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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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pour moi. Borgia me scruta un instant de plus, avant d’ajouter :
    — La prochaine fois que tu vois mon fils, rappelle-lui de se tenir correctement au mariage. Je ne tolérerai aucune imbécillité de sa part ce jour-là.
    — Je ne compte pas le revoir d’ici peu.
    Ou de sitôt, avais-je envie de dire, car au vu de son humeur du moment il valait peut-être mieux qu’il reste à l’écart de Rome jusqu’à ce que Lucrèce ait vraiment célébré ses noces.
    Borgia se contenta de sourire et de me faire signe de le laisser. Je m’exécutai, mais j’avais encore du mal à accepter ce qu’il m’avait ordonné de faire. Si l’on mettait de côté les obstacles matériels, je n’étais pas convaincue qu’envoyer Giuliano della Rovere dans l’autre monde servirait véritablement à quoi que ce soit. L’Église serait encore et toujours dévorée par l’ambition et la vénalité. Et le commun des mortels, me direz-vous ? Ils seraient encore et toujours distraits par le combat quotidien pour leur survie, et bien trop las pour se soucier véritablement des agissements des puissants de ce monde. À moins que quelque chose ne se passe, qui parvienne à percer le brouillard d’apathie dans lequel ils étaient plongés et ainsi à capter leur attention. La mort d’un cardinal, par exemple ? Cela suffirait-il à faire descendre les gens dans la rue ?
    Je n’eus pas le temps d’y réfléchir plus avant, car Renaldo m’attendait dans l’antichambre. L’intendant m’indiqua de la tête l’endroit où nous avions eu une petite conversation au coin du feu la veille. Je l’y rejoignis. L’humeur de Borgia était telle que je n’avais pas osé le questionner sur ce qu’il savait de l’incendie à la villa, mais il n’en allait pas de même pour Renaldo : je n’aurais aucune hésitation à essayer de le faire parler.
    J’allais ouvrir la bouche lorsqu’il me confia : « Il a signé la bulle. » À l’air qu’il arborait, il avait dû empocher une belle somme.
    J’acquiesçai d’un signe de tête, moi-même soulagée de voir la question réglée ; mais j’étais toujours déterminée à en apprendre davantage.
    — C’est très bien tout cela, mais comme vous le savez sans aucun doute déjà, Sa Sainteté est préoccupée.
    L’intendant me regarda soudain avec intérêt. À n’en pas douter, il avait bon espoir que je lui révèle le contenu de la conversation que Borgia avait jugé bon d’avoir en privé avec son empoisonneuse. Les paris à ce sujet allaient être acharnés ; d’ailleurs, il était probable que l’on ait déjà commencé dans les tavernes à estimer mes chances d’être envoyée à Savone pour tuer della Rovere et, pour les plus aventureux, à parier sur la probabilité que j’avais de réussir.
    — Je me demandais si vous saviez pourquoi, continuai-je, ôtant toute illusion à Renaldo tout en le flattant par mon apparente foi en son opinion. Le fait est que l’intendant aurait pu devenir un homme immensément riche (au lieu de simplement vivre dans l’aisance), s’il avait choisi de monnayer ce qu’il savait de Borgia. On présume toujours que les secrets sont dissimulés dans des messages codés ou révélés dans le creux de l’oreille, alors qu’en vérité la meilleure façon de comprendre les agissements d’un grand homme est de regarder ses livres de comptes. En voyant comment et où il dépense son argent, vous saurez tout ce qu’il importe de savoir de lui.
    C’était Renaldo qui s’acquittait de cette tâche pour Borgia, avec un soin tout particulier. Il savait combien le pape dépensait en bouillie de flocons d’avoine pour les tournebroches en cuisine, mais aussi en petits jouets à caractère licencieux destinés à La Bella, sans oublier tout le reste.
    — Il y a récemment eu toute une vague de paiements, murmura-t-il. Comme tout bon gardien des richesses de son maître, cela peinait grandement Renaldo de s’en défaire. Ces temps-ci, il paraissait avoir souffert davantage qu’à l’accoutumée.
    — À quelqu’un en particulier ?
    L’intendant secoua la tête.
    — À une foule de gens, plutôt. Argos est un amateur, à côté de notre maître.
    Je souris en entendant cette référence au géant de la mythologie grecque doté de cent yeux. Mais je me demandais également qui Borgia faisait espionner – et pourquoi.
    — Il a eu de la visite ce matin, continua Renaldo. Il n’était même pas encore levé que l’un de ses

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