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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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guère foi en Dieu, j’en ai davantage en Rodrigo Borgia. Son ambition est telle qu’il pourrait bien encore l’emporter.
    Il me restait à prier pour qu’il ait raison, en supposant que j’y parvienne.
    C’est ainsi que nous nous quittâmes, et je regardai David disparaître rapidement dans les petites rues. Je pris la porte dérobée et arrivai à mes quartiers sans être vue. En gémissant de soulagement j’ôtai mes vêtements, que l’eau des douves avait non seulement rendus nauséabonds mais également très raides. Une fois nue, je me mis devant la bassine en cuivre dans un coin de ma chambre, me frottai de la tête aux pieds et me lavai également les cheveux. Le temps était compté, pour sûr, mais si je ne m’étais pas correctement décrassée je n’aurais pu approcher quiconque dans la maison sans éveiller d’intenses soupçons sur mes activités nocturnes. Après m’être rhabillée, je nattai mes cheveux mouillés et les enroulai autour de ma tête. Je n’avais pas terminé de les fixer à l’aide d’épingles que je me précipitais déjà hors de ma chambre en quête de réponses.
    J’espérais trouver Vittoro pour qu’il m’apprenne ce qui s’était passé au castel après notre fuite, mais il n’était nulle part. Le Cardinal ne se trouvait pas non plus au palazzo ; son bureau était vide, ses secrétaires absents. C’était bien dommage, car l’un d’eux aurait peut-être été en mesure de me dire au moins où il était.
    N’ayant d’autre choix, je me dirigeai résolument vers l’entrée principale du palazzo ou plus précisément juste à côté, vers la pièce exiguë dont la situation stratégique permettait à son occupant d’observer à loisir toutes les allées et venues. J’y trouvai l’intendant, Renaldo, penché au-dessus de ses registres. Il ne leva pas les yeux à mon arrivée tant il était absorbé par ses colonnes de chiffres, mais je le sentis se raidir au son de ma voix.
    — Pardonnez-moi, signore. Auriez-vous un instant à m’accorder ?
    Je m’étais décidée à faire preuve de courtoisie mais également de patience, ce qui était tout aussi bien lorsqu’il s’agissait de traiter avec ce petit homme anxieux, qui donnait en permanence l’impression d’être prêt à bondir tel le lièvre sur la lande. Ceux qui ne le connaissaient pas croyaient qu’il vivait dans la crainte du Cardinal, mais la vérité était à la fois plus simple et plus triste. Renaldo était en effet l’une de ces pauvres âmes qui traversent la vie terrestre en étant terrifiées de commettre une erreur. Le moindre détail – une addition mal faite dans une colonne, une virgule mal placée, un reçu égaré, une facture illisible, tout pouvait être prétexte à ce qu’on le questionne, et cette seule idée lui était insupportable. L’exactitude était ainsi devenue son rempart contre le monde entier, le bouclier derrière lequel il restait toujours tapi.
    Il se tourna et me regarda d’un air soupçonneux.
    — Que voulez-vous ?
    — Oh, rien de bien important, lui assurai-je.
    Je pris le ton le plus apaisant possible pour ajouter :
    — Je me disais simplement que vous sauriez me dire où trouver Son Éminence.
    Renaldo haussa les épaules et retourna à ses registres, me tournant le dos sans vergogne.
    — S’il souhaitait vous parler, vous sauriez où il se trouve.
    C’était d’une logique imparable, tout comme l’intense bouffée d’agacement qu’elle engendra. Mes quelques heures de repos dans la crypte de Minerve m’avaient littéralement épuisée. Par ailleurs, la tension de la nuit passée m’avait davantage ébranlée que je ne voulais bien l’admettre, en particulier lorsqu’on y ajoutait tout ce qui s’était passé avant.
    Me forçant à être aimable, je repris :
    — Vous avez raison, bien entendu, signore. Mais un problème vient juste d’être soulevé, qui requiert toute l’attention du Cardinal.
    — Vraiment ? Et puis-je savoir ce que c’est ?
    Au ton de sa voix, je sentis qu’il éprouvait un certain plaisir à me frustrer.
    Le désespoir me redonna courage. Je me penchai suffisamment près de lui pour le faire tressaillir, même si je n’aurais su dire si c’était de peur ou de quelque autre émotion.
    D’une voix douce, comme si je m’adressai à un intime, je lui murmurai :
    — J’ai terminé le nouveau poison plus tôt que je ne l’espérais. Il est incroyablement efficace. Son Éminence a demandé à être

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