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Fourier

Fourier

Titel: Fourier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jonathan Beecher
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agricole au coup par coup. « Les
plans d’amélioration locale échoueront, prédit Fourier, si on ne les rattache
pas à un système d’opérations générales. » Les « Parisiens » constituent un
obstacle tout aussi imposant : toute proposition émanant d’une société
provinciale ne recueillera que mépris, sarcasme et satire de leur part.
L’esprit de satire étant un vice intrinsèquement français, l’académie de
Belley, pour ne pas en être victime, devra faire une entrée remarquée dans le
monde des sciences. « L’affaire d’éclat » que projette Fourier est un concours
- dont il propose de rédiger le règlement -, ayant pour but la mise au point
d’une « boussole industrielle » qui servirait « d’antidote aux plaies de
l’agriculture ». Fourier ne souhaite pas influencer les délibérations de
l’académie, mais tient à faire savoir qu’elle peut compter sur « un concurrent
que n’effraiera pas l’armée de 400 000 tomes philosophiques à combattre ».
    Il y a fort à parier que l’académie n’a pas même débattu du
projet de Fourier, qui resta de toute façon lettre morte : il n’y eut pas de
concours et personne dans la société ne se porta volontaire pour financer la
proposition. L’académie elle-même ne survécut sans doute pas longtemps à la
mort prématurée, en 1820, de celui qui semblait en tenir les rênes, Joseph
Bruand 8 . Quelques lignes du
Traité, où perce le regret, fournissent une manière d’épitaphe à l’épisode de
l’académie de Belley : « L’académie dont j’étais membre a perdu depuis son plus
riche sociétaire, D. d’A., homme jouissant de 60 000 fr. de rente, et n’ayant qu’un
enfant : il pouvait bien léguer à la société d’arrondissement une année de son
revenu 9 . »

II
    A l’automne 1820, s’il n’est guère plus avancé dans son travail
de rédaction, Fourier se montre de plus en plus impatient « d’entrer en scène
». Plusieurs journaux parisiens ont déjà reçu des communiqués de réclame pour
son prochain ouvrage : à la Bibliothèque universelle, il assure que son livre
fournira la preuve de l’existence de « cinq planètes inconnues 10 » ; au Censeur européen, il annonce un
plan de liquidation de la dette nationale anglaise 11 .
    Ces démarches n’ayant point de résultat, Fourier parle d’aller
lui-même « sonder le terrain » à Paris. En septembre, il prie Muiron de lui
fournir par courrier des lettres de recommandation pour ses amis parisiens.
Muiron lui propose de passer d’abord par Besançon : il reste encore à régler
quelques derniers détails pour l’édition du nouvel ouvrage ; d’autre part,
Besançon compte désormais un petit groupe de disciples avides de rencontrer
Fourier.
    Je vous tiens déjà prêt une compagnie de douze. Vous serez
pour le temps que vous nous accorderez ce que dans tous vos calculs vous
appelez le treizième, et je dirai malignement voilà encore une analogie de plus
avec les dogmes traditionnels sur la Cène 12 .
    Fourier décide d’accepter l’invitation, remet donc son voyage à Paris,
et se rend à Besançon à la fin du mois de décembre 1820. C’est l’occasion pour
les deux hommes de s’entendre sur les modalités précises de publication du
futur Traité : Muiron s’engage formellement à prendre en charge le côté
financier tandis que Fourier promet de remettre son manuscrit l’année suivante.
    Durant ce séjour bisontin de plus d’un mois, Fourier loge chez
sa sœur Lubine Clerc. Veuve et mère de deux jeunes femmes, Lubine habite
toujours, rue de l’Orme-de-Chamars, le magnifique hôtel des Gouverneurs que son
mari avait acquis en assignats en 1793. Après la mort de celui qui fut jusqu’à
la fin le zélé jacobin de l’an II *, Lubine, quelque peu débordée par ses
filles, a dû faire appel à Fourier, en 1818, pour dissuader l’aînée, Cornélie,
d’entrer au couvent.
    * Le mari de Lubine, Léger Clerc, a fait partie du Comité
révolutionnaire de Besançon en 1793 et 1794. Sous l’Empire, il était connu pour
être le chef d’un petit groupe d’exagérés que la police autorisait à maugréer
sans mal dans l’arrière-salle du café Marullier ; son nom, d’autre part, figure
dans les rapports du préfet Jean de Bry, où il est classé parmi les « êtres
tarés » de Besançon qui « regrettent le temps où les criailleries servaient de
raisons [et] qui se disent asservis parce qu’ils n’enchaînent plus

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