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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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millésime du Piémont, si je ne m’abusais.
    — Certains éléments me portent à croire que ses motivations sont plus complexes que cela. En donnant l’ordre de m’enfermer aussi ouvertement, il espère que tout le monde croira Borgia plus vulnérable, ce qui d’après lui fera sortir Morozzi de son trou.
    — Que dis-tu ? s’exclama Luigi. Il utiliserait son propre père, le pape lui-même, comme appât ?
    Cette idée le choquait visiblement.
    Pour ma part, je confesse avoir ressenti un certain plaisir à la pensée de Sa Sainteté clouée à son tour sur l’échiquier, comme elle-même savait si bien le faire avec ses pions. Ce qui ne veut pas dire que je ne cernais pas les faiblesses d’un tel plan ; mais il est vrai que je pourchassais Morozzi depuis plus longtemps (bien trop, même) que le fils de Jupiter.
    — Par deux fois j’ai servi d’appât, à la villa et à la basilique, et par deux fois cela a échoué. Pire, tout ce que l’on a réussi à faire ainsi, c’est inciter Morozzi à commettre son acte atroce de la nuit dernière.
    C’était une vérité difficile à accepter pour moi, mais je n’avais pas le choix : j’avais bien ma part de responsabilité dans la mort de la jeune fille.
    — Cela étant, poursuivis-je, il n’y a de toute façon plus d’autre issue que de se servir de Borgia.
    — Mais les risques…, commença Guillaume.
    — César déborde de confiance. À coup sûr, il ne doute pas de réussir à protéger son père. Pour ce faire, il s’est assuré le concours de Vittoro Romano, le propre capitaine de la garde du pape.
    — Mais c’est de la folie, protesta Luigi. César ne peut espérer prédire comment Morozzi va réagir en pareille circonstance. L’attaque contre Borgia pourrait venir de n’importe quelle direction, personne ne saurait parer à toutes les éventualités.
    — Tu as raison, approuvai-je. Je suis d’avis que César compte sur le fait que Morozzi commette une imprudence, quand il apprendra que je ne suis plus dans la course, concrètement. À ceci près que le prêtre fou est bien plus intelligent que César ne veut l’admettre. Il ne se laissera pas berner aussi facilement.
    — Dans ce cas, que proposes-tu ? s’enquit Guillaume.
    J’avais soigneusement réfléchi à ce que je leur dirais pour les convaincre, sachant bien que ce ne serait pas chose facile. Mais à peine avais-je commencé à leur détailler mon plan que Luigi faillit s’étrangler en buvant, et recracha prestement son vin dans la coupe. Il devint rouge comme une pivoine (de gêne ou parce qu’il avait manqué s’étouffer, je n’aurais su dire), et me regarda d’un air horrifié.
    Quant à Sofia, elle était devenue aussi pâle que les statues d’albâtre qui ornent les lieux saints.
    Seul Guillaume parut positivement intéressé. Me scrutant de son regard sombre, il demanda :
    — Et comment comptes-tu t’y prendre, exactement, pour mourir ?

28
    Arranger son propre trépas n’est pas sans attrait — bien que ce soit un attrait macabre, je vous l’accorde. Un événement sur lequel on n’a en règle générale aucune prise devient soudain susceptible d’être orchestré à la perfection. Mais avant de me plonger plus avant dans les détails, il y avait des problèmes d’ordre pratique à régler, le premier étant le choix de ma « dernière » demeure.
    Je proposai de faire de Luigi mon exécuteur testamentaire : à ce titre, il pourrait m’enterrer dans le tombeau familial des d’Amico. Je priai ensuite Guillaume de me servir de témoin à la rédaction de mon testament, et d’aider Luigi dans toutes les démarches. Quant à Sofia, seule elle pouvait me donner le moyen de quitter temporairement notre monde.
    — Il n’en est pas question, s’écria-t-elle. Le risque est trop grand. C’est de la folie, ne serait-ce que d’envisager une chose pareille. Tu n’as vraiment donc aucune idée de ce que…
    — Je me passerai de ton aide, si je ne peux faire autrement.
    Pendant un instant je crus qu’elle allait quitter les lieux en claquant la porte. L’effort qu’elle fit pour se contrôler était bien réel, en tout cas. Une fois qu’elle fut calmée, ses mains n’en continuèrent pas moins à s’agripper aux accoudoirs du fauteuil et ses yeux à me fixer intensément.
    — Si Morozzi est vraiment revenu à Rome pour tuer Borgia, raisonna-t-elle, il agira sans se soucier de ce qu’il peut bien t’arriver. Mais lorsqu’il

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