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Fourier

Fourier

Titel: Fourier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jonathan Beecher
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la “réhabilitation de la chair” et tout ce qui s’y rattache peuvent être
considérés comme une importation du fouriérisme dans le saint-simonisme. » De
Saint-Simon à Fourier, 164.
    L’essor du fouriérisme sous Louis-Philippe est donc dû en grande
partie aux efforts de deux jeunes saint-simoniens, Jules Lechevalier et Abel
Transon, qui sont parmi les premiers à quitter l’Eglise après le schisme de
l’hiver 1831-1832. Leur contribution au mouvement fouriériste sera tellement
importante qu’il convient de s’attarder quelque peu sur leur conversion
respective 30 .
    Jules Lechevalier est né en 1806. Originaire de la
Martinique, il a étudié le droit à Paris et la philosophie à Berlin dans les
années 1820. En 1830, il s’affilie au saint-simonisme et se distingue aussitôt
par ses talents d’orateur. Au printemps 1831, il conduit une « mission » en
Normandie, puis, durant l’été, va prêcher le nouvel évangile à Dijon, Besançon,
Strasbourg et Metz. C’est durant cet été qu’il commence à s’intéresser aux
théories de Fourier. Une conversation avec Just Muiron, dont l’enthousiasme et
le dévouement l’impressionnent, sera « un premier réveil pour [son] cœur et
pour [son] esprit ». Quelque temps après, Lechevalier publie dans "Le Globe" un
petit article favorable à Fourier - bien qu’il déplore les « préjugés » et «
jugements étranges » des Pièges - et entame une étude systématique de son
œuvre, en commençant par le Traité de l'association. « Je fus saisi de ce que
ce livre contient de neuf, de profond, d’immense. [...] J’écrivais aux chefs de
la doctrine que je vous regardais comme le savant perfectionnant dont nous
avions besoin », écrira-t-il plus tard à Fourier. Mais, pour l’heure, il
demeure fidèle à sa première confession et ne voit en Fourier qu’un « des
satellites de l’astre saint-simonien 31 ».
    En octobre 1831, Lechevalier part évangéliser l’École
d’application de Metz, où Victor Considerant vient de propager les théories de
Fourier. Les deux hommes se lancent dans un débat public au cours duquel
Lechevalier ne fait guère de concessions. Mais en tête à tête avec Considerant,
il se montre bien moins sûr de lui. Après son départ, Considerant écrit à
Clarisse Vigoureux :
    Jules Lechevalier m’a fait des révélations uniques : il y a
détresse dans la doctrine, détresse d’argent, division du sacré collège. [...]
Nous avons déjà les Saint-Simoniens et les Saint-Simonistes : nous aurons
bientôt un nouveau schisme, et par le fait il existe. Jules Lechevalier lui a
déjà donné un nom ; il les appelle les non divorcistes catholiques et les
divorcistes païens 32 .
    Dans une lettre à Fourier, Considerant précise que si
Lechevalier n’est pas encore prêt à « changer de drapeau », ce n’est que parce
qu’il « est si lancé » et tient encore à « l’idée qu’il peut harmoniser Fourier
et Saint-Simon 33 ».
    En novembre 1831, alors que Lechevalier rentre à peine de Metz,
le schisme saint-simonien éclate au grand jour avec l’apostasie de Bazard. Avec
Pierre Leroux et Hippolyte Carnot, Jules Lechevalier est parmi les premiers à
suivre son exemple. Le 19 novembre, à l’assemblée générale, il déclare ne plus
pouvoir demeurer dans l’Eglise : « J’avoue que je suis arrivé au DOUTE, au
doute complet sur toute la doctrine, à l’état où je me trouvais avant d’être
saint-simonien. [...] Je suis encore une fois seul dans le monde 34 . » Mais il ne le reste pas longtemps : à
peine un mois plus tard, dans une brochure détaillant les raisons de son
départ, il annonce son intention de publier un ouvrage qui rendrait « hommage
et justice » à Fourier et rachèterait les offenses que lui ont causées les «
préjugés » saint-simoniens 35 . Le
16 janvier 1832, il écrit longuement à Fourier pour lui expliquer qu’il a perdu
toute foi en la doctrine saint-simonienne, et que sa confiance dans les chefs
du mouvement est « entièrement détruite ». Il ajoute :
    En ce moment, je m’occupe presque exclusivement de vos
travaux, et je pousse tous les saint-simoniens que je crois capables de les
comprendre à les étudier. [...] Je fais chaque jour de nouveaux pas vers vous.
Les nuages se dissipent, mes idées se coordonnent et déjà l’admiration la plus
vive a succédé au doute. Je sens que vous avez donné au monde ce que je lui
avais promis au nom de H. Saint-Simon. Monsieur, je

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