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Fourier

Fourier

Titel: Fourier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jonathan Beecher
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étendus et plus raffinés que ceux des pauvres.
    En matière d’économie, Fourier conteste également les théories
égalitaire et communiste. Il n’exclut pas de son utopie le droit à la propriété
et à l’héritage, et réserve aux investisseurs de fort généreux dividendes. En
termes juridiques, la Phalange est une société par actions dont les membres
sont libres d’acheter autant de parts qu’ils le désirent. Pour ce qui est de la
rémunération, un système d’évaluation permet de mesurer la contribution de
chacun en travail, capital et talent ; à la fin de l’année, les profits de la
Phalange sont divisés et distribués selon la proportion suivante : cinq
douzièmes pour le travail, quatre douzièmes pour le capital et trois douzièmes
pour le talent. Aussi simple qu’il puisse paraître aux yeux du lecteur moderne,
ce système était pour Fourier l’une de ses plus grandes découvertes, et lui
permettait de concilier les intérêts des riches et des pauvres en Harmonie 17 .
    La Phalange étant une communauté où les différences naturelles
de caractère et d’intelligence sont renforcées par des écarts de richesse et de
statut, il s’agit de trouver d’autres moyens d’intégration sociale que
l’égalitarisme. Comment empêcher que ces disparités ne conduisent à la lutte
des classes ? Comment, plus particulièrement, persuader les pauvres d’accepter
les inégalités et les riches la compagnie des pauvres ? D’une manière ou d’une
autre, toutes les institutions d’Harmonie doivent contribuer à gommer les
antagonismes au profit d’une véritable « unité » sociale. Mais Fourier attache
une importance plus particulière à deux d’entre elles : le « minimum social »
et l’éducation « unitaire ». Le minimum social garantit à tout membre de la
Phalange un revenu annuel de base, constitué de nourriture, de vêtements et
d’indemnités, qu’il puisse ou non, veuille ou non travailler pour la
communauté. La Phalange, Fourier n’en doute pas, saura pourvoir à ce minimum et
offrir aux plus humbles de ses membres des agréments équivalents à ceux dont
jouissent les Crésus de la civilisation. Une telle garantie rend inutile à ses
yeux l’abolition radicale des distinctions sociales. Car c’est la pauvreté et
non l’inégalité qui constitue à ses yeux le principal ferment de conflit social.
Comme il l’écrit en 1803 : « L’inégalité, tant blâmée par les philosophes, ne
déplaît point à l’homme. Au contraire, le bourgeois se complaît à l’ordre
hiérarchique ; il aime à voir le cortège des grands bien chamarrés. Le peuple
les voit avec le même enthousiasme, mais s’il manque du nécessaire il prend en
aversion les supérieurs et les usages sociaux 18 .
»
    Si le minimum social est un moyen de réconcilier les pauvres
avec les inégalités, reste à persuader les riches d’accepter les pauvres. Comme
il l’a déjà fait remarquer, Fourier ne partage pas la vision idéalisée du
peuple qui a cours chez les penseurs socialistes. Il est totalement absurde
d’après lui de supposer possible une réelle entente entre le sybarite raffiné
et le paysan rustre, affamé et malade. C’est pourquoi il conseille, dans les
premiers temps, de n’accepter au sein de la Phalange que les membres les plus
polis et les mieux élevés des classes populaires, ceux qui ne sont pas
susceptibles d’offenser les riches. A plus long terme, la coexistence pacifique
des riches et des pauvres dépend essentiellement d’une éducation commune pour
tous les enfants, assortie d’une solide initiation aux bonnes manières. Comme
il l’écrit dans le Traité de l'association :
    La politesse générale et l’unité de langage et des manières
ne peuvent s’établir que par une éducation collective, qui donne à l’enfant
pauvre le ton de l’enfant riche. Si l’Harmonie avait, comme nous, des
instituteurs de divers degrés, pour les trois classes, riche, moyenne et
pauvre, des académiciens pour les grands, des pédagogues pour les moyens, des
magistères pour les pauvres, elle arriverait au même but que nous, à
l’incompatibilité des classes et à la duplicité de ton, qui serait grossier
chez les pauvres, mesquin chez les bourgeois, et raffiné chez les riches. Un
tel effet serait gage de discorde générale : c’est donc le premier vice que
doit éviter la politique harmonienne : elle s’en garantit par un système
d’éducation qui est UN pour

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