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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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une strega, bien sûr, car comment une jeune femme possédant le noir savoir de l’empoisonneur pourrait être autre chose qu’une sorcière ? Mais cela ne s’arrêtait pas là. Les plus inventives prétendaient que j’étais capable de tuer d’un seul regard – combien de fois n’ai-je pas souhaité avoir ce pouvoir ! Ou alors, que je savais juger de la culpabilité ou de l’innocence de quelqu’un simplement en le regardant dans les yeux ; ce qui, de nouveau, m’aurait été fort utile, si seulement cela avait été vrai. Immanquablement, l’on discutait également à voix basse de la nature exacte de ma relation avec Borgia, le rôle que j’avais joué dans son ascension à la papauté, et ainsi de suite. Il ne me restait qu’à faire de mon mieux pour ignorer ces fadaises et à me concentrer sur la tâche qui m’incombait.
    En ayant terminé pour ce jour-là, j’étais en train de boire une limonade bien fraîche tout en m’essuyant le front lorsque Renaldo fit son apparition.
    — Vous voilà enfin, m’apostropha-t-il d’un ton plutôt irrité. Je vous ai cherchée partout.
    — En ce moment je n’arrive pas à décider si je travaille ou si je me cache, admis-je en prenant la carafe et en versant une limonade à l’intendant. Les exigences de Borgia semblaient sans commune mesure, ces temps-ci : il me faisait bien appeler cinq fois par jour. J’avais toutes les peines du monde à m’esquiver suffisamment longtemps pour accomplir mon travail.
    Et tout cela ne tenait pas compte du fait que César, sauf erreur de ma part, s’était installé chez moi. En sus de la version officielle, qui voulait qu’il soit toujours à Spoleto, il avait tout de même une maison dans le Trastevere (voisine de celle de Juan) et selon la rumeur, un appartement était en train d’être apprêté pour lui au Vatican, à côté de celui de son père. Pour autant, il n’avait pas du tout l’air disposé à s’installer ailleurs que dans mon appartement. Il avait semé des habits dans toute ma chambre, ses gardes étaient postés devant ma porte, il continuait à faire du charme à Portia dès que l’occasion se présentait et Minerve, cette jeune dévergondée, m’ignorait totalement quand il était là, préférant monter sur ses genoux pour se faire caresser derrière les oreilles.
    Ah je le confesse, c’était une appétence que je concevais volontiers.
    — Certes, je ne saurais vous en blâmer, répondit Renaldo en me tendant son verre vide pour que je le resserve. On a tout de même connu des jours meilleurs.
    — S’il plaît à Dieu, répliquai-je, nous en connaîtrons d’autres. Quel bon vent vous amène ici ?
    — Le Signore d’Amico a un message pour vous, m’annonça-t-il en tendant un papier plié.
    Je le décachetai et le parcourus avidement, mais fus bien vite déçue : Luigi m’informait que malgré tous leurs efforts, ses portatori n’avaient rien découvert d’intéressant jusqu’à présent. Les investigations de Guillaume n’avaient rien donné non plus : il avait bien mentionné que le chapitre dominicain avait ces derniers temps été secoué par la disparition d’un frère, mais il n’était pas en mesure d’affirmer que cela avait un quelconque lien avec Morozzi. Je commençais à craindre que mon ennemi soit véritablement invisible.
    Pour me distraire de mes soucis, je demandai à Renaldo :
    — Quelle est l’ambiance, en ville ?
    Entre mes journées passées à la curie et César qui me prenait toutes mes nuits, cela faisait un moment que je n’avais pas eu l’occasion de jauger l’humeur de mes concitoyens.
    — Tendue, répondit l’intendant succinctement. Sa Sainteté a bien envoyé des renforts pour nettoyer tous les murs de Rome, mais il y a trop à faire.
    Avec quelle délicatesse faisait-il référence à la multiplication des dessins calomnieux représentant Borgia comme un père incestueux et Lucrèce comme sa putain. Dieu soit loué, cette dernière n’avait apparemment aucune idée de ce qui se passait derrière l’enceinte de son palazzo.
    — Leur auteur a-t-il été arrêté ?
    — Pas que je le sache, répliqua-t-il en secouant la tête. La ville regorge de rumeurs, toutes plus folles les unes que les autres. Della Rovere serait aux portes de la ville, il aurait levé une armée d’anges. Borgia aurait fui et trouvé refuge chez les Maures. Ou bien il aurait été fait prisonnier par un incube envoyé directement par Satan. (Il

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