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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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essayer de le découvrir ? s’enquit Chanson.
    — Pas pour le moment, il fait trop sombre pour poursuivre des spectres de chasseurs !
    Et, repassant par la poterne, le clerc regagna l’abbaye. Il demanda à ses serviteurs de retourner à l’hôtellerie.
    — Ne vous séparez pas, les prévint-il.
    Ranulf, d’un geste, fit s’éloigner le palefrenier. Tirant sur la manche de son maître, il l’entraîna vers le contrefort de l’un des bâtiments.
    — Et vous, Messire ?
    Corbett perçut la nervosité et la tension dont son compagnon était la proie.
    — Vous connaissez les instructions de Lady Maeve ! insista Ranulf. Je ne dois pas vous laisser seul. Nous sommes peut-être dans la maison de Dieu, Sir Hugh, mais, avec ses chambres vides, ses galeries et ses couloirs déserts, c’est aussi la demeure du meurtre. Un moine ressemble fort à un autre, insista-t-il, et ils sont bien capables d’enfoncer un poignard ou de tirer une flèche dans la nuit.
    — Et le roi ? interrogea Corbett, désireux de résoudre une question qui le tourmentait depuis qu’il avait quitté Norwich. Pourquoi sursautes-tu, Ranulf ? T’a-t-il donné des ordres secrets ?
    L’écuyer recula et s’adossa au mur.
    — Allons, allons, Ranulf-atte-Newgate, clerc principal à la chancellerie de la Cire verte, le taquina Corbett. Jusqu’où va ton ambition ? Pourquoi le roi t’a-t-il pris par le bras pour se promener avec toi dans la roseraie ?
    — M’espionniez-vous, Messire ?
    — C’était inutile, Ranulf. La plupart de ceux qui se trouvaient au palais de l’évêque de Norwich t’ont vu.
    — Seriez-vous jaloux ?
    Le magistrat partit d’un grand rire.
    — Je suis navré, s’excusa Ranulf.
    Corbett le prit par l’épaule.
    — Ranulf ! Ranulf ! Autrefois tu courais en haillons dans les ruelles de Whitefriars et de Southwark. Tu étais Ranulf le coquin, l’homme de main, le pendard, le larron. À présent tu es clerc ; tu portes des chemises de bon lin, des chausses de laine, d’épaisses capes chaudes sur les épaules et un large ceinturon de cuir autour de la taille. Tu es chaussé de bottes espagnoles aux éperons cliquetants. Une épée et un poignard pendent à ton flanc. Tu détiens le sceau du roi ; tu lui appartiens en temps de paix comme en temps de guerre. Que veux-tu de plus, Ranulf-atte-Newgate ? Tu as de l’argent mis de côté chez les orfèvres de Londres. Tu as engagé un chantre qui chante des messes pour le salut de ton âme. Combien de chevaux possèdes-tu dans les écuries de Leighton ? Trois ou quatre, y compris le barbe. Tu es habile en toutes les formes d’écriture ; tu sais dresser un contrat, sceller une charte, rédiger une proclamation. Et voilà que le souverain se promène bras dessus bras dessous en ta compagnie. Pourquoi Ranulf-atte-Newgate ? Te fait-il confiance ? Me fais-tu confiance, Ranulf ?
    — Jusqu’à la mort, Messire. Vous le savez bien. Vos ennemis sont mes ennemis.
    Corbett laissa retomber sa main. Il pensa au roi Édouard avec sa barbe et ses cheveux gris, ses yeux – le droit un peu tombant – cyniques et aux aguets, ses rapides changements d’humeur – soit affable, soit rude et froid. Édouard était un souverain qui ne perdait pas de temps en cérémonies. Il pouvait aussi jouer les soldats, revêtu de son armure noire, monté sur Bayard, son destrier, pendant les rebelles écossais par douzaines, regardant sans broncher les villages ravagés par le feu et l’épée.
    — Le diable peut prendre bien des aspects, Ranulf, et peut induire en tentation de maintes façons. Le roi t’a-t-il conduit au sommet d’une haute montagne pour te montrer la gloire qui pourrait être tienne ?
    — Je ne comprends pas, bégaya l’écuyer.
    — Mais si, mon ami. Le monarque est impatient. J’ai lu les comptes rendus. Sir Stephen Daubigny, feu abbé de cet endroit, était jadis l’un des bons compagnons d’Édouard, un chevalier qui a combattu à ses côtés pendant les sombres jours de Simon de Montfort. Le roi doit la vie à l’abbé Stephen. Souviens-toi de la devise royale : « Je m’engage par ma parole. » Bon, tu sais, Ranulf-atte-Newgate, et je sais aussi, et le roi soupçonne, que l’abbé a été tué par un moine, un prêtre, un membre du clergé. Si je le capture, et si Dieu le veut je le ferai, je ne peux ni le remettre au shérif ni le juger moi-même et le pendre au gibet le plus proche. Alors, que t’a dit le roi ? De

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