Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Frontenac_T1

Frontenac_T1

Titel: Frontenac_T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Micheline Bail
Vom Netzwerk:
la guerre comme de l’hérésie, une tactique tout juste bonne pour des « sauvages ». Quant aux officiers canadiens, ce ne sont pour eux que des roturiers ou des gens de bien fraîche noblesse.
    C’étaient des préjugés que Louis combattait âprement. Il soutenait sur toutes les tribunes que les meilleures recrues étaient les miliciens canadiens, de loin supérieurs aux soldats français, et il entendait bien pousser les officiers nés dans la colonie et les recommander au roi chaque fois qu’une promotion était en vue, de façon à former une force militaire canadienne typique et originale.
    â€” Et cet ingénieur de parade qu’on nous a envoyé pour palissader Québec et qui n’est qu’un triste incompétent! Vauban a préféré garder ses meilleurs éléments et expédier en Nouvelle-France un apprenti. Encore du rebut pour le pays! tonna-t-il en frappant à nouveau la table d’un poing indigné.
    Louis avait une propension à changer de sujet sans prévenir, ce qui laissait souvent Monseignat songeur, mais cet autre thème récurrent lui était familier. Le gouverneur n’avait jamais accepté ce qu’il se plaisait à appeler sur un ton tragique «le coup bas de Vauban ». Ce dernier avait en effet suggéré Claude de Villeneuve pour fortifier les villes du pays. Or, s’il dessinait et traçait correctement les plans, il était incapable de les réaliser.
    â€” De toute façon, le roi croit dur comme fer que la ville de Québec est imprenable, à cause de sa localisation. Et que sa protection ne nécessite que des fortifications légères pour parer à un coup de main. Une croyance que je partage de moins en moins...
    Louis poussa un long soupir en fronçant les sourcils. Il devait tout prévoir, même l’imprévisible, et s’arranger pour se débrouiller avec le seul secours des ressources locales. Avec la différence que, cette fois-ci, la rumeur d’un siège en règle par la flotte anglaise risquait de se concrétiser, surtout depuis les derniers coups infligés aux Anglais. Aussi avait-il commandé au major Provost, en l’absence de Villeneuve retourné en France pour quelque affaire pressante, de mener à terme les travaux de fortification.
    â€” Entrez, fit Louis d’une voix tonitruante.
    Il avait encore l’oreille assez fine pour percevoir le moindre grattement à sa porte.
    C’était justement le major de Québec, François Provost, escorté d’une jeune recrue. L’homme était attendu, mais il comprit rapidement au ton de voix que le gouverneur était dans un mauvais jour. Il avait à peine le pied dans la porte que Louis l’accablait de questions concernant les démarches entreprises pour protéger Québec.
    Heureusement pour lui, le major avait réponse à tout.
    â€” Des bûcherons ont abattu des arbres pour faire de solides palissades afin de renforcer celles qui existent déjà. Les fortifications fermeront complètement la haute-ville, advenant une attaque, tout en fournissant les retranchements nécessaires à l’installation de l’artillerie. J’ai moi-même veillé à ce que tous les corvéables participent aux travaux, monseigneur, et je puis vous dire que les habitants y sont venus sans rechigner, cette fois, convaincus qu’il y allait de leur vie. La ville sera entièrement clôturée de pieux et de petites redoutes de pierre, de proche en proche, dans moins de deux semaines.
    Provost vit que Frontenac paraissait satisfait, puisqu’il secouait la tête de façon répétée en signe d’assentiment.
    â€” Les bourgades en amont et en aval de Québec sont-elles protégées?
    â€” Toutes les précautions ont été prises pour assurer la sécurité de ces peuplements. Tous les forts ont été complétés ou consolidés, et j’y ai fait stationner des détachements de réguliers qui doivent accompagner les habitants quand ils vont aux champs, surtout dans les régions les plus isolées.
    â€” Fort bien, monsieur Provost. Quand la conjoncture sera favorable et que la ville sera en état de se défendre, je me mettrai en route pour Montréal. Je compte évidemment sur vous pour me remplacer pendant ce séjour. En attendant, veuillez terminer

Weitere Kostenlose Bücher