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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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d’importance. Les juifs avec qui j’en ai discuté pensent que le véritable but est d’annihiler leur peuple.
    — Et Giovanni était au courant ?
    — Oui.
    Le ton hésitant, je lui demandai :
    — As-tu jamais entendu dire qu’il pourrait être un converso  ?
    D’un geste qui me prit de court, Rocco tendit la main par-dessus la table et vint la poser sur la mienne. Elle était chaude et puissante. Me détourner de lui en cet instant aurait été malvenu. Par ailleurs, à dire vrai, je n’en avais aucune envie.
    — Ton père t’aimait profondément et a toujours agi dans le seul but de protéger. C’est pour cela, et aucune autre raison, qu’il ne t’a pas tout dit sur lui.
    Par la Sainte Vierge et tous les saints, est-ce que tout le monde savait pour mon père sauf moi ? Depuis que Borgia l’avait affirmé devant moi, la possibilité que ce soit la vérité commençait à faire son chemin. Mais j’avais toujours du mal à l’accepter.
    — Il ne me l’a pas dit… mais te l’a dit, à toi ?
    Rocco retira sa main et se pencha en arrière. Il semblait peser ses mots.
    — Quand j’ai rencontré ton père, j’étais en pleine crise spirituelle. Il a su le sentir, et m’a aidé. C’est ainsi que nous avons appris à nous connaître.
    — Alors, c’était un vrai chrétien… ?
    J’avais désespérément envie de le croire, car si mon père n’appartenait pas à la seule et véritable Foi, son âme était perdue à jamais : tout ce qu’on m’avait inculqué depuis ma naissance tendait vers cette même conclusion. Et pourtant, à bien y réfléchir, j’avais du mal à comprendre pourquoi Dieu voudrait qu’il en soit ainsi.
    C’est le genre de question que nous ne sommes pas censés nous poser. Mais je soupçonne qu’un certain nombre d’entre nous le fassent quand même, en particulier lorsqu’on aspire à un Dieu prodiguant Son amour à tous Ses enfants sans exception.
    Rocco reprit calmement :
    — Ton père avait vu dans les enseignements de notre Seigneur la preuve que le Messie était véritablement venu. Mais cela ne l’empêchait pas de toujours respecter les croyances de son peuple et de vouloir les aider.
    Et à cause de cela (j’en étais certaine à présent), il avait été tué.
    Plus tard j’aurais le temps de réfléchir à tout cela, mais présentement je n’avais d’autre choix que de poursuivre.
    — Je pense que mon père cherchait un moyen d’empêcher la publication de cet édit.
    — Mais si Innocent est sur le point de le signer…
    J’attendis, assurée de le voir reconstituer le reste mais étant moins certaine de sa réaction. Après tout, nous étions en train de parler du pape, sacré par Dieu Lui-même pour régner sur nous, Ses ouailles. Ce que mon père avait envisagé de faire n’était pas un simple assassinat, c’était un sacrilège de la pire sorte. Je n’aurais pas été surprise de voir Rocco s’en indigner, peut-être même me demander de sortir. Mais j’aurais dû avoir davantage foi en lui. Il pâlit, assurément, mais ne vacilla pas.
    — Lorsque Giovanni m’a prodigué ses conseils spirituels, il s’est appuyé sur les enseignements de saint Augustin, dont les écrits l’avaient grandement impressionné. Il pensait comme lui que le mal n’a pas d’existence indépendante : c’est simplement une absence de bien. Il vient à la vie lorsque l’on rejette le bien.
    Je ne me souciais guère de théologie, mais même moi je comprenais que l’existence avérée du mal dans notre monde rendrait impossible toute croyance en un Dieu infiniment bon, si Augustin n’avait démontré aussi brillamment que ce n’est pas Dieu qui crée le mal mais l’Homme lui-même, à travers son rejet de la bonté divine.
    — Comment Innocent peut-il embrasser le mal et servir encore Dieu ? avançai-je prudemment.
    Sans hésitation, Rocco répliqua :
    — Ce n’est pas possible. Aucun homme ne le peut, ni roi, ni prince… ni pape.
    Grandement soulagée de voir que nous étions d’accord sur ce point, mais ne présumant toujours de rien, je changeai de tactique en annonçant :
    — J’ai rencontré un prêtre nommé Bernando Morozzi. Il dit qu’il connaissait mon père, et toi aussi. Il est également au courant de ce que mon père tramait et prétend avoir voulu l’aider.
    — Je le connais, en effet, dit Rocco. J’ai fabriqué des instruments pour lui.
    — C’est un alchimiste ?
    Je mourais d’envie de lui demander si Morozzi

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