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Frontenac_T1

Frontenac_T1

Titel: Frontenac_T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Micheline Bail
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beaucoup plus chères que celles des douze colonies anglaises. Une inégalité que les différents gouverneurs avaient toujours compensée par des « dédommagements » propres à rétablir l’équilibre et à calmer les esprits.
    Connaissant l’engouement des Indiens pour les fusils de fabrication française, en particulier pour le long fusil de traite ressemblant à celui des pirates, flibustiers et autres écumeurs de mer qui infestaient le Saint-Laurent, Louis leur en offrit une centaine, à titre gracieux. N’était-il pas dans l’intérêt de la Nouvelle-France d’avoir des alliés bien armés, capables d’opposer une puissance de feu équivalente à celle des Iroquois? Et pour faire bonne mesure, il leur donna aussi une cinquantaine de fusils à long canon enjolivés de garnitures de cuivre jaune et trois fusils de chasse de Tulle, lourds et robustes, et dont les chefs étaient particulièrement entichés.
    Fusils fins et fusils de chasse furent bientôt alignés dans l’herbe, à la grande joie des convives qui quittèrent aussitôt leur siège pour les voir de plus près. Les sachems se les passèrent de main en main en s’extasiant sur leur légèreté, leur robustesse ou l’élégance de leur ligne. Tout fut passé au peigne fin : la platine, la détente, la longueur du canon, la culasse, le chien, la butée, comme les motifs décoratifs qui garnissaient les contre-platines, les sous-gardes et les retours de plaque. Les Indiens étaient des connaisseurs et de fort bons tireurs, même s’ils ne savaient pas réparer leurs armes.
    â€” J’ai une nouvelle recrue, un excellent armurier qui fera le voyage de retour avec vous. Il ne sera pas de trop pour prêter main-forte au sieur Charbonneau, s’empressa d’ajouter Louis, soulagé de voir apparaître des sourires de satisfaction sur les visages matachés de ses invités.
    L’atmosphère se détendit et le reste des agapes continua sur la même erre d’aller.
    * * *
    Normalement, la traite durait de quarante-huit à soixante-douze heures. La flottille repartait aussitôt, car le chemin de retour était long et les Indiens n’aimaient pas savoir leurs villages privés de bons guerriers et exposés aux insultes de l’ennemi. Mais cette fois-ci, Louis réussit à les retenir en multipliant les caresses, les présents et les appels aux bons sentiments. Bien lui en prit, car le 29 du mois d’août, par un matin clair et frais, le chevalier de Clermont se présenta devant lui. Il était accompagné d’un prisonnier anglais et porteur de nouvelles de conséquence.
    â€” Monseigneur, lui apprit l’officier, j’avais ordre de remonter la rivière de Sorel pour surveiller les environs. Ce prisonnier que j’ai fait moi-même sur les Anglais pourra confirmer mes dires.
    Le jeune militaire qui l’accompagnait n’y comprenait rien, mais faisait des « oui » répétés de la tête, en signe de bonne volonté. Il était grand, maigre et visiblement épuisé. Ses chausses étaient couvertes de boue et la barbe lui mangeait les joues. Louis laissa courir sur lui un regard inquisiteur, qu’il ramena bientôt sur Clermont.
    â€” Monseigneur, j’ai la confirmation que des soldats de Boston, de Plymouth, du Connecticut et de la Nouvelle-York, placés sous le commandement du général Fritz John Winthrop, se sont mis en marche, il y a quelques semaines, pour rejoindre un fort contingent d’Iroquois. Leur objectif est d’envahir le Canada par terre, pendant qu’une flotte attaquerait par mer. Ils ont longtemps attendu les Iroquois qui devaient leur fournir un renfort de mille cinq cents hommes.
    Louis sourcilla. Tout cela lui semblait énorme. Et pourtant, les indices accumulés à ce jour convergeaient. Voilà bien pourquoi il n’avait plus eu de nouvelles des Iroquois : ils préparaient une attaque massive aux côtés des Anglais... Il ne pouvait pas s’étonner, après trois descentes victorieuses contre les villages ennemis, de voir ces derniers riposter à leur tour.
    â€” Mais il semble que rien ne se soit passé comme prévu, monseigneur. Les soldats promis ne sont jamais arrivés, les provisions non plus, et grâce à Dieu, une

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