Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
Vom Netzwerk:
faire en même temps une scrupuleuse évaluation de mon état. Elle avait davantage d’expérience et de bon sens que tous ceux qui à ma connaissance se posaient en médecin, et à ce titre avaient autant de chances de faire du mal que du bien à leurs patients. Je savais que je pouvais me fier à son jugement.
    Cette pensée me tranquillisa encore un peu plus, au point que je fus enfin capable de répondre à sa question.
    — Morozzi. Il était dans la rue, il me suivait. Je l’ai vu comme je te vois. Mais lorsque je lui ai couru après, il a disparu comme par magie.
    Sofia m’observait toujours.
    — Morozzi ? Tu l’as vu mais il s’est volatilisé ?
    — Je t’assure. Il s’est engouffré sous un porche qui servait d’entrée à une échoppe. Je l’ai suivi, mais impossible de le trouver. Il n’était plus là !
    Je sentis avec horreur des sanglots monter en moi. Je fis de mon mieux pour les contenir, vainement. En poussant un cri, je me réfugiai dans les bras de mon amie et m’accrochai à elle comme une forcenée.
    — J’ai échoué ! Il était à quelques mètres seulement, j’aurais pu le tuer et en avoir fini avec tout ça ! Mais bon sang, qu’est-ce qui cloche chez moi pour que je sois restée sans rien faire ?
    Sofia me tint fermement jusqu’à ce que le gros de l’orage soit passé. Puis, doucement, elle me tapota l’épaule et me dit :
    — Le fardeau que tu portes est terrible. C’était à prévoir, que tu subirais toutes sortes de conséquences. Ne te flagelle donc pas pour ce qui est arrivé. Peut-être était-ce seulement ton imagination…
    Je me raidis, et poussai un cri venu du cœur :
    — Non ! Il était là, je le sais. Morozzi est à Rome, et il s’est enhardi au point de se montrer devant moi en plein jour. Que suis-je censée en conclure ? Quel genre de pouvoir le protège ainsi ?
    Aux prises avec mon désespoir, je sentis monter en moi des peurs ancestrales. Était-ce possible que l’homme qui cherchait la destruction d’un peuple entier soit davantage qu’un simple mortel ? Qu’une force démoniaque agisse à travers lui ? Et si c’était le cas, comment espérer alors pouvoir l’arrêter ?
    Mais Sofia n’allait pas s’en laisser conter aussi facilement. En me prenant le visage dans ses mains et en me fixant droit dans les yeux, elle me sermonna :
    — Tu sais aussi bien que moi que les êtres humains n’ont pas besoin d’être spécialement encouragés pour faire du mal. Nous en sommes par trop capables tous seuls. Morozzi est un homme, ni plus, ni moins. Aussi sûr que toi et moi nous trouvons dans cette pièce en ce moment, il y a une explication logique à ce que tu as vu.
    Loué soit Dieu d’avoir doté cette femme d’autant de bon sens. À elles seules, ses paroles réussirent à m’extraire de cette panique qui menaçait de m’engloutir. Je pris une inspiration, puis une autre, et acquiesçai.
    — Tu as raison, manifestement. J’oublie que Rome est un labyrinthe de passages souterrains. Il en aura pris un pour s’échapper.
    Ce fut au tour de Sofia de hocher de la tête.
    — Je vais faire venir David. Il saura quoi faire.
    J’étais en train de boire du thé que Sofia avait fait infuser pour moi lorsque le jeune meneur juif arriva. Il n’était pas seul. Un garçon au visage juvénile et au sourire malicieux trottinait à ses côtés. Je ne l’avais pas vu depuis plusieurs mois et je fus frappée de voir combien il avait grandi, même si la peau de son menton était toujours aussi lisse que celle d’un bébé.
    — Benjamin, m’écriai-je avec un plaisir non feint. Nous avions fait connaissance l’année précédente, le jour où il avait tenté de me faire les poches lors de ma première visite dans le ghetto. Depuis, nous étions devenus très amis.
    — Tu apprends bien tes leçons, j’espère ? dis-je en souriant.
    — Quand j’arrive à le faire asseoir et rester tranquille assez longtemps, intervint Sofia en passant une main dans sa tignasse brune. Au moins il dit que sa précédente activité est du passé maintenant, n’est-ce pas, Binyamin ?
    L’insistance de Sofia à prononcer son prénom à l’hébraïque provoqua le grognement consacré chez l’intéressé, rapidement suivi d’un sourire futé.
    — Je me fais plus d’argent comme messager et garçon de courses, de toute façon.
    — Je suis heureuse de l’entendre, répliquai-je. Tournant mon attention vers David, je lui dis dans un

Weitere Kostenlose Bücher