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Frontenac_T1

Frontenac_T1

Titel: Frontenac_T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Micheline Bail
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les travaux que vous avez si bien amorcés. Je me fie entièrement à votre compétence. Le major se retira aussi discrètement que lorsqu’il était arrivé, trop heureux de s’en tirer à si bon compte.
    * * *
    Vous devrez profiter des dispositions des intéressés en la Compagnie du Nord pour le dessein qu’ils ont formé de faire attaquer le fort Nelson par le sieur d’Iberville, et les aider de votre autorité dans les choses où ils en auront besoin, pour les mettre en état de chasser les Anglais de ce poste, qui est le seul qui leur reste dans la baie d’Hudson. Pour ce faire, Nous nommons ledit sieur d’Iberville commandant en titre de tous les postes de la mer du Nord et de tous les vaisseaux qui navigueront dans les eaux de la baie d’Hudson, lui donnons également concession d’un fief à la baie des Chaleurs, de douze lieues de front sur dix de profondeur, avec tous droits afférents de haute, moyenne et basse justice.
    Fait à Versailles ce vingt-six de mai de l’an seize cent quatre-vingt-dix.
    Louis le quatorzième, Roi de France .
    Frontenac déposa le mémoire sur son bureau et releva sur son visiteur un regard froid.
    â€” Voici l’essentiel de ce qui concerne votre affaire. Je pense que vous attendiez cette nomination avec impatience, monsieur d’Iberville?
    Il avait posé la question en se fendant d’un sourire de circonstance.
    â€” En effet, monsieur le gouverneur général. Mes navires sont même déjà en rade et prêts à être chargés.
    Pierre d’Iberville affichait un air satisfait. Il s’attendait bien, en effet, à voir renouveler la commission accordée par le roi l’année précédente, sous Denonville, mais il n’avait jamais cru qu’on lui accorderait des pouvoirs aussi étendus. Il jubilait intérieurement et voyait déjà se réaliser son rêve d’arracher définitivement Fort Bourbon aux Anglais.
    Louis fouilla dans ses papiers et finit par en extraire un autre document officiel, estampillé du sceau du roi. Après en avoir rapidement vérifié le contenu, il le tendit à son vis-à-vis.
    â€” Et voici l’acte de concession qui vous fait seigneur de cet immense fief d’Acadie. Heureux homme, qui aurez le loisir de faire de ces terres un établissement modèle!
    Iberville remercia Frontenac avec chaleur. Il se souciait cependant de cette donation comme d’une guigne et nourrissait d’autres ambitions que de devenir propriétaire terrien. Il pensait déjà à octroyer ces terres à l’un de ses frères. La nomination de commandant en titre de tous les postes de la mer du Nord ainsi que de tous les vaisseaux y naviguant avait autrement plus d’intérêt à ses yeux.
    â€” Je verrai à ce que les formalités de sortie des bateaux que la Compagnie du Nord vous a alloués soient écourtées au maximum, précisa Louis, et j’aplanirai toute autre difficulté administrative afin que vous puissiez partir pour la baie d’Hudson dans le plus bref délai. Dans cette sorte d’entreprise, le temps est précieux et le moindre retard peut être fatal.
    â€” Veuillez croire, monsieur le gouverneur général, que je vous en suis reconnaissant et que nous ferons l’impossible, mes hommes et moi, pour enlever définitivement Fort Bourbon aux Anglais et le remettre à la France. J’en fais le serment solennel devant vous, aujourd’hui. Je n’aurai de cesse que je n’y parvienne, cette fois-ci ou la prochaine. Nous viendrons à bout de notre dessein ou en périrons!
    Le regard déterminé de l’homme, qui n’avait pas la réputation de parler vainement, impressionna fortement Louis.
    Fort Bourbon avait été arraché aux Français et rebaptisé Fort Nelson par Pierre Esprit Radisson, un traître honni et méprisé en Nouvelle-France. Le renégat vivait maintenant en Angleterre où il avait acquis la qualité de sujet britannique et épousé la fille du propriétaire de la Hudson Bay Company . Bon an mal an depuis lors, Radisson encaissait tranquillement ses dividendes d’actionnaire. Pendant qu’il engrangeait ses trente deniers, les Anglais exploitaient à fond le fort Nelson et réalisaient d’énormes profits sur le dos de la Compagnie du Nord qui, en

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