule fois avant le grand
bouillon. C’est une idée à moi… histoire de faire savoir à Jean Nib
que je t’ai eue, et qu’il parte tranquillement… De savoir ça, ça le
distraira, ton homme… Qu’en dis-tu, hein ?
    – On verra, fit paisiblement
Rose-de-Corail.
    Et, debout, l’œil au guet, le visage livide,
très calme d’attitude, elle regardait Biribi.
    Elle n’essayait pas de fuir, sûre qu’au
premier mouvement le bandit bondirait sur elle. Dans l’effroyable
tension de son esprit, elle envisageait seulement la possibilité de
s’emparer du couteau que Biribi tenait à la main… Elle était
superbe, hautaine sans le savoir, admirable !
    – Je vais te dire, continua Biribi avec
une sombre expression de haine ; voilà quatre ans que je
guette ce moment : je savais bien que ça viendrait, va !…
Ça date du jour où tu passas devant les Croque-Morts, tu sais, le
jour de la fête, où tu fis la connaissance de Jean Nib… Ne crois
pas au moins que j’aie vraiment un béguin pour toi. Non, ma
fille ! Si ça peut te faire plaisir de le savoir, j’en pince
pour une autre… et celle-là, c’est comme toi : je la
tiens !… Le béguin, je l’ai eu ! Tu le sais, j’ai bien vu
que tu m’avais deviné. Mais tu n’as pas vu ce que je me suis
tourmenté dans le temps, tu n’as pas entendu ce que j’ai crié
pendant des nuits et des nuits où je te savais dans les bras de
l’autre. Ça m’a passé. Et tu as cru que c’était oublié. Jean Nib
l’a cru aussi. La Veuve l’a cru. J’ai bien caché mon jeu, pas
vrai ? J’étais devenu presque le frangin de Jean Nib. Il ne
faisait rien sans moi … Tiens ! j’te crois ! il n’y
avait pas de danger que je le lâche… j’attendais l’occasion de vous
rendre à tous les deux, d’un seul coup, ce que vous m’avez fait
souffrir ensemble… Je crois que ça y est !…
    Rose-de-Corail écoutait, et c’est à peine si
elle entendait.
    – Qu’en dis-tu, hein ?… Tu te tais,
hein ? Veux-tu me répondre, hein ?… Tu as peur,
hein ? Veux-tu me répondre, dis ! Veux-tu parler !…
Tu ne veux pas ?… Eh bien…
    Ses deux mains énormes s’abattirent sur
Rose-de-Corail, une à la gorge, l’autre aux reins pour la
renverser. Rose-de-Corail ne jeta pas un cri, n’eut pas un soupir.
À l’instant où le bandit s’abattait sur elle, elle se défendit, et
ses deux mains, à elle, le saisirent, l’enlacèrent… Dans le même
moment, elle tomba, Biribi sur elle… Pendant deux secondes, il y
eut la lutte

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