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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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autour de nous, l’affairement des gens sur la place, devant cette basilique qui me hantait toujours autant et au-delà, le tumulte de la ville qui se réchauffait au soleil du printemps – tout fut réduit à néant. Nous restâmes ainsi, seuls au monde, dans un moment volé, d’autant plus précieux qu’il était fortuit.
    Peut-être Dieu nous montre-Il véritablement Sa miséricorde, pour peu que nous soyons prêts à l’accepter.
    Mais qu’il s’agisse d’un moment de compassion divine ou simplement d’un désir ardent entre deux âmes, le monde extérieur ne pouvait être tenu à distance pour toujours.
    Le temps d’un battement de cœur, il revint… de plus belle.

12
    — Qu’est-ce que c’est que ça ?
    César se dirigeait vers nous à grands pas, tel un nuage d’orage éparpillant poussière, pigeons et passants dans toutes les directions. Il avait une main sur son épée et une lueur impie dans les yeux. Le jeune homme débordait d’arrogance et de fierté, et pire encore, des démons que la confrontation familiale avait éveillés en lui.
    Sans attendre de réponse, il se tourna vers mon compagnon.
    — Tu es le verrier, c’est ça, Pocco quelque chose ? Que fais-tu ici ?
    Je me sentais déjà épuisée, ayant dormi d’un sommeil très peu réparateur ; et les sources de préoccupation ne manquaient pas, qui se bousculaient dans ma tête. Je n’allais tout de même pas devoir en ajouter encore une à la liste, si ? Et pourtant, elle était bien là, sous mes yeux – en habits de velours noir, un bouillon de dentelle au cou, sa bague sertie d’un rubis qu’il portait à la main gauche et scintillait au soleil quand il gesticulait.
    — Pourquoi diable étreins-tu la… la domestique de mon père au beau milieu de la place, devant des centaines de gens ? Et pourquoi diable te laisse-t-elle faire ?
    Pour Rocco, c’était le moment de reculer humblement, de faire une révérence et de murmurer quelque propos d’apaisement. Assurément, il savait combien les jeunes nobles peuvent être versatiles, aisément piqués dans leur vanité, prendre ombrage promptement et pour n’importe quelle raison. C’était un homme intelligent, qui savait s’exprimer ; il était tout à fait capable de redresser la situation.
    Cette dernière prit donc un tour d’autant plus alarmant lorsqu’il me fit passer derrière lui d’un geste, avança d’un pas vers César (quand il aurait dû aller à l’exact opposé !) et s’exclama :
    — Ce que je fais ne vous regarde pas, Signore. Je n’ai aucun compte à vous rendre.
    Par la Sainte Vierge et tous les saints ! L’homme que je croyais être la sagesse et la stabilité incarnées choisissait ce moment entre tous pour se comporter comme un fou furieux. Pire encore, je n’étais pas seule à le constater. Une foule empressée se rassemblait déjà autour de nous. Quoi de mieux pour se divertir que de regarder le fils du pape tailler en pièces un manant présomptueux ?
    Dans un instant les pronostiqueurs allaient fondre sur nous pour prendre les premiers paris. César aurait la meilleure cote, à n’en pas douter, mais uniquement pour des raisons pragmatiques : il s’était exercé à tuer dès le plus jeune âge. De son côté Rocco constituerait le choix sentimental, comme on dit dans le jargon, même si j’étais bien persuadée que quiconque pariant sur lui minorerait la prise de risque en misant également ailleurs. Quant à la situation, elle allait tourner en rond avant de se terminer de la seule façon possible – dans le sang et les larmes, et aussi le rire démoniaque de Morozzi quand il apprendrait que ses adversaires s’étaient écharpés.
    Je ne peux guère me targuer d’être un parangon de subtilité féminine, mais même une créature telle que moi savait qu’il n’y avait qu’une seule chose à faire.
    — Où t’en vas-tu comme ça ? s’écria César en me voyant tourner les talons. Je laissai mon dos parler pour moi pendant quelques mètres, puis m’arrêtai et leur lançai à tous deux un regard furieux par-dessus mon épaule.
    — Travailler. Il faut bien que l’un d’entre nous se dévoue, tu ne crois pas ?
    À ma grande satisfaction ils me regardèrent tous deux bouche bée, ce qui ne pouvait manquer de m’enhardir.
    Je tournai mon attention vers Rocco et lui dis d’un air courroucé :
    — Si tu voulais bien te secouer, peut-être pourrais-tu aller voir Guillaume et lui demander s’il a

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