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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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qualité.
    — Tu es trop généreuse… commença Rocco, mais il s’arrêta en me voyant secouer légèrement la tête.
    — Tu pourrais peut-être nous dessiner quelque chose maintenant ? proposai-je.
    En bon fils qu’il était, Nando regarda d’abord son père.
    — Papa ?
    — Bien sûr, répondit Rocco précipitamment. Tu peux te mettre dehors, si tu veux…
    — Mais ne t’éloigne pas de l’échoppe, ajoutai-je.
    Nando me regarda d’un air perplexe. À un si jeune âge, il comprenait déjà parfaitement que c’était son père qui était chargé d’ordonner sa vie, et non moi.
    Rocco me regarda, le visage soudain crispé.
    — Reste là où je peux te voir, mon garçon, l’enjoignit-il.
    À peine l’enfant s’était-il échappé que j’annonçai, non sans avoir pris une profonde inspiration :
    — Morozzi est de retour à Rome. J’ai trouvé un refuge pour Nando, mais tu dois me donner ton accord.
    Rocco pâlit. Je reconnus sans mal le sentiment de peur qui l’avait envahi, car je le partageais totalement.
    — En es-tu certaine ?
    En dépit de tout, il gardait son calme ; c’était tout aussi bien car la terreur, pour justifiée qu’elle fût, n’aurait mené à rien.
    Je le lui confirmai d’un hochement de tête.
    — Il s’est allié à Savonarole et bénéficie de la protection d’Il Frateschi. Je dois le retrouver, mais en toute honnêteté je n’ai aucune idée de par où commencer.
    — Je ferai tout mon possible pour t’aider, mais d’abord…
    — Je ne suis pas venue pour ça, l’interrompis-je. Je n’ai pas du tout l’intention de t’impliquer une nouvelle fois dans une situation aussi dangereuse. Je tiens juste à m’assurer que Nando est en sécurité.
    Rocco m’observa longuement, avant d’acquiescer brusquement.
    — Comment comptes-tu procéder ?
    Il écouta attentivement mes instructions. Lorsque je le vis hocher la tête en signe d’accord, je me laissai aller à un soupir de soulagement. Ma proposition pouvait paraître saugrenue à première vue, mais j’étais convaincue que c’était la seule solution.
    — Cet homme, le capitaine Romano, il est d’accord pour nous aider ?
    — Pas encore. Je voulais d’abord t’en parler, mais je suis sûre qu’il n’hésitera pas une seconde. Même si le but ultime de Morozzi pourrait fort bien être de tuer Borgia, il n’y a pas plus sûr comme lieu que le Vatican présentement. La garde pontificale a été largement renforcée, et personne n’a le droit d’aller au-delà de la place et de la basilique sans autorisation spéciale.
    Il regarda dehors, là où Nando s’était assis au soleil pour travailler à son dessin. C’était un enfant robuste et grand pour son âge, mais il n’en restait pas moins vulnérable.
    Sur un coup de tête, je glissai ma main dans celle de Rocco et la serrai doucement.
    — Il ne lui arrivera aucun mal, je te le jure.
    Une promesse impossible à tenir, je le savais, si je ne tuais pas Morozzi au plus tôt.
    Je ne fus pas certaine que Rocco m’ait entendue, tant il semblait soucieux, jusqu’à ce qu’il se tourne vers moi et me regarde droit dans les yeux. Dans les siens, je vis de la colère à l’idée que son fils soit menacé, mais aussi une détermination farouche à faire que tout cela ne soit rapidement plus qu’un mauvais souvenir.
    Mais comme cela arrive souvent, une passion en mena à une autre.
    — Je te crois, souffla-t-il en approchant ma main de ses lèvres.
    Je fus soudain en proie à la plus vive confusion. L’unique baiser que nous avions échangé des mois plus tôt me faisait à présent l’effet d’un chemin qui n’aurait pas été emprunté, d’une rue où l’on n’aurait pas tourné. Mais la soudaine sensation de sa bouche tendre et de son souffle chaud contre ma peau, notre proximité physique et notre relative intimité, tout conspira à ébranler mes certitudes. Et à venir me rappeler avec force combien elle était insoumise, cette autre Francesca que je ne serais jamais mais qui persistait quand même de temps à autre à agir comme si c’était le cas.
    Puis le moment passa. Je retirai ma main et, avec plus de difficultés, détournai le regard. Dieu merci, les bruits de la rue (le couinement des roues de chariots, un chien en train d’aboyer, un homme riant de bon cœur) me donnèrent de quoi fixer mon attention jusqu’à ce que la couture tout effilochée de ma contenance se soit recousue d’elle-même en un

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