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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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je serais tout bonnement incapable de réfléchir, et au vu du danger qui m’entourait de toutes parts il était vital que je conserve toutes mes facultés.
    — Tu trouveras un petit sachet dans le tiroir de la table de nuit, lui expliquai-je. Veux-tu bien me l’apporter, s’il te plaît ?
    Lorsque j’avais dit à Borgia qu’il existait un remède plus efficace que le vin pour dormir, je parlais d’expérience. Même si j’essayais de m’en servir avec parcimonie, la poudre que Sofia me fournissait m’accordait un répit dans les rêves de toute nature que ce soit. Pour ce tour de force, je la chérissais autant que je la craignais.
    Suivant mes instructions, Vittoro la mélangea avec de l’eau chaude. Je l’avalai en une seule gorgée. Une fois cela fait, je pris appui sur son bras fort pour me lever.
    — À moins que tu n’aies envie de me porter, je devrais me mettre au lit tout de suite.
    Juste avant de sombrer, je vis Vittoro qui mettait une fine couverture sur moi. Puis je l’entendis dire, comme de très loin :
    — Ne t’inquiète pas pour Borgia. Je le tiendrai à distance.
    Et peut-être y arriverait-il, mais pas complètement, et pas pour longtemps. Je dormis, louée soit Sofia, mais en ayant conscience que le temps s’écoulait implacablement, comme les gouttes dans une clepsydre, leur chute inexorable venant me rappeler que la chance sourit à ceux qui sont prêts et tendent la main pour saisir l’occasion.
    Le lendemain matin au réveil, je me sentais bien mieux que je ne l’aurais dû. Minerve avait réussi à se hisser sur le lit à un moment donné de la nuit et s’était blottie contre moi. Ce fut le ronronnement sonore qu’elle émettait en se léchant qui me réveilla. Après avoir moi-même fait un brin de toilette, je la pris dans mes bras pour l’emmener dans le jardin, où elle parut comprendre ce que j’attendais d’elle. À notre retour, je vis que le livreur de lait était passé. Je lui en donnai un peu, avec un morceau de morue séchée que je trempai dedans. Au moment de passer la porte, je la vis perchée sur le rebord de la fenêtre, d’où elle pouvait embrasser du regard son nouveau domaine.
    En chemin, je m’arrêtai chez Portia pour prendre de ses nouvelles, m’armant de courage face à la réaction qu’elle aurait à n’en pas douter en repensant au monstre qu’elle avait vu en moi. Pourtant, elle m’eut l’air parfaitement réjouie lorsque j’appelai son nom et qu’elle me répondit.
    — Entri !
    Je m’exécutai, et la trouvai étendue sur un banc garni de coussins, sous une fenêtre ouverte qui accueillait la douce brise. Son petit appartement était aussi ordonné qu’à l’habitude ; il n’y avait aucune trace de la lutte à mort qui s’était jouée ici quelques heures plus tôt seulement.
    Voyant comme je regardais autour de moi, elle me dit :
    — Le capitaine Romano a envoyé des hommes. Ils se sont chargés de tout.
    J’acquiesçai d’un signe de tête et tournai mon attention vers elle, soulagée de voir qu’en dépit des contusions sur son visage et de son bras gauche en écharpe, elle avait l’air en bonne forme. Les cerises que je lui avais apportées se trouvaient dans un bol posé sur une petite table à côté d’elle. Elle les montra d’un geste.
    — Puis-je vous en offrir ?
    L’idée même de manger me soulevait l’estomac, mais j’en pris une par courtoisie.
    — Comment vous sentez-vous ?
    Elle s’efforça de sourire.
    — Je suis surprise d’être en vie, à dire vrai, Donna. C’est à vous que je le dois.
    Robuste et prosaïque comme elle l’était, elle ne paraissait pas du tout perturbée par ce que j’avais fait ; et pour cela je manquai de défaillir tant je lui en savais gré. Mais je me sentis tout de même obligée de faire remarquer ce qui assurément devait être l’évidence même :
    — Sans moi, jamais vous n’auriez été en danger.
    Elle ne chercha pas à le nier, se contentant de dire :
    — Vous avez un ennemi, ça c’est sûr, mais j’imagine que vous le savez déjà.
    — J’aimerais en savoir davantage. Le capitaine Romano n’a pas reconnu notre agresseur, et il pensait qu’il en irait de même pour moi.
    — Il aurait pu être n’importe quel homme que l’on croise dans la rue tous les jours. Ni jeune ni vieux, ni grand ni petit, ni gros ni mince, ni beau ni laid, juste ordinaire. Il n’y avait rien qui le distinguait du tout, à part peut-être…
    Elle

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