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Fourier

Fourier

Titel: Fourier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jonathan Beecher
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tous nos principes. Sauf les explications
nécessaires, elle sera tout simplement le prospectus périodique du degré
d’association industrielle que nous voulons fonder 11 .
    Le premier numéro, en toute logique, met donc l’accent sur la
réalisation des idées de Fourier, qui fournit lui-même un long article
programme sur la Phalange d’essai. Le reste du journal est en grande partie
consacré à la publication des statuts officiels de deux compagnies
d’actionnaires que les disciples se proposent de créer. La première, la Société
pour la fondation d’une Phalange agricole et manufacturière, est destinée à
réunir un capital de quatre millions de francs pour la Phalange d’essai.
L’autre, la Société pour la publication et la propagation de la théorie de
Charles Fourier, doit collecter trente mille francs pour permettre de
poursuivre la publication du journal et d’éditer les futurs écrits de Fourier
ou de ses disciples.
    Malgré leur volonté de se concentrer sur les aspects pratiques,
les éditeurs du Phalanstère parlent très peu, dans les premiers numéros, de la
véritable mise en place de la Phalange. En fait, la plupart des articles qui
paraissent durant les six premiers mois ne sont guère que de vagues résumés des
principales idées de Fourier. L’auteur en est souvent Fourier lui-même : il rédige
à lui seul entre un tiers et la moitié de chaque numéro sous forme de « leçons
familières » concernant certains aspects précis de sa théorie, depuis
l’architecture jusqu’à la cosmogonie. Et s’il n’émet pas d’avis sur la vie
politique de son époque, il ne perd pas une occasion d’attaquer les « sophistes
» et « patelins philanthropiques » que sont Owen, Saint-Simon et leurs
disciples. Il ne paraît guère un numéro qui ne contienne un article sur les «
buts secrets » des saint-simoniens, l’« étourderie des philosophes », ou la «
guerre des quatre sciences rebelles contre les quatre sciences fidèles ».
    Les autres rédacteurs principaux, parmi les disciples, sont
Jules Lechevalier, Abel Transon et Victor Considerant*. Lechevalier et
Considerant publient de longues chroniques sur la théorie de l’association et
les principes d’économie de Fourier, tandis que Transon se charge des articles
plus succincts sur certains points de détail, et d’une grande partie du travail
d’édition. Durant les six premiers mois paraissent aussi de nombreux papiers
occasionnels sur les idées de Fourier, œuvres de jeunes ingénieurs militaires
de l’école de Metz : leur qualité n’est pas toujours égale. De toutes ces
contributions, il ressort qu’elles cherchent avant tout à rendre la théorie de
Fourier accessible au plus grand nombre. L’accent est mis sur ce qu’un disciple
appelle les « idées industrielles » de Fourier, dépouillées de sa terminologie,
et au détriment de ses réflexions sur la cosmogonie, ou la sexualité, voire de
sa théorie de l’attraction passionnée.
    * Quand paraît le premier numéro du Phalanstère, Victor
Considerant est toujours à Metz, dans le génie militaire. Mais en juillet 1832,
il obtient un congé indéfini qui lui permet de se consacrer entièrement au
journal.
    Les efforts des disciples ne sont pas vains : au bout de
quelques semaines, ils peuvent déjà se targuer d’avoir reçu « un assez grand
nombre » de marques de soutien « de personnes qui avaient naguère étudié et en
partie embrassé le saint-simonisme 12 ». Les idées de Fourier commencent à se diffuser dans la presse provinciale.
Mais il ne faut pas s’exagérer le succès du Phalanstère : il tire rarement à
plus de mille exemplaires et n’a pas plus de cinq cents abonnés *, dont la
plupart s’intéressaient déjà au fouriérisme avant que n’existe Le Phalanstère.
Au demeurant, et ce malgré la bonne volonté des disciples, la majeure partie du
journal resterait, pour un néophyte, assez obscur.
    * « Concernant l’administration du journal Le Phalanstère
», AN 10AS 25 (12) ; Le Globe comptait mille trois cents abonnés lorsqu’il fut
repris par les saint-simoniens : bien que ce chiffre soit vite tombé à cinq
cents, Le Globe, du temps des saint-simoniens, tirait à deux mille cinq cents
exemplaires. Voir Charléty, Histoire du saint-simonisme (1825-1864) (Paris,
1896), 145.
    Les disciples sont conscients des failles de leur journal. Le
polytechnicien Nicolas Lemoyne, qui ne mâche pas ses mots, va même jusqu’à

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