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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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larmes et détourner la tête, je sus que j’avais réussi à la rallier à la cause.
    Les détails pratiques du plan prirent ensuite le pas sur le reste. Nous descendîmes à la cave, où Luigi s’était aménagé une pièce à l’abri des regards pour ranger tous ses instruments, dont une balance. Une fois là, les hommes se retirèrent par courtoisie. Suivant les instructions de Sofia, j’ôtai tous mes vêtements hormis ma chemise, et me soumis à la plus rigoureuse des pesées. Puis Luigi revint en compagnie du plus loyal de ses secrétaires, qui prit sous la dictée mon dernier testament. J’attribuai tout d’abord les fonds nécessaires à des funérailles simples — et l’espérais-je, les plus courtes possibles. Ensuite, je divisai la majeure partie de mes maigres richesses entre Sofia (qui protesta mais qui, à n’en pas douter, saurait en faire bon usage) et Rocco, pour l’éducation de Nando. Mes livres devaient également être légués à Sofia. Je laissai une petite somme à Portia en lui demandant de s’occuper de Minerve. Sur un coup de tête, je décidai de léguer à Lucrèce le coffre de mariage de ma mère ; elle possédait des objets de bien plus grande valeur, à l’évidence, mais je sentais qu’elle apprécierait le geste et saurait en prendre soin. Quant à mon coffre à double fond, j’en fis don à César, qui serait à même d’en apprécier l’ingéniosité. Guillaume certifia l’authenticité de ma signature en y accolant la sienne ; après quoi mon testament fut rangé en sécurité dans le coffre-fort de Luigi.
    Tout était en ordre, excepté une dernière chose. Je ne suis pas femme sentimentale, étant d’avis que ce genre d’émotion ne mène qu’à la sottise. Mais Sofia m’ayant forcée à au moins envisager la possibilité que je puisse vraiment périr dans cette aventure, j’avais une dernière visite à rendre.
    En prenant garde aux patrouilles qui sillonnaient la ville de long en large, je me hâtai d’aller au Campo dei Fiori. Rocco se trouvait dans la cour arrière de son échoppe. Du coin où je me trouvais je l’observai couper au bout de sa canne de souffleur une sphère parfaite de verre pourpre strié d’or, avant de poser délicatement la pièce sur une étagère, pour la faire sécher. Je m’avançai alors et il eut l’air étonné mais, à mon soulagement, plutôt content de me voir.
    — Je croyais que César Borgia t’avait fait enfermer.
    — Mais c’est le cas, ne vois-tu pas ?
    Une bien piètre tentative de plaisanterie, à mettre sur le compte de mon état nerveux ; c’était ridicule, mais je me faisais l’effet d’une jouvencelle intimidée.
    Rocco ôta ses épais gants de cuir et les posa.
    — On dirait bien que notre jeune seigneur se fait une fausse idée de toi, n’est-ce pas ?
    N’ayant aucune envie de débattre avec Rocco des errances de César à mon propos, je me contentai de dire :
    — Il peut bien croire ce qu’il veut. En fait, je n’ai pas beaucoup de temps…
    À chaque minute passée dehors, le risque augmentait que l’un des condottieri ait soudain l’idée de s’assurer que j’étais encore bien sous les verrous.
    — Je suis simplement venue te dire que… J’y ai réfléchi, et…
    — Ne t’inquiète pas, me coupa Rocco. Il s’approcha prestement et me prit les deux mains. Je sentis leur chaleur, vis la lueur dans ses yeux — et en oubliai de respirer. Toute raideur le quitta, et il me parut tout à coup jeune et empressé.
    — Je suis désolé de t’avoir parlé de cela, m’expliqua-t-il. Rien n’est décidé, de toute façon. Je ne désire pas spécialement m’allier avec la famille d’Agnelli. En fait…
    — Mais tu devrais.
    Je me hâtai de parler, craignant soudain de perdre courage si je le laissais prononcer un seul autre mot, tant ma détermination était fragile.
    — Carlotta d’Agnelli est une femme merveilleuse, tout le monde le pense, et c’est une grande chance pour toi. Une chance que tu as méritée.
    Tout comme il ne méritait certainement pas une femme tourmentée par ses démons intérieurs et qui, d’une manière ou d’une autre, serait morte avant longtemps.
    Il s’immobilisa, et m’observa si attentivement que je n’eus d’autre choix que de détourner le regard, de crainte qu’il ne voie clair dans mon jeu trouble.
    — C’est pour cette raison que tu es venue ici, pour me dire ça ?
    C’est vrai, pourquoi ? Parce que si mon plan

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