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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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se détourna et me vit au moment même où la lueur d’une lampe de l’autel faisait briller la lame du couteau.
    Je bondis pour m’en saisir, et en pleurai de soulagement lorsque je sentis ma main se refermer autour du manche. Rassemblant toutes mes forces, je me remis debout. C’est ainsi que je ferais face à Morozzi et que, par Dieu ou par le Diable (en cet instant, cela ne m’importait vraiment plus), je le tuerais.
    Le prêtre fou se figea sur place, le visage déformé par la rage. Il allait se précipiter sur moi quand il repéra tout à coup le couteau. À ma consternation, je vis qu’il commençait à comprendre.
    — Strega, répéta-t-il d’une voix pleine de haine mais aussi de crainte. Son instinct de survie entra alors en action. Dans un rugissement de fureur, il fit demi-tour et prit la fuite.
    Au même moment, mes forces m’abandonnèrent. Je m’effondrai au sol. Ma gorge était en feu et chaque respiration virait au supplice. Plus tard je serais peut-être heureuse d’être en vie, mais en cet instant tout ce que je voyais, c’était que Morozzi m’avait échappé, encore une fois. Et telle la pauvre et faible créature que j’étais, je me mis à pleurer sur la pierre froide.

    Lentement, je pris conscience que je n’étais plus seule. Des mains me touchaient doucement. Des voix murmuraient. Quelqu’un me souleva et me porta longtemps, entre obscurité et lumières vacillantes, en haut d’un escalier, et enfin dans une pièce.
    — Approche la lampe.
    Je grimaçai et tentai de tourner la tête.
    — Tout va bien, je veux juste regarder ta gorge.
    Sofia. J’ouvris les yeux et la vis penchée sur moi, le visage crispé par l’angoisse. Elle s’approcha encore pour m’écouter respirer, puis se redressa et fit un signe de tête à quelqu’un qui se tenait derrière elle.
    — C’est sérieux, mais Dieu soit loué elle respire normalement.
    Ses mains douces s’affairèrent alors sur moi.
    — As-tu mal ailleurs ?
    Seulement à mon cœur, mais comment pouvais-je dire cela ? C’est ainsi que je secouai la tête et essayai péniblement de m’asseoir. Aussitôt, une silhouette familière s’approcha pour m’aider.
    — David… mais comment as-tu… ? fis-je d’une voix faible et rauque, ce qui ne l’empêcha pas de me comprendre.
    — Benjamin a tenu sa promesse, répondit-il en m’adossant contre un traversin. Le lit avait été mis derrière un rideau, dans la pièce arrière de l’échoppe de Sofia. Je sentais les herbes qui séchaient aux poutres et entendais le léger sifflement du feu dans le brasero, où de l’eau avait été mise à chauffer.
    — Il ne s’en est pas mêlé, mais par contre il a fait en sorte que je reste en contact avec Alfonso. C’est lui qui m’a fait prévenir que tu avais des ennuis.
    — Que je me suis fait avoir comme une débutante, tu veux dire. (En ayant fini avec les pleurs, je m’armai de courage pour affronter la vérité.) Morozzi a encore filé.
    — On sait, répliqua David gentiment. L’autre homme… je m’en suis… occupé.
    J’acquiesçai d’un signe de tête, sachant pertinemment qu’il valait mieux ne pas être dans les parages pour un juif lorsqu’un corps était retrouvé dans une église. Inévitablement, on l’aurait désigné coupable.
    Ce qui me rappela les paroles de Borgia concernant leur utilité. J’en eus la nausée. Ayant toujours du mal à m’exprimer, je fis signe à Sofia de s’approcher.
    — Je suis désolée, vous comptiez sur moi et je vous ai fait défaut, murmurai-je.
    Une larme coula sur sa joue argentée dans la lumière pâle. Ses bras m’enveloppèrent. Je humai le vague parfum de vinaigre qui ne la quittait jamais. Mais juste en dessous, prête à le masquer, je discernai une note de lavande mélangée à du citron, une odeur que je n’avais jamais associée à Sofia. À peine eus-je le temps de m’en étonner que j’entendis une femme commencer à chanter tout doucement. J’eus soudain une sensation d’immense bien-être. Pendant quelques secondes, je me sentis totalement en sécurité et aimée.
    Mais déjà, la terreur grondait en moi. Elle vint sans raison ni préavis. Je songeai vaguement que c’était une sorte de réaction à ce qui m’était arrivé dans l’église, mais il devint vite évident que c’était bien davantage que cela. J’étais purement et simplement transie de peur. Mon cœur se mit à battre à tout rompre, et j’eus le plus grand mal à

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