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Fortune De France

Fortune De France

Titel: Fortune De France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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maison de Guise. Ne peut-on penser qu’elle eut une main aussi
dans la disparition de François de Guise, et qu’elle était bien aise que
Coligny en fût accusé ?
    « Nous
ne saurions nier, écrivit Coligny en apprenant la mort de Guise, les miracles
évidents de Dieu. » Phrase que la Florentine, qu’on n’eût jamais prise par
le bec, n’aurait certes pas prononcée. Mais le miracle de cette mort, qu’elle y
ait pris part ou non, changeait sa vie, fortifiait son pouvoir, et affermissait
le trône de son fils.
    Guise
à peine froid dans sa tombe, la Reine fit quelques concessions aux protestants.
Elle ordonna à Montluc de ne plus navrer les terres du Baron de Biron et de
rendre leur château des Milandes à nos pauvres cousins Caumont. Elle jouait le
compromis et la paix, mais elle les jouait en tâchant de tirer du feu pour son
pouvoir et son fils le plus de marrons possible.
    Elle
eut l’astuce de faire engager les négociations de camp à camp entre Montmorency
et le prince de Condé, le premier, captif des huguenots, le second, prisonnier
des royaux. L’un et l’autre aspiraient à recouvrer leur liberté. Mais le
prince, étant des deux le plus jeune, le plus épris des femmes et le plus impatient,
céda au-delà de ce que son parti eût voulu.
    L’édit
d’Amboise, qu’il signa en mars 1563, revenait sur les dispositions les plus
libérales de l’édit de janvier, puisqu’il restreignait la liberté du culte
protestant aux maisons des seigneurs haut-justiciers, « avec leurs famille
et sujets », et pour le commun des réformés, réduisait le culte à une
ville par bailliage. Calvin jugea sévèrement la vanité de ce grand seigneur
qui, pourvu que sa caste, en ses châteaux, fût libre de prier le Seigneur à sa guise,
faisait peu de cas des contraintes que subissait, dans les villes et le plat
pays, la grande masse des religionnaires.
    Mon
père et Sauveterre partageaient l’indignation de Calvin et des huguenots de
conscience, mais ils ne pouvaient l’exprimer trop haut, n’ayant pas combattu.
En outre, ils étaient de ceux, justement, qui bénéficiaient, « avec leurs
famille et sujets », des dispositions de l’Edit. Et, d’un autre côté, la
paix, en revenant, leur fut d’un immense profit, comme je dirai plus loin.

CHAPITRE IX
     
     
    L’édit
d’Amboise signé, les protestants cessèrent d’être hors la loi, puisque leur
existence et leurs droits étaient reconnus par traité. Cela voulait dire que
nous pûmes de nouveau apparaître dans nos villages, et mon père se rendre à
Sarlat. Ce qu’il fit, après avoir fait renvoyer en son château Diane de
Fontenac, toute gaillarde et rebiscoulée. Il eût pu la rendre un mois plus tôt,
mais dans les troubles du temps, et faisant fond sur Fontenac comme sur vipère
à croc, il était bien aise d’avoir à Mespech ce gage, qui le mettait à l’abri
d’une trahison de notre bon voisin. Le départ de Diane  – qui, durant son
séjour parmi nous, ne sortit mie du deuxième étage du châtelet d’entrée, et
qu’aucun de nous, sauf mon père, ne vit jamais que de loin à sa fenêtre,
enveloppée de sa fourrure blanche et nous regardant de ses yeux verts  –
créa en nous un vide extraordinaire, comme si un poème que nous avions aimé
nous était sorti pour toujours de la tête. Je ne veux point parler ici de notre
pauvre François, qui faisait de son mieux pour cacher une mélancolie dont la
frérèche ne consentait pas à s’apercevoir.
    Fontenac
fit remettre au Baron de Mespech une fort belle lettre avec un présent de cinq
cents écus et un genet d’Espagne. Mon père renvoya l’argent, mais serra
précieusement la lettre en ses coffres et garda le cheval. C’était une jument
noire, d’assez petite taille, mais pleine de feu, et je la montai le premier
jour où, l’édit proclamé, mon père se rendit à Sarlat pour ses affaires,
escorté de Marsal le Bigle, de Faujanet, des deux frères Siorac et de ses trois
grands droles, tous trois avec deux pistolets dans les fontes et l’épée nue
pendant par la dragonne au poignet droit. Mon père craignait moins une embûche
sur le chemin qu’une émotion populaire à Sarlat même, fomentée par des
prédicateurs qui, mécontents (eux aussi) de l’édit d’Amboise, dégorgeaient
contre les nôtres, à la messe, chaque dimanche que Dieu faisait, des milliasses
d’injures.
    Cependant
le lieutenant-criminel, Guillaume de la Porte, qu’on avait prévenu,

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