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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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également résolue (ou peut-être désespérée) au point de finir par mettre de côté ses scrupules et me demander, en me regardant droit dans les yeux :
    — Si jamais un jour j’avais besoin de les connaître, m’aiderais-tu ?
    Ah, combien Giovanni Sforza aurait-il donné pour savoir que sa fiancée avait posé une telle question ? Et pour connaître la réponse que je lui fis ?
    — Je ferai tout ce qui est nécessaire pour vous protéger.

8
    Je m’attardai quelques instants de plus dans les appartements de Lucrèce, mais déclinai son invitation à rester pour la nuit. À cette heure avancée, je me sentais si fatiguée que je n’étais plus capable de mettre un pied devant l’autre. C’est ainsi que je cédai à la tentation de me faire ramener à mon appartement dans une chaise à porteurs.
    Il ne me restait plus qu’une tâche à accomplir avant de pouvoir rejoindre mon lit, en espérant que je ne ferais pas de cauchemar. M’arrêtant chez Portia pour lui donner le panier de cerises que j’avais dérobées pour elle, je levai la main pour frapper, avant de voir que la porte était légèrement entrouverte. De l’intérieur, dans l’obscurité de l’appartement, j’entendis un faible gémissement.
    Je posai le panier sur le seuil et entrai avec précaution. Par-dessus tout je craignais que Portia se soit mise en travers de leur chemin, si d’aventure ceux qui se trouvaient derrière l’attaque contre Lux étaient venus me chercher.
    Je glissai une main sous ma robe pour prendre le couteau que je portais dans un fourreau de cuir tout près du cœur. C’était César qui me l’avait offert, à cause de ma propension (avérée selon lui) à m’attirer les ennuis. Je ne saurais dire pourquoi il pensait cela mais pendant plusieurs nuits, alors que nous étions rassasiés de vin et de plaisirs charnels, il m’avait montré comment m’en servir. Pour ne pas vous distraire, je ne vous inviterai pas à l’imaginer nu, à la lumière des bougies, en train de me montrer comment égorger correctement un homme ; mais sachez que d’après lui j’étais tellement douée que c’en était alarmant.
    Je serrai fermement le manche des deux mains pour tenter d’en arrêter le tremblement. J’étais sur le point d’appeler la portatore quand soudain, un mouvement à ma gauche m’alerta d’un danger. Je me tournai et vis dans le noir la forme d’un homme venant à pas de loup vers moi. Je n’eus que très peu de temps pour me faire une impression de lui : plus grand que moi, les épaules larges, agile. La lueur froide de l’acier dans sa main m’ôta toute autre pensée.
    L’assaillant s’approcha encore, émergeant lentement de l’obscurité. J’entraperçus un visage jeune, à la mine sévère, puis…
    Puis, je ne fus plus moi-même. Telle une vague qui surgirait tout à coup après une tempête, poussée par des forces invisibles en profondeur, la noirceur en moi se réveilla. Elle vint accompagnée d’une colère irrésistible, qui balaya tout sur son passage. La femme que j’ai la prétention d’être disparut alors, au profit d’une rage vorace que je n’aurais pu ni ignorer, ni maîtriser.
    Au plus profond de moi j’entendis mon cœur battre la cadence, gravement. J’eus soudain l’impression de pouvoir déceler le moindre mouvement dans l’air, qui semblait onduler autour de moi. Je pivotai sur un pied, reproduisant instinctivement le geste que César m’avait appris, et tendis brusquement le bras, ajustant le coude exactement comme il me l’avait dit. J’étais aux prises avec les ténèbres mais tout était d’une éclatante clarté, tout à coup. J’étais au-delà de la peur, dans un royaume où rien d’autre n’existait que le moment unique, parfait, de la libération à venir.
    Je vis mes mains, et le couteau qui était devenu leur extension, comme si je n’étais plus qu’une spectatrice observant un combat dont l’issue semblait déjà décidée. Assurément, je n’eus aucune hésitation en plongeant la lame dans les tissus mous du bas-ventre, même en sentant l’écho de mon geste se réverbérer dans mes bras.
    L’homme eut un cri étranglé, un grognement presque, davantage de surprise que de douleur. Mes deux mains serrant toujours le manche, j’orientai le couteau tranchant comme un rasoir vers le haut, creusant au passage un profond sillon à travers la peau et les muscles. Du sang rouge foncé jaillit de la plaie béante. L’inconnu

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