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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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– mais un peu seulement, car je voyais parfaitement ce qu’il voulait dire. Du reste, nous n’avions pas de temps à perdre en tergiversations.
    — Il faudrait que j’aille voir cet Alfonso, annonçai-je.
    Tout de suite, David ajouta :
    — Je viens avec toi.
    — Cela ne lui plaira peut-être pas, prévint Benjamin. Il vaudrait mieux qu’on y aille seuls, Donna Francesca et moi.
    Je voyais où le garçon voulait en venir : une femme accompagnée d’un enfant aurait forcément l’air moins menaçante qu’un homme de la stature de David. Il n’empêche que je fus soulagée de l’entendre repousser cette idée.
    — N’y comptez certainement pas, trancha-t-il. Si le grand Alfonso a un problème avec moi, libre à lui de me le dire.
    Mais à vrai dire je m’inquiétais davantage de ce que le roi des contrebandiers penserait de Benjamin en voyant qu’il avait osé amener des étrangers sur son domaine. Par respect pour la fierté du garçon je gardai le silence, mais me promis de m’assurer que notre venue ne lui causerait pas de tort.
    Prenant congé de Sofia, qui nous implora de faire preuve de la plus extrême prudence, nous marchâmes jusqu’à la piazza di Santa Maria in Trastevere, qui borde une très vieille basilique consacrée à la Vierge Marie – même si d’aucuns disent qu’on y rend aussi un culte à des divinités bien plus anciennes. Comme à l’accoutumée, plusieurs femmes étaient attroupées autour de la fontaine octogonale, à tirer de l’eau mais surtout à échanger des ragots. Elles nous scrutèrent attentivement. Je détournai la tête et fus soulagée de ne pas entendre les messes basses reprendre sitôt après notre passage. En ce temps-là il y avait encore des quartiers où je pouvais me rendre sans être reconnue, même s’ils se faisaient de plus en plus rares. Adossés contre les murs des maisons en pierre, quelques apprentis passaient le temps en regardant les filles s’affairer à la fontaine, alors que leurs maîtres les avaient envoyés en mission. Se promenaient également là quelques jeunes nobles, qui donnaient comme d’habitude l’impression de chercher noise. Les plus ridicules d’entre eux se pavanaient en jouant des hanches de façon à faire ressortir leurs parties intimes, alors qu’ils les soulignaient déjà fort bien avec leurs pourpoints courts et leurs chausses aux couleurs bariolées. Ils étaient plus d’un à faire usage de ce rembourrage en crin de cheval qui faisait fureur depuis peu parmi une certaine catégorie d’hommes. Vraiment, j’étais étonnée qu’ils arrivent à marcher sans se cogner dans quelque chose ou quelqu’un à tout bout de champ.
    Juste avant d’arriver à destination, David me glissa à l’oreille :
    — Ne prends pas de risques inutiles avec cet homme, Francesca. Je n’ai jamais entendu parler de lui, et il n’est pas le seul vers qui nous pouvons nous tourner pour obtenir de l’aide.
    Je ne m’explique pas pourquoi tous les gens que je connais, semblerait-il, croient que je me précipite toujours dans la gueule du loup sans réfléchir. Mais plutôt que de débattre sur ce point, j’en fis la promesse à David. Nous tournâmes dans une petite rue, qui se réduisit encore en une étroite venelle avant de se terminer, a priori, devant un mur recouvert de lierre.
    — Es-tu certain de ne pas t’être trompé de chemin ? demandai-je.
    Benjamin me gratifia d’un large sourire par-dessus son épaule, avant de passer la main sous le lierre et de l’écarter. J’aperçus alors une ouverture sombre, juste assez large pour qu’une seule personne y entre à la fois.
    — Si tous les chemins ne mènent pas aux souterrains de Rome, il y en a quand même beaucoup, fit-il avec esprit alors que nous le suivions. De la bourse qui pendait à sa taille il sortit un silex, de la pyrite et une petite botte de paille séchée insérée dans un manche en acier, et provoqua l’étincelle qui alluma la torche avec une telle aisance que je ne pus m’empêcher de me demander à quelle fréquence, au juste, il s’aventurait dans les entrailles de Rome.
    — Il y en a dans toute la ville, mais encore faut-il savoir où chercher, renchérit-il.
    En guise de réponse, je me contentai de hocher la tête. Je me sentais oppressée par l’étroitesse du passage et les ténèbres impénétrables dans lesquelles nous nous étions engouffrés. Dieu merci je ne fais pas partie de ces malheureux qui ressentent un profond

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