Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
Vom Netzwerk:
« yeux » venait au rapport. La Bella était très mécontente, m’a-t-on dit. On raconte qu’elle serait de nouveau enceinte.
    Je n’étais pas au courant et fus contente de l’apprendre. Cela me faisait d’autant plus plaisir pour La Bella qu’elle avait perdu un bébé l’an passé, et que je me sentais en partie responsable de ce drame même si ce jour-là j’avais réussi à lui sauver la vie.
    — Qu’y avait-il de si urgent ?
    Renaldo s’approcha. Il prit le temps de jeter un regard furtif par-dessus son épaule pour être absolument certain que personne d’autre n’allait l’entendre, puis me chuchota :
    — Les membres d’Il Frateschi sont à Rome.
    Je dus me retenir de ne pas frissonner. La « Fraternité », comme elle se faisait appeler, était un groupe de disciples fanatiques du frère Jérôme Savonarole, un fléau apparu à Florence trois ans plus tôt, et qui depuis n’avait cessé d’exhorter le peuple à la haine. À en croire les rapports que Borgia recevait presque quotidiennement, les sermons délirants du fougueux dominicain contre les riches et les puissants (qu’il accusait de tous les maux) et les juifs (leurs complices) attiraient toujours plus de gens. L’un de ses chevaux de bataille était les Médicis et ce qu’ils avaient fait de leur opulente cité où, comble de l’horreur, art et tolérance régnaient en maître ; les premiers étaient dénigrés à tout-va, la seconde qualifiée de creuset du diable. L’impuissance, jusque-là, de la grande famille florentine à le réduire au silence ne faisait qu’ajouter à son aura d’autorité divine.
    Mais plus important, Savonarole et ses frateschi représentaient pour moi les ennemis jurés de la cause à laquelle les membres de Lux s’étaient voués. S’ils devaient l’emporter un jour (que Dieu et tous les saints nous en gardent), nous serions les premiers à aller au bûcher.
    — Tout de même, ils n’oseraient pas venir ici.
    Tout en disant cela, j’évaluai la probabilité que j’avais de me tromper. Si Savonarole croyait que Borgia était véritablement sur le point d’être destitué, il pourrait fort bien vouloir ses disciples au plus près du siège de la papauté, pour être sûr que l’un des leurs soit élu.
    Et si cela arrivait, ce serait la fin de tout – plus particulièrement, toute chance de voir la lumière de la connaissance tirer l’humanité de la fange dans laquelle nous nous vautrions depuis si longtemps serait anéantie. Nous retomberions dans les ténèbres, peut-être pour ne plus jamais en sortir. Malgré tous ses défauts (dont je commençais seulement à soupçonner l’ampleur), Borgia était notre meilleur rempart contre les Savonarole de ce monde.
    Par ailleurs, pour autant qu’Il Papa soupçonnât son rival della Rovere d’être derrière les tentatives d’empoisonnement contre lui, il était tout aussi possible que ce soit Il Frateschi, les coupables. Comment savoir jusqu’où de tels fanatiques étaient capables d’aller, ou avec qui ils s’associeraient pour parvenir à leurs fins ?
    — Qui est vraiment à même de dire ce qu’ils osent et n’osent pas faire ? rétorqua Renaldo. Tout ce que je sais, c’est que notre maître est assailli de toutes parts par les problèmes. Certes, beaucoup sont de son fait mais le reste n’est que pure calomnie, orchestrée par des hommes prêts à toutes les bassesses pour s’élever.
    Je n’aurais su mieux le dire. Assurément Borgia était loin d’être un ange, mais ses ennemis étaient bien trop souvent des hommes qui n’hésiteraient pas à acculer le monde à la ruine si, ce faisant, ils pouvaient en tirer quelque profit.
    — Dans ce cas, nous devons nous assurer qu’ils n’y parviendront pas, Maître d’Marco.
    Sous ses airs de furet, Renaldo n’en était pas moins un homme courageux. Il se redressa, me regarda droit dans les yeux et déclara :
    — Vous avez raison, Donna Francesca, c’est notre devoir. Il compte sur nous.
    — À ce propos… (Je baissai la voix encore d’un cran, forçant l’intendant à se pencher plus près.) Savez-vous où Sa Sainteté va se cacher, ces temps-ci ?
    — Je ne suis pas sûr de vous suivre…
    — Ses secrétaires disent qu’il lui arrive de disparaître depuis son bureau.
    — La Bella…
    — Il n’est ni avec elle, ni dans aucun autre lieu connu de nous. Vous comprendrez que cela pose un problème de sécurité.
    J’espérais bien que

Weitere Kostenlose Bücher