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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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c’était le cas, et davantage encore. Ce serait pour le moins fâcheux que Borgia soit impliqué dans quelque affaire dont nous, ses fidèles serviteurs, n’étions pas au courant. Dès lors, comment garantir son confort et son bien-être ?
    Sans parler du nôtre.
    — Je vais essayer d’en savoir plus, me promit l’intendant.
    À peine eus-je le temps de le remercier qu’un secrétaire faisait son apparition : Renaldo était appelé dans le saint des saints. Il me quitta en arborant l’air affairé de circonstance. De mon côté, je m’en retournai d’un pas lent aux cuisines, où je continuai mon inspection des dernières livraisons de denrées. C’était bien beau de réfléchir au meilleur moyen d’empoisonner della Rovere, mais au vu de la situation catastrophique dans laquelle nous nous trouvions, il me fallait redoubler de précautions pour être sûre que ce n’était pas plutôt Borgia qui allait l’être.
    Le temps que j’en termine avec tout cela, l’après-midi touchait à sa fin. Je me sentais lasse, et songeai à rentrer à mon appartement pour me reposer, car j’en avais grand besoin. Mais je n’avais pas la conscience tranquille : soudain se rappelait à mon bon souvenir un devoir que j’avais trop longtemps négligé d’accomplir. Je n’ai jamais eu ce sens de l’amitié qu’ont certains, mais je pouvais toujours remédier à cette défaillance sur l’instant. C’est ainsi que je pris la direction du palazzo Santa Maria in Portico.

7
    Lucrèce était assise dans une sorte de nid douillet fait de brocart orné de pierreries, de velours chatoyant, de drap d’or et d’argent filé, tel un splendide oiseau de paradis dans son habitat naturel.
    Elle était en pleurs. Son teint, qui en temps normal évoquait l’albâtre avec une nuance de rosé, était présentement marbré et bouffi de larmes. Elle était tout échevelée, ses cheveux dorés, d’habitude coiffés en anglaises retombant autour de son beau visage, n’ayant pas été peignés. Son expression, son corps tout entier, respiraient la tristesse et la souffrance.
    Ses dames de compagnie rôdaient autour d’elle en arborant divers degrés d’anxiété et d’ennui. Borgia avait récemment décrété qu’en tant que fille d’un pape régnant, Lucrèce devait être dotée d’un entourage digne de ce nom. Les grandes familles s’étaient montrées réticentes à l’idée de sacrifier leurs filles, veuves ou nièces pour une telle cause, mais dans les rangs des arrivistes et des négociants ambitieux, l’on avait été plus obligeant. À ce que j’en voyais, à eux tous ils n’avaient pas été capables de fournir une seule jeune femme à même de gérer une crise domestique, aussi mineure fût-elle.
    — Il me hait ! s’exclama Lucrèce quand elle me vit. C’est insupportable ! Comment peut-il se montrer aussi cruel, surtout en ce moment, quand il sait combien je m’inquiète ?
    Je ne tentai même pas de répondre, préférant m’agenouiller sur les étoffes abîmées pour l’étreindre. Ses pleurs redoublèrent pendant plusieurs minutes, tandis que je lui tapotai le dos et lui murmurai des paroles apaisantes.
    — Là, là, lui susurrai-je, ou quelque chose d’analogue.
    Une telle scène peut paraître étrange, au vu de notre statut social éloigné, mais sachez que la fille du pape et moi nous connaissions depuis des années. À l’époque de notre rencontre, j’étais une petite fille innocente et Lucrèce sortait à peine du berceau. Malgré nos différences, nous avions en commun le fait d’être les filles uniques d’hommes puissants qui, tout en faisant uniquement preuve d’amour et d’attention à notre égard (du moins, c’est ce que nous aimions à croire), instillaient chacun à leur manière, et chez la plupart des gens, la peur. C’était un lien que même les plus dures contraintes de nos vies n’avaient jamais réussi à briser.
    Au bout d’un moment sa détresse laissa place à des sanglots, qui s’espacèrent de plus en plus, jusqu’à ce qu’enfin vienne le silence. Elle se redressa quelque peu et me regarda, les yeux rouges et gonflés.
    Dans un murmure teinté d’incrédulité, elle me demanda :
    — Comment ose-t-il ? Dis-moi juste ça.
    Une lettre, dont le sceau de cire rouge avait été ouvert, gisait sur le sol à côté d’elle. Je la ramassai, et après l’avoir parcourue en fis une boule que je glissai dans la poche de ma robe. Les quelques lignes que

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