Frontenac_T1
les Iroquois.
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1660 Défaite de Dollard des Ormeaux aux mains des Iroquois au Long-Sault.
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1665 Envoi du régiment de Carignan-Salières pour mater les Iroquois.
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1682 Reprise des guerres iroquoises.
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1687 Raid du gouverneur Brisay de Denonville au pays des Tsonontouans.
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1689 Début de la guerre de la ligue dâAugsbourg en Europe.
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1689 Massacre des habitants de Lachine.
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1690 Organisation par Frontenac de raids contre des villages anglais : Pierre Le Moyne dâIberville à Schenectady, François Hertel à Salmon Falls, René Robineau de Portneuf à Casco.
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1690 Siège de Québec par Phips, repoussé par Louis de Buade, comte de Palluau et de Frontenac.
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1693 Prise dâimportants villages agniers par les Canadiens.
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1694 Pierre Le Moyne dâIberville sâempare des postes anglais de la baie dâHudson et remet le fort Bourbon aux Français.
Carte du Nord-Est américain vers 1690
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Versailles, mai 1689
â Monsieur, je vous renvoie au Canada, où je compte que vous me servirez aussi bien que vous lâavez fait ci-devant. Je ne vous en demande pas davantage.
Dans une économie de mots dont il avait le secret, Louis XIV conférait ainsi publiquement à Louis de Buade, comte de Palluau et de Frontenac, les titres de vice-roi et de gouverneur général de la Nouvelle-France. Câétait la première fois que le grand monarque lui adressait la parole depuis son rappel et devant toute la cour, ce qui constituait un retentissant retour en grâce. Le comte de Frontenac balbutia des remerciements empressés dâune voix brisée par lâémotion et sâinclina bien bas devant son roi, plus remué quâil ne lâaurait cru. Il ne put se défendre dâéprouver un élan de ferveur sacrée devant le demi-dieu qui lui faisait face, auréolé de tout lâéclat de sa royale maturité. Lorsque le vieux militaire se redressa, il constata que le roi avait déjà passé son chemin, entraîné par le tourbillon de courtisans qui le précédaient et le suivaient comme une ombre, pas à pas et avec une patente sujétion.
Depuis quâon lui avait remis le billet du ministre Colbert de Seignelay lâenjoignant de se trouver sur le passage du roi lorsquâil se rendrait à son carrosse, vers les onze heures ce matin-là , Louis de Buade ne tenait plus en place. Sa Majesté a un message dâimportance à vous transmettre. Arrangez-vous pour quâElle vous voie , avait griffonné le ministre. Ces quelques mots avaient tourné dans sa tête pendant des heures. Cela était bien dans la manière de Louis XIV, sâétait dit le comte. Il ne promettait pas de grâces, ne les faisait jamais attendre mais les accordait à lâimproviste, comme un cadeau gratuit, sans avoir laissé à dâautres le temps de les espérer. Louis de Buade attendait pourtant cette nomination depuis des mois et rien, jusquâà ce jour, nâavait transpiré des intentions du monarque. Sâil avait perdu la gouvernance du Canada sept ans plus tôt, il ne sâétait jamais désintéressé de cette colonie et sâétait toujours tenu étroitement informé de ce qui sây passait. Il nourrissait lâespoir dây être un jour renvoyé. Une heureuse conjoncture qui venait de se produire sous ses yeux, autant par la volonté du souverain que sous lâinstigation soutenue et besogneuse de ses fidèles amis et alliés. Frontenac se voyait à nouveau projeté au-devant de la scène, tiré de lâindifférence et de lâanonymat paralysants dans lesquels il se languissait, lui que la soif dâaction travaillait encore sourdement.
Son trouble était tel quâil prêta dâabord peu dâattention au caquetage des envieux qui se déclencha autour de lui, sitôt que le monarque eut mis le pied dans son carrosse. Versailles étant Versailles, quand un courtisan décrochait une distinction aussi convoitée, on ne se privait pas de le déchirer à belles dents.
â Notre vieux Frontenac, tout cousu de blessures et parfaitement ruiné, est bien heureux dâaller mourir en Canada plutôt que de crever de faim à Versailles, susurra une coquette de la plus belle eau, tout en faisant virevolter son parasol de plumes
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