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nombre et leur capacité à mener la guerre dans les bois, sans laquelle les Français nâauraient jamais réussi à mater les Iroquois.
Les avantages pour ces tribus étaient cependant bien réels : elles y voyaient un moyen dâaccroître leurs intérêts économiques et militaires. En échange de leurs fourrures, les Amérindiens obtenaient toute la gamme des marchandises de traite européennes quâils ne savaient pas produire, objets de fer et produits textiles, notamment. Les armes à feu en particulier étaient fort convoitées, puisquâelles leur servaient non seulement à la chasse, mais à la guerre contre des nations ennemies armées dâabord par les Hollandais et les Suédois, puis par les Anglais. Les Français représentaient aussi des alliés militaires potentiels contre les Iroquois et contre lâexpansionnisme des Britanniques, qui se trouvaient à être, de par leur supériorité démographique, en rapport de compétition directe avec les premiers occupants du sol.
Ces réseaux dâalliances avaient aussi des failles et nâont pas toujours fonctionné parfaitement. Les Amérindiens, comme les Français et les Anglais, ont souvent joué double jeu, selon leurs intérêts. Ces alliances devaient dâailleurs être constamment réaffirmées par de nouvelles conférences.
Dans la coalition franco-amérindienne, les alliés des Grands Lacs constituaient cependant un maillon faible. La construction économique et militaire demeurait précaire et son efficacité laissait à désirer. Les différentes nations ne formaient pas un bloc uni et étaient tiraillées par des tensions qui dégénéraient souvent en heurts meurtriers. Plus grave encore, lâalliance était constamment menacée de rupture à cause de la fidélité chancelante des alliés. Car les Français, du moins à lâépoque de Frontenac, avaient davantage besoin des autochtones que lâinverse. Lâalliance anglo-iroquoise, de son côté, sâavérait particulièrement efficace à cause de la proximité des partenaires, de la relative unité de la Ligue iroquoise et de la qualité du marché dâAlbany. Mais les colonies anglaises étaient vulnérables et dépendaient elles aussi très étroitement de leurs alliances avec les Indiens pour leur survie. Elles ont longtemps compté uniquement sur les Iroquois pour les défendre des Français. Câest grâce à ces systèmes de complicité que les Hollandais, les Français et les Anglais ont réussi à se maintenir en Amérique, du moins dans les débuts de la colonisation.
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Approximation des forces en présence
Pour avoir une idée sommaire des forces en présence, mentionnons quâen 1689, la Nouvelle-France comptait environ 14 000 habitants, alors que les colonies anglaises en comptaient plus de 200 000. Les forces canadiennes réunies, miliciens et réguliers confondus, oscillaient autour de 2 500 hommes, ce qui explique que Frontenac ait sans cesse réclamé au roi de nouvelles recrues. On pouvait y ajouter quelques centaines de guerriers autochtones christianisés. Les alliés des Grands Lacs devaient aussi aligner plusieurs centaines de guerriers, mais leur nombre nâa pas pu être évalué de façon certaine. Du côté des Iroquois, on croyait quâils pouvaient fournir de 2 000 à 2 500 guerriers, vers les mêmes années, un nombre qui diminua tragiquement jusquâà la fin du siècle, à cause des affrontements constants avec les Français, leurs alliés christianisés et ceux des Grands Lacs. Comme les colonies anglaises étaient environ quinze fois plus populeuses que la Nouvelle-France, on pourrait supposer quâelles pouvaient fournir autant de fois plus dâhommes.
Informations tirées du livre de Gilles Havard, La Grande Paix de Montréal, les voies de la diplomatie franco-amérindienne.
Principaux événements militaires
1609 Alliance de Champlain avec les Hurons et premier affrontement avec les Iroquois sur le lac Champlain.
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1629 Reddition de Québec aux mains des frères Kirke.
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1632 Par le traité de Saint-Germain-en-Laye, lâAngleterre rétrocède la Nouvelle-France à la France.
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1648-1652 Destruction de la Huronnie par
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