Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
Vom Netzwerk:
risquer d’en faire profiter l’infâme ennemi qui venait de tuer l’une des leurs.
    J’assistai alors avec un plaisir certain à leur réaction. À peine quelques heures plus tôt, ils avaient appris non seulement ma mort mais également les honneurs auxquels j’avais eu droit pour mes funérailles, certes expéditives mais qui avaient attiré beaucoup de monde et été conduites par le pape en personne. Incontestablement, il est difficile d’être plus trépassé que lorsque le Vicaire du Christ sur Terre vous envoie lui-même vers votre repos éternel.
    Et pourtant j’étais là, et bien vivante. Même Orphée revenant des Enfers n’aurait pas été reçu avec un tel respect inspiré par la crainte. Ils reculèrent tous, bouche bée et les yeux écarquillés, et ne tentèrent aucunement de me faire obstacle lorsque je fis mine d’avancer jusqu’au trône d’Alfonso.
    Il re était affalé dans son fauteuil doré, son maigre visage marqué par le chagrin. La jumelle de la morte était agenouillée à ses côtés, éplorée.
    Levant les yeux il me vit, et pendant une minute je crus que la terreur allait l’emporter. Mais les événements dont il avait été témoin semblaient lui avoir ôté toute capacité à s’émouvoir, et il se contenta de hausser les épaules.
    — Te serais-tu perdue en chemin vers l’enfer ?
    — Eh bien non, mais je comprends que tu puisses penser cela. Je suis sincèrement désolée de ce qui s’est passé.
    — Ça ne serait jamais arrivé si je n’avais pas accepté de faire cause commune avec toi.
    C’était la stricte vérité, je ne pouvais le nier. Bien malgré moi, j’avais joué un rôle dans ce terrible drame – encore un péché pour lequel jamais je ne pourrais me racheter.
    — Je conçois fort bien que tu sois inconsolable, répondis-je. Mais je suis venue te donner une information qui, je l’espère, te sera utile.
    Il me regarda de son œil qui ne louchait pas.
    — Quelle information ?
    — Morozzi n’a pas agi seul. Il s’est fait aider de six membres d’Il Frateschi qui logent en ce moment même à la pension voisine de Sainte-Marie. Ils se font passer pour des marchands florentins.
    Alfonso se redressa quelque peu et me regarda avec attention.
    — En es-tu sûre ?
    — Certaine. Tu dois facilement pouvoir le confirmer, au besoin.
    — D’accord, répliqua Alfonso. Et que fait-on du prêtre ?
    — Laisse-le-moi.
    — J’aime mieux pas.
    — Je comprends, mais tu n’as pas le choix. Non que j’aie davantage de droits que toi sur lui, mais il n’empêche qu’il est à moi.
    Alfonso y réfléchit un moment. Finalement, il me demanda :
    — Tu crois qu’elle a souffert longtemps ?
    — Non. Je pense que la fumée l’a suffoquée avant que les flammes n’aient le temps de faire grand-chose.
    Ainsi les choses se passaient-elles parfois ; mais si l’on veut s’assurer que le tourment du condamné sera le plus long possible, on peut aussi préparer le bûcher avec du bois vert. J’espérais seulement que la fille n’avait pas eu cette malchance.
    — Je veux qu’il souffre, rétorqua Alfonso d’une voix qui tout à coup me parut très jeune, une voix d’enfant presque, mais sortant d’un corps que les épreuves auraient fait vieillir prématurément.
    — Je te le promets, soufflai-je, sachant bien que dans le registre que je tenais au fond de mon âme, l’agonie de la fille et la peine de ses camarades s’étaient ajoutées à tous les torts que Morozzi avait déjà causés, sans compter ceux qu’il projetait. Lorsque viendrait le temps pour lui de payer, le prix serait colossal.
    Je quittai le monde souterrain avec la certitude qu’Alfonso ferait le nécessaire pour éliminer tous les alliés sur lesquels Morozzi aurait encore pu s’appuyer. Lorsque j’émergeai du tunnel, les derniers rayons de soleil avaient fait prendre une teinte rouge doré aux toits de Rome. La maison de César se trouvait non loin de là, près du fleuve ; et à quelques pas sa jumelle, bâtie pour Juan. Même si un seul homme et ses domestiques y logeaient, elle était à peine moins grande que mon immeuble tout entier, et comportait trois étages, un toit de tuiles en pente et des petites fenêtres à barreaux donnant sur la rue. Seule la finesse des sculptures dans l’encadrement de chaque fenêtre et sous le toit, ainsi que la présence de gens d’armes devant la porte d’entrée, indiquaient que c’était là la résidence

Weitere Kostenlose Bücher