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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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s’endorme blottie à nos pieds.
    — Sais-tu qui t’a fait ça ? me demanda César finalement, en se relevant sur un bras pour mieux me contempler.
    Je m’attendais à la question. Les liens que nous entretînmes pendant toutes ces années n’étaient pas simplement charnels. Car ne vous méprenez pas, malgré son tempérament versatile César était doté d’une rare intelligence. En attestent les louanges de ses précepteurs en latin et en grec alors qu’il n’était encore qu’un enfant, puis ses prouesses aux universités de Pérouse et de Pise, d’où il sortit avec les honneurs. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il faisait preuve de clarté d’esprit me concernant, mais pour le reste cette qualité rendit toujours nos échanges satisfaisants. Jusqu’au bout (ou presque), nous fûmes alliés.
    — Il portait les couleurs de della Rovere, l’informai-je.
    Il leva un sourcil, me mettant à l’épreuve d’en tirer la conclusion qui s’imposait.
    — Tu y vois la main de ton père, vraiment ? me risquai-je.
    — Qui d’autre que lui souhaite plus ardemment la mort du cardinal ? Cela fait des années qu’ils sont rivaux mais aujourd’hui c’est pire, bien pire.
    Pour sûr il avait raison, mais je n’allais certainement pas avouer à César que son père m’avait ordonné de trouver une solution définitive à ce problème. Qu’il le découvre par lui-même.
    — Il y a une autre explication, plus plausible, repris-je.
    Le temps que je raconte à César tout ce que je savais sur Morozzi, notre intermède amoureux plein de langueur semblait bien loin. Il était tout ouïe, ses instincts aiguisés, cet homme qu’Il Papa destinait à l’habit rouge et au travail de bureau.
    — Es-tu certaine de toi ? me pressa-t-il.
    J’acquiesçai d’un signe de tête.
    — Il a été suivi jusqu’à Florence et observé là-bas, et il semblerait bien qu’il soit revenu à Rome. Il se serait allié à Savonarole.
    César se redressa en poussant un juron et sortit de la chambre, nu. L’instant d’après, il revenait avec nos habits.
    — Lève-toi, m’ordonna-t-il en me lançant les miens. Mon père doit être mis au courant. Il voudra te poser des questions.
    Il m’était arrivé par le passé d’omettre de livrer certaines informations à Borgia au moment opportun, et je n’avais aucune intention de commettre de nouveau cette erreur. Je rejetai les couvertures et m’habillai prestement.
    — Je n’ai pas exactement hâte de le lui raconter, je dois dire…
    C’est que pour nécessaire qu’elle fût, l’idée ne m’enchantait pas pour autant. Sa dernière colère en date était par trop récente pour que j’aie envie de renouveler l’expérience aussi vite.
    Tout en enfilant son pantalon, César me fit un grand sourire.
    — Ne t’inquiète pas, c’est moi qui parlerai. En entendant ce que j’ai à lui dire, il se rendra compte qu’il a besoin de moi à ses côtés.
    Mon bel amant savourait cette situation, compris-je alors, car elle lui donnait l’occasion d’être au service du pape selon ses termes à lui, et peut-être Borgia se laisserait-il enfin convaincre de laisser son fils aîné gérer sa vie comme il l’entendait. Bien entendu, rien de tel n’arriverait en définitive. Je le savais, et d’une certaine manière César aussi, je pense. Mais ce soir-là, il avait encore suffisamment espoir pour tenter quelque chose.
    Il patienta juste le temps pour moi d’être plus ou moins présentable, et nous nous mîmes en route.
    Si Rome était une ville plus sûre depuis que Borgia était devenu pape, j’aurais pour autant évité de sortir la nuit si je le pouvais. César, lui, ne semblait pas s’en soucier ni voir non plus l’utilité d’une escorte. En revanche, il n’aurait pas couru le risque d’être vu en train d’arpenter la ville à pied, d’ordinaire. Il possédait une écurie remplie de magnifiques chevaux, pour l’entretien de laquelle il dépensait sans compter, et n’avait jamais l’air plus à l’aise que juché sur l’une de ses montures. Mais les circonstances exigeaient la discrétion, d’où sa disposition à renoncer pour un soir à la dignité due à son rang.
    Cette nuit-là il y avait beaucoup de vent, le sirocco comme on l’appelle, qui souffle d’un désert lointain par-delà les mers. Avec lui vient l’habituelle moiteur oppressante qui embrume le cerveau tout en piquant la peau comme avec un millier d’épingles. Pour

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