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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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attentivement, ne put se taire plus longtemps :
    — Mais on ne peut pas laisser faire ça ! Si Borgia s’en va, nous serons forcés de partir aussi.
    — Je n’ai que mépris pour cet homme, reprit David, dont la franchise faisait toujours des merveilles à ce que je voyais. Mais tu as raison, j’ai bien l’impression que nous n’avons pas le choix. Les négociants et les rabbins peuvent tergiverser autant que ça leur chante, reste qu’il faut agir.
    — Si la position de Borgia était renforcée, tentai-je. S’il n’était plus sous la menace de Morozzi, et à travers lui de Savonarole…
    Et si la menace que constituait della Rovere pouvait également disparaître… Je n’allais pas leur parler de ce que Sa Sainteté m’avait chargée de faire, mais je ne pensais qu’à cela. La mort de della Rovere résoudrait potentiellement beaucoup de choses, du moment qu’on ne l’imputait pas au pape.
    — Il nous reste moins d’un mois avant le mariage, trancha David. Si Morozzi et Il Frateschi ne sont pas mis hors d’état de nuire d’ici là, je crains le pire.
    — Nous devons trouver où ils se cachent, en conclus-je.
    Du coin de l’œil, je vis Benjamin lever la tête. Il défit délicatement la figure qu’il avait créée avec la ficelle, remit celle-ci dans sa poche et se leva.
    — Je crois que j’ai une idée, nous annonça-t-il.

14
    — Il quoi ? m’exclamai-je. Dans le silence de l’échoppe de Sofia, vide de clients en cette fin d’après-midi, je crus avoir mal entendu.
    — Il re dei contrabbandieri, répéta Benjamin en prenant un air qui laissait à penser que ma méconnaissance d’un si illustre personnage était difficile à croire. Tu as déjà entendu parler de lui, non ?
    Nous autres adultes nous regardâmes, entre confusion et incrédulité.
    — Je ne crois pas, répliquai-je finalement.
    — À bien y réfléchir, ce n’est peut-être pas si étrange, me dit le jeune garçon d’un ton magnanime. Un homme dans sa position ne doit pas accorder sa confiance facilement, j’imagine.
    — Pourrais-tu être plus clair, s’il te plaît ? le pressa David.
    — Je vous parle du roi des contrebandiers, ou de la majeure partie d’entre eux tout au moins. Une sorte de corporation de l’économie souterraine, si vous préférez. Alfonso le Premier, comme il se fait appeler, a eu l’idée de la créer pour enrayer les querelles intestines. Au début il y avait beaucoup de sceptiques, mais Alfonso est un malin : il n’a forcé personne à se rallier à lui, ils sont tous venus d’eux-mêmes en constatant qu’il traitait tout le monde équitablement. Aujourd’hui la plupart d’entre eux ne voudraient pour rien au monde revenir à l’ancien système, même s’il y en a toujours un pour râler de temps en temps.
    À la réflexion, cela paraissait logique. Si l’on songeait combien l’impôt était élevé, et combien aussi le plus petit seigneur cherchait à en tirer profit, il n’était guère étonnant que certains individus ayant l’esprit d’initiative cherchent à écouler les marchandises par d’autres biais, moins onéreux. De fait, plus les taxes et les difficultés se multiplient, plus l’économie souterraine prospère. Et à Rome c’est même littéralement le cas, attendu que des biens de toutes sortes passent précisément par les passages que je souhaitais si ardemment connaître.
    Pour autant, je restai sur mes gardes.
    — Comment se fait-il que tu le connaisses ?
    Benjamin se fendit d’un sourire jusqu’aux oreilles.
    — Parce qu’il était l’un des nôtres, avant – un voleur à la tire, quoi. Nous sommes ses fratelli. Il nous fait encore confiance, plus qu’à n’importe qui d’autre.
    Peut-être ce jeune homme considérait-il également que par nature les enfants étaient davantage dignes de foi que les adultes – ce à quoi j’adhérais aussi, en substance. Toutefois, il était inquiétant d’apprendre que Benjamin faisait encore partie du monde qu’il était censé avoir quitté.
    Visiblement, Sofia songea la même chose, car elle lui demanda :
    — Ne veux-tu pas dire plutôt que tu connaissais cette personne avant, Binyamin ?
    Mais le garçon avait une explication toute prête.
    — Si je devais me soucier du fait que tous mes clients obéissent à la loi, il y aurait peut-être deux religieuses à Sainte-Marie-Majeure qui pourraient me donner du travail. À part vous, je veux dire.
    Il exagérait, bien sûr

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