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Fourier

Fourier

Titel: Fourier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jonathan Beecher
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de ses « découvertes »), mais plutôt de la simplifier et
de l’adapter « aux goûts et aux préjugés du siècle ».

CHAPITRE IX
Préparation du traité
    Durant les premiers temps de son séjour en Bugey, Fourier
ressasse amèrement l’échec des Quatre Mouvements. Ses amis de Lyon eux-mêmes se
sont montrés critiques, lui reprochant d’occulter par d’excessives
élucubrations sur l’amour et la cosmogonie ses sobres considérations
commerciales et industrielles. Ils lui ont conseillé de proscrire à l’avenir
les digressions fumeuses pour se consacrer uniquement aux éléments les moins
choquants de sa doctrine. Or c’est impossible : la théorie est une et
indivisible, vraie en tant que telle, et ce serait l’altérer tout entière que
d’en omettre une partie. « Lorsqu’on me conseille de mutiler [ma théorie] pour
l’accommoder aux petitesses du siècle, écrit Fourier en 1816, c’est comme si
l’on eût conseillé à Praxitèle de mutiler sa Vénus. » Praxitèle eût répondu : «
Je casserais plutôt les bras à tous les philosophes que de les casser à ma
Vénus ; s’ils ne savent pas l’apprécier, je l’ensevelirai au lieu de la
mutiler. » Et c’est ainsi que Fourier réplique à ceux qui le conjurent de
morceler sa théorie afin de la rendre plus digeste : « Quant à moi,
j’ensevelirai cent fois ma théorie plutôt que d’en retrancher une syllabe 1 ».
    La menace n’est pas vaine : Fourier a bel et bien enterré sa
théorie pendant quatorze ans. De 1808 à 1822, entre l’âge de trente-six et de
cinquante ans, il n’a publié en tout et pour tout que deux articles de
journaux. Encore n’est-il sorti de sa réserve que pour vilipender ses
détracteurs et faire savoir que l’indifférence générale à ses théories a coûté
cher à la France : un million de vies perdues dans les guerres napoléoniennes 2 .
    De 1808 à 1815, Fourier s’est contenté, par son silence, de «
punir » la France. A la fin de l’année 1815, il se retire à la campagne, où il
trouve enfin le temps et la force de s’atteler à la tâche qui l’obnubile depuis
1799 : l’élaboration, à partir de la théorie de l’attraction passionnée, d’une
« science totale », d’une explication complète et organique de l’univers. Son
mutisme, durant les premières années de la Restauration, n’était pas tant
revanchard que réflexif.
    Bien que Fourier ne renonce jamais à son rêve de publier un jour
un traité théorique exhaustif, la découverte en 1819 du principe de «
l’association simple » l’amène à réviser quelque peu ses principes tactiques de
« réalisation » et de présentation de sa doctrine. L’association simple étant à
la fois économique et « appropriée aux goûts du siècle et aux préjugés », il
envisage désormais son travail sous l’angle de la promotion : l’heure n’est
plus à la déduction de « toutes les preuves » mais à l’adaptation de ses idées
au public. Durant le restant de ses jours, Fourier va s’efforcer de mener à
bien la simplification, la « mutilation » de sa doctrine contre laquelle il
s’est tant récrié.
    En mai 1819, tout à la joie d’avoir découvert le principe de
l’association simple, Fourier informe Muiron que son « traité partiel »
paraîtra l’année suivante. L’échéance, en fait, sera maintes fois repoussée :
de soudains accès de repentir le poussent parfois à reprendre le Grand Traité
au détriment de la vulgarisation restrictive ; d’autre part, il est persuadé
que son exposé, si simplifié soit-il, ne fera mouche qu’à condition d’être
annoncé à grand renfort de publicité. Les années 1819 et 1820 se passent donc à
concocter de petits articles de journaux (dont pas un ne sera publié) destinés
à allécher le public. Autre facteur de distraction enfin : les affaires
locales, auxquelles Fourier ne peut s’empêcher de se mêler.

I
    L’affaire des sœurs Rubat n’est pas plus tôt enterrée qu’au
cours de l’été 1819 éclate une nouvelle querelle familiale : cette fois,
Fourier a maille à partir avec les Parrat-Brillat. Nous disposons de fort peu
de documents à ce sujet 3 ; il
semblerait toutefois que l’ingérence mal avisée de Fourier dans les arrangements
concernant le mariage de sa nièce, Agathe Parrat-Brillat, ne soit pas étrangère
à l’affaire. Les circonstances rappellent celles de son veto aux noces de Fanny
de Rubat en 1813 : Agathe n’est plus jeune et sa

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