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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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problème.
    — Soit, emmenez-la, mais discrètement. Et assurez-vous que personne ne vous verra l’enterrer, ou la lune ne sera pas encore levée que son corps aura déjà été déterré.
    Vittoro proposa de passer par l’un des deux tunnels qu’il n’avait pas fait sceller au palais du Vatican. L’idée était de me faire sortir de là au plus vite, puis de me cacher dans un chariot jusqu’au tombeau familial de Luigi.
    Une petite procession se forma alors rapidement, composée de Vittoro, d’une dizaine de condottieri, de Rocco (qui faisait de son mieux pour consoler Nando), de Luigi — et de moi-même, bien sûr. Deux des gardes furent désignés pour porter le brancard, et le reste se répartit entre l’avant et l’arrière du cortège, afin d’empêcher toute intrusion.
    Mais c’était compter sans César. Quand il entendit les gardes libérer bruyamment le passage devant l’entrée du tunnel, il se retourna pour voir ce qu’il se passait. Et en constatant que l’on m’emportait à la hâte, il en oublia sur-le-champ son chagrin, bomba le torse et annonça sans détour qu’il mènerait le deuil et veillerait lui-même à ma mise au tombeau. Après tout c’était son droit, car il était ce que j’avais de plus approchant d’un mari.
    Je préfère ne pas savoir ce que Rocco en pensa, même s’il ne dut être guère surpris. Il avait été aux premières loges, ce fameux matin sur la place devant Saint-Pierre, lorsque César s’était montré si possessif envers moi. Par ailleurs, il devait forcément savoir que j’étais une femme peu orthodoxe en matière d’amour, voire ouvertement passionnée. De grâce, faites qu’il l’ait vraiment su et ne l’ait pas découvert ce jour-là, même s’il prétend que le passé n’importe pas. Toujours est-il qu’il décida alors de ne pas continuer, visiblement peu enclin à assister au spectacle de César portant le deuil pour moi.
    Et c’est ainsi que nous partîmes tous, d’abord à pied, puis en chariot, jusqu’à arriver au tombeau de la famille d’Amico, dans un petit jardin ravissant juste à côté du palazzo de Luigi. Il avait fait construire là un petit bijou de chapelle, et en dessous une crypte en brique polie et au plafond en voûte abritant plusieurs bières en marbre. La coutume voulait à l’époque (et encore aujourd’hui) que les riches reposent de façon à ce qu’avec le temps, lorsque leur dépouille mortelle se serait totalement désintégrée, leurs os soient transférés dans un ossuaire. Luigi étant le premier de sa famille à s’élever à une telle position sociale, le tombeau n’avait encore jamais servi — ce qui était en partie la raison pour laquelle je l’avais choisi. Je n’avais pas exactement envie de me réveiller au milieu de cadavres décomposés.
    Mais assez de tout cela. Sofia et David attendaient non loin, à moitié cachés derrière un bouquet de tilleuls, en compagnie de Benjamin qui avait insisté pour venir. C’est ainsi qu’ils virent la petite procession arriver, et Luigi guider tout le monde au tombeau ; César, quant à lui, marchait à côté du brancard. Les doubles portes furent déverrouillées, puis ouvertes. On me transporta en bas d’un petit escalier ; l’intérieur était déjà éclairé par des torches. Selon les instructions de Luigi, mon corps fut placé sur l’une des bières en marbre. Un linceul de soie vaporeuse (envoyé à cette fin par Lucrèce) fut placé sur moi, m’enveloppant de la tête aux pieds.
    César congédia Vittoro et ses hommes, leur ordonnant de retourner au Vatican pour protéger le pape.
    — Soyez assuré, Signore, déclama Luigi lorsqu’ils furent partis, qu’elle sera en sécurité ici. Elle n’a pas eu une vie facile, mais elle est en paix maintenant. Laissons-la, à présent.
    Mais à sa grande horreur, il vit que César ne bougeait pas. Avec beaucoup de dignité, le fils de Jupiter exigea alors qu’il sorte du tombeau. Il souhaitait prier pour le repos de mon âme.

31
    Les souvenirs que j’ai de mon retour à la vie sont ténus. L’image la plus parlante pour moi est celle d’eaux sombres au fond desquelles je serais restée pendant un temps indéterminé, et d’où peu à peu je serais remontée vers la surface. Je n’avais aucune idée de mon identité, ni aucun désir de le savoir. J’étais, tout simplement, un état qui me remplissait d’une béatitude indescriptible.
    Progressivement, la conscience de mon

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