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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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fit-il.
    — C’est plutôt ta déplorable sécurité qui te tuera, rétorquai-je, et bien avant moi.
    Dans son regard passa une lueur impénétrable.
    — As-tu une quelconque idée, soupira-t-il, du prix à payer pour ceux qui tiennent à toi ?
    J’ouvris la bouche dans l’intention de lui dire que je n’étais pas assez sotte pour prendre sa remarque au sérieux, mais restai muette. Quelle qu’en soit la raison (ma nature contrariante, les ténèbres qui m’habitent, ou autre chose encore), j’étais tout bonnement incapable d’envisager que ses paroles puissent venir du cœur. Après un autre de ces regards appuyés et plein de sous-entendus dans ma direction, il ôta sa cape d’un geste, la laissa négligemment tomber par terre et se tourna vers le miroir. J’eus à peine le temps de me demander ce qu’il était en train de fabriquer qu’il souleva un loquet escamoté, ce qui eut pour effet de faire pivoter le miroir vers nous.
    — Allez, debout, s’exclama César en me tendant la main. Avant d’avoir même l’idée de protester, je fus poussée dans le passage derrière le miroir, et il m’y suivit prestement.
    Je me retrouvai aussitôt dans un élégant salon, faiblement éclairé par de petites fenêtres à claire-voie, près du plafond. Pendant que j’observais les lieux, César alluma plusieurs candélabres. Je me rendis alors compte que nous nous trouvions dans un petit appartement ingénieusement dissimulé.
    — Il en existe un en tous points similaires dans la maison de Juan, précisa-t-il en voyant mon regard étonné. (Il retourna fermer le miroir, qui de ce côté-ci revêtait l’apparence d’une banale porte.) Pour sortir en cachette, il suffit de prendre un escalier secret qui mène à un passage débouchant derrière les écuries, près du fleuve. J’y ai toujours à disposition des chevaux, ainsi que plusieurs barques.
    Ne me remettant toujours pas de ma stupeur, je dis dans un souffle :
    — Ton père a vraiment pensé à tout.
    Ou du moins, à tout ce qu’il fallait pour prendre rapidement la fuite, dût-il arriver un jour funeste où cela deviendrait nécessaire.
    — En fait, c’est moi. Il avait déjà dans l’idée de construire les deux maisons, mais je lui ai suggéré de songer dès le départ à notre intimité et à notre sécurité, qui deviendraient primordiales le jour où il serait élu pape. Fort heureusement, il a convenu que j’avais raison. (Il eut un temps d’arrêt.) Naturellement, c’était à l’époque où il ne me prenait pas pour son ennemi.
    — Il n’est pas sérieux quand il dit cela, répliquai-je, en y croyant très fort.
    — Certes, mais il est tout de même prêt à l’envisager. Tourne-toi.
    Ses mains étaient déjà sur les lacets de mon pourpoint – mais j’avais encore des questions pour lui, et ne me laisserais pas distraire, pour une fois.
    — Ton père, où est-il ? fis-je en me campant devant lui.
    — Il est parti pour le château Saint-Ange sitôt tes funérailles terminées. Il y est en ce moment même, sous bonne garde grâce à Vittoro. Tiens-toi donc tranquille.
    Ainsi ma « mort » avait-elle inspiré à Borgia l’idée de trouver refuge dans l’antique forteresse de Rome, l’endroit même où j’avais failli périr l’année précédente alors que je faisais tout mon possible pour précipiter le précédent pape vers sa demeure éternelle ? Cela me donnait à réfléchir.
    — Si Morozzi apprend qu’il est là-bas…
    Le prêtre fou connaissait fort bien le castel, y ayant vécu pendant un temps, quand il faisait partie du cercle d’intimes d’Innocent viii. S’il y avait bien quelqu’un (à part moi) capable de pénétrer dans la forteresse avec de mauvaises intentions, c’était lui.
    — Pour s’y rendre, papa a pris par le passetto, précisa César, désignant ainsi le passage dissimulé dans ce qui ressemble à s’y méprendre à un vieux mur fortifié, entre le Vatican et le castel. Et tu penses bien que tout est fait pour qu’on le croie encore au Vatican. On a aussi laissé la voie libre à Morozzi au palais – pas trop pour ne pas éveiller ses soupçons, mais tout de même suffisamment pour qu’il soit tenté d’agir.
    — C’est très bien tout ça, mais le pape ne pourra pas rester caché bien longtemps. Tu n’as tout de même pas oublié que Giovanni Sforza est censé arriver de Pesaro demain.
    Et son mariage avec Lucrèce avoir lieu deux jours après. Fatalement,

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