Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
Vom Netzwerk:
maintenant.
    Le plus fugace des regards passa entre David et elle. Aussi facilement que cela, il se mit en position devant César et Luigi et entreprit, l’air de rien, de retarder leur départ du tombeau.
    En sentant les premiers rayons du soleil sur ma peau, une immense vague de soulagement me submergea. J’avais fait un pari fou, et j’en étais sortie vivante. Pour cela je me sentais profondément reconnaissante, mais l’expression de ma gratitude devrait pourtant attendre.
    Je saluai brièvement Sofia de la tête avant de m’éclipser par le bouquet de tilleuls, qui donnait sur la rue animée.

32
    L’après-midi était déjà bien avancé lorsque j’entrepris de traverser le fleuve pour me rendre dans le Trastevere. Je me rendais compte que j’étais davantage fragile que je n’avais bien voulu l’admettre, que ce soit en corps comme en esprit.
    Les eaux sombres dans lesquelles j’avais flotté pendant tant d’heures n’avaient pas complètement desserré leur étreinte. C’est ainsi que je continuais à me mouvoir dans la lumière déclinante en sentant tout autour de moi une réminiscence de cette étrange béatitude que j’avais ressentie en revenant à moi. Elle me rattachait comme à un fil à cette sensation que jamais je n’oublierais totalement, de ne faire qu’un avec moi-même.
    Dans ma tenue de page, personne ne me remarquait. Tout en marchant j’écoutais des bribes de conversation, ici et là. Pour la majeure partie je n’entendis rien d’intéressant, mais de temps à autre un passant faisait référence à la mort de la strega, aux chances de survie de Borgia (que l’on estimait plutôt faibles), ainsi qu’à la terrible guerre que della Rovere et lui semblaient déterminés à infliger au peuple, alors que ce dernier ne demandait qu’une chose : qu’on le laisse tranquille.
    Je réfléchissais à tout cela, en traversant le pont Sisto, lorsque j’eus la désagréable surprise d’apercevoir Vittoro venir en face de moi, à cheval. Il était en train de patrouiller avec plusieurs condottieri, dont le malheureux qui avait eu la malchance de se retrouver posté devant ma porte. Je fus heureuse de constater qu’il n’avait pas souffert de ma « mort » même si, selon toute vraisemblance, le pardon qu’on lui avait accordé était moins dû à un soudain accès de clémence de César Borgia qu’au besoin d’avoir à disposition le plus d’hommes armés possible pour assurer la défense du pape.
    Vittoro – en voilà encore un à qui je devrais tout expliquer et dont je devrais implorer le pardon, mais plutôt que de me soucier de cela maintenant je songeai à la gentillesse de sa famille venue au grand complet à la chapelle pour me pleurer, ainsi que Luigi me l’avait brièvement rapporté. Faire cela pour quelqu’un que la plupart des Romains accusaient d’être une sorcière demandait du courage et une sincère bonté de cœur. Je me dis alors que j’étais moins seule en ce monde que je ne l’avais pensé jusqu’à présent, et les eaux sombres perdirent un peu plus encore de leur attrait.
    Dans le labyrinthe de rues étroites qui se déployaient en éventail depuis les avenues des quartiers cossus, je retrouvai le mur recouvert de lierre dissimulant l’entrée du royaume d’Alfonso. Je me servis du silex et de l’amadou que j’avais empruntés à Luigi pour avoir un peu de lumière. Le tunnel que j’avais devant moi était toujours aussi peu accueillant que dans mon souvenir, mais je n’eus aucune hésitation – c’était le moins que je puisse faire pour Alfonso et la jeune fille que Morozzi avait transformée en torche vivante.
    À peine étais-je arrivée au niveau des restes de la villa ensevelie, où j’avais rencontré pour la première fois il re dei contrabbandieri, que je me fis repérer par plusieurs de ses acolytes. Aussitôt je fus encerclée par une bande de garçons (et quelques filles) en colère, qui avaient encore les yeux rouges et semblaient prêts à écorcher vif tout intrus osant s’aventurer dans leur fief.
    Vite, j’ôtai mon chapeau de page, laissai retomber mes cheveux et annonçai d’une voix forte :
    — C’est moi, Francesca Giordano. Si vous tentez de m’attaquer, préparez-vous à mourir.
    Je prenais un risque en leur révélant mon secret, mais je me figurais que je n’avais pas le choix. Par ailleurs, j’étais d’avis qu’avec les récents événements, ils choisiraient de le taire plutôt que de

Weitere Kostenlose Bücher