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Frontenac_T1

Frontenac_T1

Titel: Frontenac_T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Micheline Bail
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gérer la riposte.
    â€” Pour vous dire bien franchement, mon cher Frontenac, continua Callières du même ton imperturbable, je n’ai jamais véritablement cru en votre politique de pacification iroquoise, non plus qu’à leur intérêt d’y participer. Les Cinq Nations sont encore trop puissantes pour y être sensibles. Si vis pacem, para bellum , ne dit-on pas? Une guerre massive avec le gros de nos forces, cela seul leur facilitera l’entendement et les amènera à davantage de souplesse. Je ne vois malheureusement pas d’autre solution pour le moment. Nous reparlerons de paix par la suite...
    Louis secoua la tête dans un mouvement de dénégation, le regard toujours rivé sur la frondaison des arbres. Il désapprouvait. Après un long silence où il apparut que Callières se tairait à son tour, il finit par desserrer les dents.
    â€” Je vois que vous avez été travaillé à chaud par mes ennemis et je...
    â€” Vos ennemis n’ont rien à voir ici, mon cher, le coupa sèchement Callières. Il s’agit de stratégie militaire et je n’ai besoin de personne pour me souffler que nous allons à notre perte si un coup de barre n’est pas donné et promptement!
    Le gouverneur venait de hausser le ton, fait inusité chez lui et trahissant une vive irritation.
    Louis changea de tactique.
    â€” Je ne peux que vous donner raison sur certains points, mon cher Callières. La sincérité des négociateurs iroquois peut paraître douteuse, en effet, mais on ne peut pas refuser d’y prêter une oreille attentive. Je crois, au contraire, que certains d’entre eux sont de bonne foi, mais que les conditions ne sont pas encore réunies pour permettre à des chefs tels que Téganissorens de se manifester. Mais ils y viendront et j’ai confiance. Le tout est de savoir attendre. Les Agniers et les Onneiouts ont déjà perdu beaucoup d’éléments importants aux mains de nos sauvages chrétiens, ces derniers temps, et j’ai ouï dire par des éclaireurs que leurs pertes se chiffreraient à pas moins de quatre-vingt-dix hommes. Toutes les bourgades agniers ne pourraient aligner désormais que cent trente guerriers!
    â€” Mais les Agniers ne sont ni les Tsonontouans ni les Onontagués, lui rétorqua vivement le gouverneur de Montréal, et Téganissorens ne s’est pas encore montré le bout du nez, malgré vos demandes répétées. Il ne le fera d’ailleurs que le couteau sur la gorge, et ses guerriers ne le suivront que lorsqu’ils auront assez peur de nous. Or, pour leur inspirer une telle frayeur, il faut frapper fort et droit au cœur. Le fait de remettre à plus tard une attaque à large échelle ne fera qu’envenimer les choses. Il faut aller les assiéger dans leurs villages avec le gros de nos troupes et au plus tard cet automne. J’entends que vous en preniez aujourd’hui la résolution.
    Cette fois, Callières se tourna franchement vers Frontenac. Il le fixait avec insistance, comme s’il attendait un engagement dans l’instant. Louis para le coup en reprenant, d’une voix conciliante :
    â€” Nous avons en effet perdu beaucoup d’hommes et parmi nos meilleurs éléments, je vous le concède aussi. C’est pourquoi on ne peut pas lancer d’expédition massive avant d’avoir reçu au moins cinq cents à mille nouvelles recrues, des canons, des boulets, des mousquets, de la poudre, et enfin de l’argent pour terminer les fortifications de Québec, Trois-Rivières et Montréal. Ce dont j’implore le roi dans chacune de mes lettres. J’ai d’ailleurs mis ma femme et mes meilleurs alliés sur ce dossier. Ce serait une folie, dans l’état actuel, d’envoyer tous nos hommes chez les tribus iroquoises supérieures. Cela viderait littéralement le pays de ses défenseurs et le laisserait à la merci des Anglais. Je crois plus prudent, pour le moment du moins, d’y aller par petits détachements. Voyez le grand succès de la bataille de Repentigny, sans parler de celle que nous venons de remporter sur l’Outaouais!
    Callières, bon joueur, opina.
    â€” Il est vrai que les batailles de Repentigny et de l’Outaouais ont été de belles victoires, même si nous y avons aussi perdu huit de nos meilleurs officiers. Une

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