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Fourier

Fourier

Titel: Fourier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jonathan Beecher
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que
l’heure n’était plus à la République mais à l’association. Le nouveau
gouvernement allait être forcé de « s’enquérir des moyens de réaliser
l’association 1 » ! L’anecdote est
peut-être apocryphe. Fourier déchante vite : quelques mois plus tard, il parle
de la révolution de Juillet comme d’un simple changement politique sans aucune
conséquence sur la société française. Rétrospectivement, il lui semble que le
seul effet de la révolution a été d’empêcher que le baron Capelle, ministre de
Charles X, puisse prendre sérieusement, en compte ses idées, comme il l’avait
espéré.
    Bien que les ministres de la monarchie de Juillet ne
s’intéressent pas davantage aux propositions de Fourier que ceux de la Restauration,
la révolution de Juillet donnera un indéniable coup de fouet à la diffusion et
au rayonnement des idées de l’utopiste : la mise en place d’une monarchie
constitutionnelle sous les Orléans s’accompagne en effet d’une ouverture de la
vie politique française, d’une libéralisation des lois sur la liberté de presse
et d’association. Les nouvelles formations politiques et sociales, bâillonnées
durant une génération, peuvent enfin se faire entendre et l’on espère que le
gouvernement jouera son rôle dans la résolution des problèmes sociaux. Si ces
espoirs sont vite démentis et si, dès 1834, la plupart des anciennes
restrictions concernant le droit à l’association et à la liberté d’expression
ont été remises en vigueur, pendant quatre ans environ la vie publique
française aura été plus libre que jamais depuis le Directoire.
    Ces premières années de la monarchie de Juillet sont marquées
par un éveil social et politique tous azimuts. Après une éclipse d’une
génération, le républicanisme redevient une force majeure de la vie politique ;
partout fleurissent des associations et clubs républicains tels que la Société
des amis du peuple ou la Société des droits de l’homme. Plusieurs signes
attestent l’émergence d’une nouvelle conscience radicale chez les ouvriers de
l’industrie : les grèves, les manifestations et surtout les grandes révoltes
des canuts lyonnais de novembre 1831 et avril 1834 démontrent que la classe
ouvrière commence à s’organiser différemment et à goûter l’étendue de son
pouvoir. La bourgeoisie citadine, elle, semble peu à peu prendre conscience, de
façon massive si ce n’est précise, des problèmes sociaux qu’ont engendrés
l’industrialisation et le développement accéléré du tissu urbain durant les dix
années précédentes : à la suite de la révolution de Juillet, de l’épidémie de
choléra de 1832 et des insurrections ouvrières à Lyon et à Paris, l’attention
se porte sur la pauvreté urbaine ; de respectables journaux des classes
moyennes comme la Revue des Deux Mondes et le Journal des débats se mettent à
publier des articles sur ce qu’il est désormais convenu d’appeler « la question
sociale ».
    C’est dans ce contexte que se constitue enfin un véritable
public pour les écrits de Fourier, mais aussi pour ceux d’un certain nombre de
théoriciens rivaux qui tentent depuis quelque temps de définir et de résoudre
les problèmes engendrés, en France et en Angleterre, par l’avènement de la
société industrielle. Henri Saint-Simon, le plus connu, a déjà rassemblé un
petit groupe non négligeable de fidèles avant sa mort en 1825.

I
    Depuis l’essai d’Engels « Socialisme utopique et socialisme
scientifique », Henri Saint-Simon constitue avec Charles Fourier et Robert Owen
le grand triumvirat des « socialistes utopiques » précurseurs du marxisme 2 . Bien que l’on puisse étudier ces penseurs
sous d’autres angles, celui-ci reste utile car ce sont tous trois des
philosophes de crise, cherchant à reconstruire un monde déchiré par la
Révolution française et les guerres napoléoniennes. Ils fustigent tous trois
avec virulence le gaspillage et la souffrance nés du premier capitalisme
industriel ; ils sont persuadés que la subordination au développement social de
l’économie industrielle naissante est la garantie d’une vie plus riche et plus
agréable pour tous. Saint-Simon n’est cependant pas un utopiste au sens
communautaire du terme ; à la différence de Fourier ou d’Owen, il n’a pas de
conception clairement définie de la société idéale et n’a pas consacré sa vie à
l’élaboration d’un « système »

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