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Fourier

Fourier

Titel: Fourier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jonathan Beecher
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pièces, la plus grande servant aux
groupes qui forment le noyau de la série et les deux autres aux groupes qui en
constituent les deux « ailes ». Divers « cabinets adhérents » viennent s’y
ajouter pour satisfaire aux inclinations cabalistiques des différents groupes
et sous-groupes. « Ce régime est fort différent de celui de nos grandes
assemblées, où l’on voit, même chez les Rois, toute la compagnie réunie
pêle-mêle, selon la sainte égalité philosophique dont l’Harmonie ne peut
s’accommoder en aucun cas 5 . »
    Autre innovation de taille, la « rue-galerie » : il s’agit d’un
passage et couvert surélevé qui peut être chauffé en hiver et ventilé l’été. Il
couvre toute la longueur du Phalanstère, le lie aux autres bâtiments et permet
ainsi de « parcourir en janvier les ateliers, étables, magasins, salles de bal,
de banquet, d’assemblée, etc., sans savoir s’il pleut ou vente, s’il fait chaud
ou froid ».
    Les routes, à l’époque de Fourier, se changeaient en boue
l’hiver ; les rues des villes servaient encore d'égouts et de dépotoirs; les
trottoirs et les lampadaires n’avaient fait leur apparition que dans les plus
beaux quartiers. Il pouvait donc être fier d’une invention qui permettrait à
tous de « communiquer partout, à l’abri des injures de l’air, d’aller pendant
les frimas au bal, au spectacle en habit léger, en souliers de couleur, sans
connaître ni boue ni froid ». Tout cela « est d’un charme si nouveau, qu’il
suffirait seul à rendre nos villes et châteaux détestables à quiconque aura
passé une journée d’hiver dans un Phalanstère 6 ».
    Ce « charme si nouveau », que doit-il au juste aux découvertes
architecturales de l’époque ? Fourier cite parfois comme modèle la Grande
Galerie du Louvre, qui fut ouverte au public en 1793 7 . Mais Walter Benjamin suggère dans un essai célèbre qu’il a
pu s’inspirer des grandes arcades commerciales érigées à Paris au début du XIXe
siècle. Pour Benjamin, le Phalanstère est une « cité d’arcades », et « Fourier
voit [dans cette forme] le canon archi-tectonique du Phalanstère 8 ». La grande vogue des arcades destinées à
la promenade et aux magasins de luxe date de la fin de la Restauration, avec
les constructions de Colbert, Vivienne, Choiseul, et Véro-Dodat. Mais deux des
plus anciennes, le passage du Caire et le passage des Panoramas, remontent aux
années 1799 et 1800, qui correspondent à la fois à la « découverte » de Fourier
et à sa première visite prolongée à Paris. Quant aux galeries de bois du Palais
Royal qui ont tant charmé Fourier lors de sa première visite de Paris en 1789,
elles sont, d’après un spécialiste, « les premières arcades jamais construites 9 ». Le moins que l’on puisse dire c’est que
les arcades parisiennes étaient connues de Fourier et commençaient déjà à faire
partie du paysage urbain quand il conçut sa propre rue-galerie.
    Fourier admet volontiers sa dette envers le Louvre et le Palais
Royal. On trouve également dans ses écrits quelques références précises à
divers monuments, rues ou parcs qui lui ont servi de modèles 10 . Ne peut-on pas cependant déceler dans
ses plans d’autres influences moins reconnues ? Ne s’inspira-t-il pas par
exemple des travaux d’architectes visionnaires français de la fin du XVIIIe
siècle, tels que Boullée, Ledoux et Lequeu ? Il est tentant d’établir des liens
entre Fourier et le plus connu d’entre les trois, Claude-Nicolas Ledoux, qui,
dans les années 1770 et 1780, œuvra aussi bien à Paris qu’en Franche-Comté,
pays de Fourier 11 .
    Ledoux, dont le traité sur L’Architecture considérée sous le
rapport de l’art, des mœurs et de la législation paraît en 1804, est surtout
connu à l’époque pour ses élégants hôtels particuliers et pour les tristement
célèbres barrières de Paris, qui furent élevées autour de la capitale pour la
perception de l’octroi durant les cinq dernières années de l’Ancien Régime.
Aujourd’hui, il est surtout apprécié pour son extraordinaire série de plans (en
partie réalisés) d’une ville idéale qui devait être fondée près des salins de
Chaux, à Arc-et-Senans, non loin de Besançon. Rien ne prouve que Fourier ait eu
connaissance des dessins de Ledoux ni du remarquable ensemble de bâtiments que
celui-ci édifia à Arc-et-Senans. Mais il ne pouvait méconnaître
l’impressionnant théâtre dont Ledoux

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