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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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doute d’une certaine qualité.
    — De la laine ? suggéra Ranulf. Il n’est pas totalement décomposé.
    Les paysans creusaient à présent avec plus de zèle. Les autres cessèrent leur besogne pour les regarder faire. Le trou fut élargi et, obéissant aux instructions de Corbett, ils tirèrent avec précaution le ballot qu’ils avaient découvert. Enfin, il fut dégagé. Le sommet du crâne et les pieds du cadavre qui saillaient hors du drap pourri parlaient d’eux-mêmes. Tout le monde recula. Corbett posa avec douceur le macabre paquet sur le sol et ôta le linceul improvisé. Le squelette qu’il contenait était blanc ; il n’avait pas encore viré au jaune de la corruption et les os en étaient durs et fermes.
    — Sa chape lui a servi de linceul, constata Corbett.
    Ranulf distingua clairement la cotte de mailles rouillée qui couvrait jadis la poitrine et le tabar, par-dessus, qui arborait une livrée. Le haut-de-chausses s’était désagrégé.
    — On a sans doute enlevé ses bottes, remarqua Corbett.
    Le haubert était coupé et déchiré d’un côté. Corbett le souleva pour exposer une côte brisée sur un flanc. Il chercha avec soin les traces d’autres blessures. Puis il se releva et contempla les pathétiques restes. La tête pendait de biais et la mâchoire était entrouverte.
    — Ce ne peut être le corps du roi Sigbert ! affirma frère Aelfric. Le squelette est trop bien conservé.
    Il examina les vestiges déchiquetés et souillés de la livrée.
    — Ce sont les armes des Harcourt. Qui est-ce ? questionna-t-il en lançant un coup d’oeil à Corbett.
    — Sir Reginald, répondit ce dernier.
    Il s’accroupit et tapota le linceul couvert de boue.
    — C’était sans doute sa chape ; on a dû ôter les bottes et, hormis la cotte de mailles et ce surcot, le reste est tombé en poussière. Je ne vois pas d’autres blessures sauf ces côtes cassées.
    Il remonta à nouveau la cotte de mailles.
    — Il est très vraisemblable qu’il a reçu un violent coup d’épée qui a pénétré entre les côtes et atteint le coeur. Il a dû trépasser tout de suite. La personne qui l’a tué s’est empressée d’enlever tous les insignes : le fermail de la chape, les bagues, et les bottes qui portaient peut-être des clous ou des boutons reconnaissables et auraient permis d’identifier le corps.
    — Alors pourquoi avoir laissé le surcot ? s’étonna Ranulf.
    — Parce qu’il était taché de sang et pris dans les mailles de la cotte. Comme je l’ai déjà dit, l’assassin a dû agir vite.
    Corbett se leva, jeta un coup d’oeil dans la tombe improvisée et s’assura, du bout de la houe, qu’elle ne contenait rien d’autre.
    — Mais les récits ? protesta le prieur. On a vu Sir Reginald quitter sa demeure. Lady Margaret et Sir Stephen ont passé des mois à le chercher !
    — Mensonges, répondit le magistrat, bien que je ne puisse dire avec certitude qui en est responsable. Voici ce qui s’est passé en réalité : un soir d’été, il y a bien des années, Sir Reginald s’est rendu à Bloody Meadow pour rencontrer son assassin. On l’a tué et on a enterré sur-le-champ son corps dans le tumulus. Son agresseur était rapide et habile. Il a dû enlever la terre en surface, creuser cette fosse de fortune, dépouiller le corps aussi vite que faire se pouvait et le glisser dans la tombe.
    — Qui était-ce ? s’enquit Cuthbert.
    — Il me reste à le découvrir. Mais, Messire le prieur, déclara Corbett en essuyant la boue de ses gantelets, les restes de Sir Reginald Harcourt méritent un enterrement décent.
    — Oui, oui.
    — J’ai d’autres besognes urgentes, expliqua le clerc. Faites porter la dépouille dans le dépositoire.
    — Et le tertre ?
    Le froid avait rendu blême le visage du prêtre, ses yeux larmoyants et son nez écarlate.
    — Vous m’avez été d’un grand secours. Mais à présent le tumulus a été violé. Vous et vos compagnons pourriez tout aussi bien achever la tâche et fouiller pour trouver le corps de Sigbert.
    Corbett s’éloigna à grands pas, suivi par ses serviteurs. Quand ils eurent passé le portail au cernel, il ordonna à Chanson d’harnacher les chevaux.
    — Vous attendiez-vous à cela ? interrogea Ranulf.
    — En effet, et j’expliquerai sous peu pourquoi.
    — Et le meurtrier ?
    Ranulf lança un regard scrutateur à son maître.
    — Sir Reginald a été occis par plusieurs personnes. Il en a fallu

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